C’est une bonimenterie pleine de charme que vous nous proposez et qui me réjouit.
Dans une quinzaine de jours, je vais à nouveau retrouver mon caractère de cochon, lorsque les machines à vendanger viendront envahir les vignes et les tabasser jusqu’au dernier grain de raisin.
Les tribus de barbares n’ont pas disparu et le culte du dieu Euro les aveugle, a tel point que certains qui ont encaissé sans remords les primes à l’arrachage sont à nouveau tentés de faire « pisser la vigne » et ont le culot de demander l’autorisation de chaptaliser.
Môssieu Nabum est assez grand pour se défendre tout seul, mais je partage sa vision des choses.
Je n’aime pas les fêtes populistes avec barrières et tapis rouges.
Je n’aime pas l’élite des élus qui offrent un spectacle financé par les deniers de leurs contribuables en s’en attribuant le mérite, imbus de leurs privilèges et prêts à tout les mensonges dans le seul but de récolter les bulletins de vote des gogos.
Loin de moi l’idée de mettre vos compétences en doute, le vous sais patient, pédagogue, courageux et persuasif.
Je connais aussi votre aversion des formulaires en tous genres, déclaration de revenus comprise. Essayez de visualiser un escalier de 20 marches entièrement nivelé par des milliers de lettres qui n’avaient pas été ouvertes (je sens votre bonheur fondre comme neige au soleil). J’en suis venu à bout, non sans mal et après maintes nuits blanches.
Selon les jours, croiser Georges pouvait être un bonheur ou une malédiction. Sans doute me suis-je mal exprimé, mais je ne l’ai pas simplement croisé.
Comme il se plaisait à le dire, j’ai régenté sa vie, mis un téléphone mobile à sa disposition, fait toutes les démarches administratives pour qu’il bénéficie de l’AAH,et j’en passe...
Se sachant perdu, il voulait mettre fin à ses jours avec un Colt 45 et ce fut pas une mince affaire de l’en dissuader sans affrontement violent pour lui arracher l’arme. Tu peux mourir plus proprement, lui dis-je, et il me rétorqua : Toi qui sais tout faire proprement, tue-moi donc.
Le reste est confidentiel et j’ai la conscience tranquille.
Alors, maintenant que vous en savez davantage, êtes-vous toujours preneur de mon Georges ?
En bon samaritain, j’en ai aidé bien d’autres, secondé par mon épouse.
Allez savoir pourquoi, j’ai la certitude d’être suivi par des corbillards.
J’ai eu « mon Georges », dont le ne révèlerai pas grand chose. Pirate informatique, il n’avait pas son pareil pour plonger dans les tréfonds d’un disque dur pour en extraire des données confidentielles, façon paradoxale de se mettre à l’abri tout en s’exposant aux pires représailles.
Je lui dois toutes mes connaissances en la matière et il me suffit d’ouvrir une unité centrale pour penser à lui, à sa faculté de travailler complètement bourré et aux petites bavures que j’ai dû réparer.
Vous l’avez sans doute compris, Georges n’est plus de ce monde. Question parcours de vie, les qualificatifs me manquent pour raconter l’histoire d’un colosse au cœur en piteux état, dont la greffe a échoué.
Ancien commando, puis ingénieur, polygame par omission, videur dans les boites de nuit, chef cuisinier, interdit bancaire, présumé sans ressources, traqué par les huissiers, j’ai vécu l’enfer pour mettre un peu d’ordre dans sa fin de vie.