" (...)La « valentonine » pose au journaliste scientifique un problème encore
plus ardu. Nous avons vu qu’elle avait été « révélée » de manière
quasi-divine au Pr Fourtillan. Il est le seul à assurer qu’elle est
synthétisée par la glande pinéale, alors qu’il n’existe aucune preuve
scientifique qu’il en aille ainsi. Le Pr Fourtillan est seul encore à
assurer qu’il s’agit de la véritable « hormone du sommeil », une
affirmation gratuite ne reposant sur aucune étude, et reléguant au
passage la mélatonine à un rôle mineur, alors que des milliers de
travaux ont été conduits sur cette hormone.
(...)«
»
Efficacité, sécurité : que peuvent attendre les malades ?
Nous avons là deux molécules. Pour la première, 6-MH, il existe
quelques travaux préliminaires anciens laissant entrevoir une action sur
l’aldostérone et la motricité, mais aucune étude de pharmacologie,
aucun essai clinique, et surtout rien ne permettant d’espérer un
bénéfice dans les maladies ciblées par les patches ; autant dire un
dossier scientifique quasiment vide. La seconde, la valentonine, serait
une molécule « révélée » au Pr Fourtillan, mais qui n’a pas été
identifiée dans la glande pinéale, pas plus qu’elle n’a été testée. Une
molécule dont on ignore tout, pourtant présentée dans certains médias
comme la « véritable hormone du sommeil ». Ces données parcellaires ou
inexistantes sur deux molécules ont été jugées suffisantes par le Fonds
Josefa pour les inclure dans un patch transdermique et les administrer à
des patients.
En l’état des connaissances, il paraît peu probable que ces patches
aient ou aient eu des effets cliniquement bénéfiques sur les malades.
Doivent-ils cependant s’inquiéter du risque d’effets indésirables ? Les
effets secondaires de la mélatonine étant souvent transitoires et peu
sérieux, on peut espérer que ces molécules, qui lui sont apparentées,
n’ont pas d’effets secondaires notables, mais il est impossible de
l’affirmer. Expérimentalement, le 6-MH stimule l’aldostérone, et on ne
peut pas totalement exclure des risques pour les personnes souffrant
d’hypertension et/ou d’insuffisance cardiaque."
"Sa
« découverte » a été « voulue par Dieu », écrit-il sur son site
Internet. Mais pour la mettre en œuvre, il semblerait que le Fonds
Josefa, présidé par Jean-Bernard Fourtillan, ait eu besoin de quelques
monnaies sonnantes et trébuchantes… Démantelés ce jeudi par les autorités sanitaires,
les essais cliniques menés sur des patients Alzheimer et Parkinson,
n’étaient pas seulement illégaux et dangereux pour la santé : ils
étaient, selon nos informations, également payants.
La
Miviludes, organisme de lutte contre les dérives sectaires, a en effet
reçu en février, un signalement en ce sens. Un proche d’une personne
touchée par Parkinson lui écrivait et s’interrogeait sur des « patchs »
proposés par le Fonds à des patients contre la somme de 1 500 €.
Ces
patchs de Valentonine, un dérivé de la mélatonine, auraient été
clandestinement testés, d’après l’ANSM (Agence nationale de sécurité du
médicament et des produits de santé), sur au moins 350 personnes par le
Fonds Josefa lors de séjours en partie organisé dans l’abbaye
Sainte-Croix, située près de Poitiers (Vienne). Le gendarme du
médicament, outre l’interdiction immédiate de ces essais, a saisi la
justice.
Plusieurs alertes
La
Miviludes avait, elle aussi, reçu plusieurs alertes qu’elle a
transmises aux autorités compétentes. La première en novembre 2018. Elle
portait sur une levée de fonds organisée pour « financer un médicament
en cours de développement » par le Fonds Josefa, une structure dont le
président est le Pr Fourtillan et le vice-président, Henri Joyeux, un médecin connu pour ses positions controversées sur les vaccins.
«
Ce qui nous a interpellés, c’est le mélange étrange entre l’approche
religieuse et scientifique de la santé », note Anne Josso, la secrétaire
générale de la Miviludes. La deuxième a eu lieu quinze jours plus tard,
émise par un médecin qui s’inquiétait de ce traitement soi-disant «
innovant » dont il n’avait jamais entendu parler.(...)"