Je souhaiterais
apporter ici mon expérience personnelle de l’ingurgitation de connaissances par
la lecture et par la vidéo, et je laisse chacun comparer avec sa propre
expérience. Il m’est arrivé plusieurs fois, alors que je lisais un livre, de
laisser ma réflexion ou mon imagination prendre le dessus sur l’action de
lecture sans toutefois interrompre cette dernière : comprenez là que je
continuai d’identifier un à un les mots que je parcourais des yeux, mais mon
esprit était focalisé sur la conceptualisation des phrases précédentes et je ne
n’assemblais donc plus les mots pour construire des phrases et encore moins des
concepts. Voyant que cela peut m’arriver en lisant des choses qui m’intéressent
et que j’ai choisies, je n’ose imaginer ce qui peut arriver dans la tête d’un
élève pour qui la matière est barbante et/ou complexe.
En revanche, le
support vidéo force, de par son format même, à prendre le temps de la réflexion
pour mieux aider à la compréhension de la suite et ainsi donner de la
respiration à l’esprit. Certes, vous pouvez argumentez sur le fait qu’on peut
décider de soi-même d’interrompre sa lecture pour avoir le temps de digérer
l’information, mais premièrement cela n’apparaît pas forcément comme une option
dans l’esprit de l’élève (pour des tas de raisons que je vous laisse imaginer)
et ensuite cela ne règle pas le problème du survole des données. C’est comme
pour une voiture : on consomme moins de carburant en maintenant une vitesse constante
qu’en enchaînant les accélérations et les freinages. Avez-vous déjà fait
l’expérience de lire plusieurs fois la même phrase et de ne pas en comprendre
le sens jusqu’à ce que vous réalisiez que vous aviez échangé inconsciemment
l’un des mots par un autre en raison d’une quelconque association d’idée ou de
contexte ? La plasticité du cerveau est fantastique dans le domaine de la lecture
(Vuos n’aevz pas bseion de lrie ttuoes les ltteers d’un mot puor le coenrrpmde),
mais elle peut facilement induire en erreur. La vidéo peut éviter cela d’abord
en forçant un rythme de lecture plus lent, et ensuite grâce à une confirmation
de l’information au travers d’une éventuelle voix. Cette voix peut d’ailleurs permettre
de faire appel à la mémoire visuelle et à la mémoire auditive simultanément
pour un meilleur résultat d’apprentissage.
Et concernant le
phénomène d’abrutissement de la population, vu que cela semble accaparer
l’esprit de certains, la forme ou le format de l’information n’est que l’un des
multiples facteurs qui définissent le rapport de l’individu avec le savoir, et
selon mon point de vue il est loin d’être le plus important. Avant lui, en
grandeur d’impact j’estime qu’il y a l’exemple que donnent les parents,
l’environnement de vie (à l’école ET à la maison) et le milieu culturel
(cinéma, télévision, mais aussi les comportements des autres élèves). Pour
faire une comparaison plus parlante, un stylo peut servir à écrire des poèmes
ou à crever l’œil de quelqu’un, tout dépend de la personnalité de l’utilisateur
et de ses objectifs. Donc plutôt que de s’attaquer aux outils, il faut
concentrer ses efforts sur ceux qui les utilisent, ce qui n’implique pas seulement
les enseignants mais chacun d’entre nous.
PS : tant pis pour les allergiques aux pavés mais j’ai appris que, surtout dans le domaine de la réinformation, un argumentaire se doit d’être long et construit pour être entendu par quelques oreilles attentives, sinon ce n’est qu’un discourt vide auquel seules les personnes déjà convaincues peuvent donner raison.