@Samyr
Je le répète, nous africains, sommes excellents dans la manipulation du verbe. La question n’est pas l’origine de la dette africaine mais le CFA. La dette n’a été mentionnée que pour indiquer qu’elle serait dramatiquement augmentée par le simple fait de la dépréciation qui suivrait immédiatement la sortie du CFA. Mais juste pour rester poli, je me permettrai de vous signaler que nous ne sommes pas dans un monde de bizounours. La dette a été contractée par des gouvernements souverains. Il appartient aux emprunteurs de faire ce qu’ils veulent avec l’emprunt. Comme des grands. Ce n’est pas l’affaire du créancier . A moins de considérer que l’emprunteur était légalement mineur et donc irresponsable au moment de l’emprunt...
Regardez le sort fait à la Grèce actuellement. Elle est carrément dépecée par la même UE qui s’est substituée aux banques en rachetant la dette grecque, alors que la logique aurait voulu que les banques soient les perdantes dans l’affaire. Elles ont gagné par le passé, beaucoup sur la dette grecque. . Vous croyez que c’est le peuple grec qui a profité de la dette ? Réveillez-vous.
Notre salut collectif en zone CFA, est dans la prise de conscience que nous devons faire au mieux avec ce que nous avons. Ce que nous avons, c’est un CFA fort qui nous permet d’acheter l’équipement et le savoir-faire qui nous permettront l’industrialisation, mère du développement. Investissons dans l’équipement et efforçons-nous de provoquer par un environnement sain des affaires, des délocalisations industrielles pour en retirer du savoir-faire. Alors, une monnaie autonome africaine en remplacement du CFA pourra être faible. Ce sera un avantage compétiftif car alors nous consommerons les produits locaux que nous aurons fabriqués, les produits importés devenant hors de portée. Détourner le débat en cours vers la dette ne changera rien à la pauvreté qu’engendrerait une monnaie autonome dans l’Etat actuel des économies de la zone CFA.
@Oceane Discuter avec l’autre a rarement pour objet d’amener l’autre à changer d’avis. Surtout si sa croyance est solidement ancrée. En revanche il est intéressant de voir les éléments qui sont communiqués en appuis à l’argumentaire. Ensuite chacun en fait ce qu’il veut. Le CFA sera détaché de l’Euro qu’on le veuille ou non ; probablement dans les cinq ans qui viennent au plus tard. Si dans l’intervalle les pays concernés n’ont pas installé de capacité de production interne pour produire sur place les produits de première nécessité, la pauvreté actuelle apparaîtra comme un luxe dont on n’était pas conscient et qu’on regrettera pendant longtemps. Le compte d’opération est un compte à vue. Point. Je vous ai déjà indiqué l’avantage du Trésor français dans l’opération : disposer d’un volume de « mouvements créditeurs » tout comme une banque demande à son client de lui confier du mouvement en échange de concours éventuels. Les fonds déposés au compte d’opération n’appartiennent pas au Trésor français qui autorise même des découverts sur ce compte aux États concernés. Je ne vois pas ce qui est difficile à comprendre ici, à moins que vous contestiez ce fait. L’avantage du maintien de la parité fixe avec l’Euro pour la France en tant qu’État, c’est que les investissements réalisés dans ces pays conservent leur valeur et que les revenus de leurs entreprises et travailleurs en CFA rapatriés en France conservent aussi leur valeur. C’est essentiellement cet avantage que la France protège avec la parité. En quoi est-ce un désavantage pour les États africains concernés dont les investissements sont aussi conservés en valeur ? Je n’ai pas encore rencontré de chef d’entreprise africain de la zone CFA qui postule pour la sortie du CFA. C’est toujours des fonctionnaires internationaux ou des professeurs, c’est à dire des personnes qui vivent des impôts générés par d’autres. Gérer sa monnaie n’est pas équivalent de gérer son économie. La FED américaine et la Banque centrale européenne sont des entités indépendantes des gouvernements dont elles n’accompagnent pas nécessairement les programmes. Mon grand regret c’est qu’en Afrique nous n’ayons pas opté pour la science et les mathématiques à l’indépendance (qui enseignent la rigueur) et que nous ayons plutôt opté pour l’enseignement littéraire qui nous a rendus spécialistes de la manipulation du verbe pour briller en société. Avec le refus de regarder la vérité en face et la perpétuelle attribution de nos faiblesses aux autres, nous continuerons à faire du sur place. Mais comme le monde avance, notre recul ne sera que plus tragique. Pour en revenir à l’autonomie monétaire, oui elle est nécessaire ; mais elle ne sert strictement à rien s’il n’y a pas de capacité industrielle installée. C’est ça la priorité, et non le CFA. Un pays qui n’est que consommateur de produits fabriqués ailleurs est tout sauf souverain, quelle que soit sa monnaie.
@Oceane Ces africains n’éprouvent pas le besoin de confier leurs devises à un autre État. Ils ne font que les déposer sur un compte comme ils déposent leurs autres devises sur d’autres comptes. Déposer dans un compte au lieu de mettre sous le matelas à la maison. Comme vous-même déposez vos avoirs sur votre compte à la banque. Dans le cas des États concernés, la France leur demande un volume donné de dépôts, en contrepartie de la garantie de la valeur en euro des devises déposées. C’est tout. C’est du business profitable aux deux parties. La souveraineté nationale ne se se joue pas à ce niveau mais à celui des capacités internes des États, dérivée de leurs ressources propres (fiscales), lesquelles sont liées à la diversité de l’activité économique interne. Pourquoi croyez-vous que les pays africains à monnaie autonome ne sont pas les plus avancés des pays africains si la monnaie était l’essentiel ? Mais ne vous inquiétez pas trop, le CFA sera bientôt détaché de l’euro, qu’on le veuille ou non. Si cela se fait sans que nous ayons profité du pouvoir d’achat de notre CFA actuel pour installer une capacité de production interne, nous travaillerons pour rembourser une dette qui aura été multipliée par le simple jeu de la dépréciation monétaire et aurons toutes les difficultés du monde à nous industrialiser. Il faut être conscient des priorités. Évidemment il est plus facile et plus « politiquement rentable » auprès des « intellectuels » africains de la diaspora, de se plaindre de l’ancien colonisateur, que de mettre en place l’environnement économique et juridique sain qui invite aux investissements productifs qui, seuls, conduisent à la vraie souveraineté nationale, celle où l’on n’est plus endetté auprès du FMI ou de la BIRD ; celle où les budgets nationaux n’ont plus besoin de dons pour se boucler ; celle où une autonomie monétaire peut servir comme instrument de promotion de la production industrielle.
@microf Toujours la même chose avec certains : on aura beau leur montrer la lune ils ne verront que le doigt. Restez avec vos platitudes, cher Monsieur et bonsoir.
@Odin La souveraineté nationale est principalement liée à la capacité de produire en interne les produits de base qui assurent la survie : alimentation, santé, infrastructures, énergie. Tout cela passe par l’industrie qui, par ailleurs, crée une chaîne de valeur qui va du secteur primaire de l’agriculture au secteur tertiaire des services, permettant de créer en interne le maximum de valeur ajoutée du fait de la diversité des emplois. La monnaie est essentielle parce qu’elle permet que le pays puisse l’utiliser comme moyen stratégique pour orienter sa production et son mode de consommation (on peut rendre ses produits moins chers à produire par une dévaluation ; on peut obliger à consommer interne par une monnaie inconvertible à l’extérieur...). Mais pour que la monnaie puisse participer à consolider la souveraineté, il faut qu’elle repose sur une capacité interne de production industrielle. Si le pays ne fait que vendre de la matière première brute en important ses aliments, ses médicaments et les gens qui doivent assurer la maintenance de ses installations, l’autonomie de la monnaie ne lui assure aucune souveraineté parce qu’elle ne peut jouer aucun rôle stratégique. Cette monnaie ne vaudra rien quand la matière première sera épuisée ou quand son prix aura chuté (comme ce fut le cas du pétrole récemment). La priorité ce sont les capacités interne de produire en qualité pour les marchés national et international. Sinon, se focaliser d’abord sur la monnaie, c’est mettre la charrue avant les bœufs. Ça ne donne rien de bon comme l’ont expérimenté les pays qui ont quitté la zone CFA à laquelle ils appartenaient. Et vous voyez bien que pour ceux qui ont une monnaie faible (Nigeria, Ghana), faute d’avoir des capacités de recherche pour développer leurs propres machines, ils sont obligés d’importer des biens d’équipements qui leur coûtent plus chers que pour leurs homologues de la zone CFA. S’industrialiser devient plus difficile pour eux que pour les tenants de la zone CFA. Le contrôle de la création monétaire à laquelle fait référence Rothschild, c’est une autre problématique.