Bonjour Mr le papa en colère. Sans trop me tromper, je pense
que les enfants dont vous parlez sont effectivement les vôtres. Et comme tous
les enfants d’aujourd’hui ils baignent dans une société où la fumette a droit
de cité. Dans les zones urbaines, rurales, partout, et à n’importe quel moment,
nos enfants peuvent être confrontés à ça. Quelle que soit l’éducation que nous
avons essayé de leur donner avec tout l’amour du monde. Et là, au moment de
cette confrontation, qui se passe généralement au moment de l’adolescence avec
tous les remous que l’enfant traverse, quelle doit être notre attitude de
parents ? Parents conscients, vigilants, et amoureux de leurs enfants. A
mon sens l’interdiction à tout-va ne sert à rien, si ce n’est leur ouvrir la
porte vers une explosion dès leur « majorité » et vite
« rattraper le temps perdu », et là plus rien n’est possible,
plus aucune tentative d’approche ne peut se faire, tellement ils ont été
contenus pendant longtemps. La permissivité à tout-va non plus n’est pas la
solution, bien-sûr. « Allez mon chéri, fume ton joint et pars te
coucher » ! Que reste-il ? La vigilance en premier lieu,
surveiller son gamin, ses comportements avec attention et pas à la va-vite.
Leur montrer qu’on a compris, qu’on sait, parce que peut-être les parents ne
sont pas non plus des modèles de perfection, et que les conneries ils les ont
faites avant, et chercher à savoir comment ça s’est pas passé, pourquoi, et au
travers essayer de déceler chez son enfant ce qui a pu l’amener là. Ne pas
faire l’autruche non plus en disant « mes enfants, jamais ils ne
toucheront à ça, on leur a appris que…et patati patata ». C’est donc
l’écoute et le dialogue qui sont nos seuls outils pour essayer de leur poser
des limites. J’oublie la troisième, l’amour et l’honnêteté de discours que l’on
peut tenir. Mon fils a 13 ans, et je commence à faire attention à tout ça, et
réfléchir de façon à ne pas être prise au dépourvu. Ce n’est pas le nez sur le
mur qu’il faut déclencher le plan orsec, c’est bien avant, bien en aval. Il
faut bien sûr poser une nuance d’interdit dans le discours ne serait-ce que
pour une seule et unique raison liée à notre comportement d’humain, la
transgression de l’interdit. C’est passionnant ça l’idée de transgresser les
interdits posés par les adultes… ! Sans cette sensation là, le jeune va
aller inévitablement transgresser au-delà, et là c’est une autre histoire. Si
l’herbe ou le shit restent encore des routes récupérables, crack, coca, héroïne, terminé, le premier rail, la première piqure, c’en est fini de nos
enfants. Donc il vaut mieux leur laisser transgresser nos interdits en matière
de fumette. Et toute la difficulté est là : comment poser un cadre et ces
interdits de façon judicieuse et intelligente, là je crois qu’il n’y a pas de
réponse toute faite, et que chaque parent connaît mieux son enfant que
quiconque d’autre, et il n’y pas de solution « prêt-à-porter ». Et
puis se dire aussi, une chose répétée dans les commentaires que je viens de
lire, que bien évidemment, si aucune addiction n’est salutaire, aucune drogue,
quelle qu’elle soit, (et encore moins les drogues médicamenteuses puisque nous
sommes le premier pays consommateur de neuroleptiques en tous genres, et
personnellement je préfèrerais que mon gamin fume un joint de temps en temps
que se shooter au lexomil), mais sincèrement, un joint de temps en temps est
bien moins dangereux que l’alcool. Mais ça on ne le dit pas vraiment, ou alors
du bout des lèvres. Autant il va paraître normal de laisser boire un
« fond de verre de vin ou autre alcool » à son enfant un soir de
fête, parfois même très jeune, autant on va lever les bras au ciel quand son
enfant vers 16 ans fume son premier joint…….culture française d’une hypocrisie
manifeste en bon franchouillard. Et pour rebondir sur l’article que vous citez
sur l’après-Taubira, l’alcool n’est-il pas légalisé ? Et pourtant, pour
des parents vigilants il est tout à fait possible de poser un cadre et des
interdits judicieux, alors pourquoi pas pour la fumée ?