Ha ha ha, la râleuse, pardon de ricaner très cyniquement, puis-je vous faire remarquer que c’est pire ailleurs ? Je tiens ce genre de remarque pour la plus exaspérante qui soit, mais elle est tellement vissée dans le neurone du peuple que je m’y conforme, pour la forme. Préféreriez-vous le hold-up de la troïka sur la plèbe chypriote, avant de vous transporter en Corée du Nord que vous n’auriez jamais dû quitter ? A part ça, je crois que je partage un peu votre analyse, s’il fallait le préciser. Et ma détestation de la vérité populacière reste vive, avant que je ne me couche comme tout le monde.
En tout cas, il y a un certain nombre de fumeurs, de faible proportion je suppose, à qui il ne faut rien demander, sur aucun ton, en aucune manière. Aborder la question de la santé publique, avec respect, précautions de sioux, ou formellement cyniquement brutalement, rien n’y fera jamais. Tout indique qu’ils n’entendent aucun langage, aucune précaution du discours, se sentent agressés avant le premier mot, au premier regard que l’on aurait pu porter dans leur direction. Cette manière de répliquer "je me fous éperdument de votre santé, la mienne ne vous regarde pas donne de leur rapport au monde une vision étrange. La manière dont l’auteur m’a injurié me donne à espérer parvenir à l’éviter à tout jamais : une arme à la main face à moi, je ne donnerais pas cher de ma vie.
Ce n’est probablement pas leur qualité de fumeur qui pose problème (bien que, passé une certaine dépendance à telle ou telle pratique, le manque suscite une violence en rapport direct avec ladite pratique), mais ce degré d’individualisme bien répandu et un franc manque de compréhension à l’égard du monde qui les entoure, un déni de réalité pourquoi pas. Si par dessus cela l’intelligence se fait mince, pas une réalité ne saurait les atteindre, que ce soit concernant leur propre santé, celle des autres qu’ils fréquentent encore moins, et tout ce qui relève de l’intérêt général de la société leur semble exécrable.
Personnellement, je conçois parfaitement que l’on fume. Je ne supporte cependant que difficilement la gène que cela constitue pour moi, et je ne conçois pas qu’en lieu confiné un fumeur inflige ce désagrément à son entourage. Il y a tant d’activités qui pour les uns semblent indispensables que d’autres estiment inutiles, dangereuses, coûteuses pour la société, coupables, que si chacun, devenant intégriste, interdisait à autrui ce qui lui déplaît, la vie en société deviendrait intolérable. A bien des égards en fait, c’est précisément ce qui se passe.
Aussi, bien que la fumée soit un formidable problème de santé publique et financier, tout-à-fait documenté, il semble indispensable, d’une manière générale, de ne pas diaboliser et insulter des personnes dont on ne partage pas une pratique donnée. Mangeur de viande, automobiliste, sportif du dimanche, voyageur low cost, consommateurs obsédés... Ceci dans un contexte d’écoute et de tolérance mutuelle, de respect et de réflexion indispensable de la part de tous. Comment évoluer sans quoi ?
Et de respect en particulier des consensus et règles de société, étant entendu que le moeurs et les certitudes qui régissent les individus en société évoluent. Ceci suscite évidemment de grands problèmes liés aux références et valeurs en cours. On s’en rend bien compte avec le débat sur le mariage par exemple ou les religions. Des convictions intimes se heurtent, et l’on voudrait que cela ne dégénère pas en guerre. A voir...Tout ce que j’espère des fumeurs, c’est qu’ils parviennent à renoncer ; c’est un espoir personnel, que bien des raisons objectives justifient. Mais dans la mesure où ceci résulte de leur propre décision, je me contente, fermement, de les prier de ne pas me rendre irrespirable l’air souvent pollué déjà que nous respirons en commun.