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Commentaire de Bushido

sur Pourquoi la vidéo dans l'enseignement ?


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Bushido Bushido 15 décembre 2014 20:53

Je souhaiterais apporter ici mon expérience personnelle de l’ingurgitation de connaissances par la lecture et par la vidéo, et je laisse chacun comparer avec sa propre expérience. Il m’est arrivé plusieurs fois, alors que je lisais un livre, de laisser ma réflexion ou mon imagination prendre le dessus sur l’action de lecture sans toutefois interrompre cette dernière : comprenez là que je continuai d’identifier un à un les mots que je parcourais des yeux, mais mon esprit était focalisé sur la conceptualisation des phrases précédentes et je ne n’assemblais donc plus les mots pour construire des phrases et encore moins des concepts. Voyant que cela peut m’arriver en lisant des choses qui m’intéressent et que j’ai choisies, je n’ose imaginer ce qui peut arriver dans la tête d’un élève pour qui la matière est barbante et/ou complexe.

En revanche, le support vidéo force, de par son format même, à prendre le temps de la réflexion pour mieux aider à la compréhension de la suite et ainsi donner de la respiration à l’esprit. Certes, vous pouvez argumentez sur le fait qu’on peut décider de soi-même d’interrompre sa lecture pour avoir le temps de digérer l’information, mais premièrement cela n’apparaît pas forcément comme une option dans l’esprit de l’élève (pour des tas de raisons que je vous laisse imaginer) et ensuite cela ne règle pas le problème du survole des données. C’est comme pour une voiture : on consomme moins de carburant en maintenant une vitesse constante qu’en enchaînant les accélérations et les freinages. Avez-vous déjà fait l’expérience de lire plusieurs fois la même phrase et de ne pas en comprendre le sens jusqu’à ce que vous réalisiez que vous aviez échangé inconsciemment l’un des mots par un autre en raison d’une quelconque association d’idée ou de contexte ? La plasticité du cerveau est fantastique dans le domaine de la lecture (Vuos n’aevz pas bseion de lrie ttuoes les ltteers d’un mot puor le coenrrpmde), mais elle peut facilement induire en erreur. La vidéo peut éviter cela d’abord en forçant un rythme de lecture plus lent, et ensuite grâce à une confirmation de l’information au travers d’une éventuelle voix. Cette voix peut d’ailleurs permettre de faire appel à la mémoire visuelle et à la mémoire auditive simultanément pour un meilleur résultat d’apprentissage.

Et concernant le phénomène d’abrutissement de la population, vu que cela semble accaparer l’esprit de certains, la forme ou le format de l’information n’est que l’un des multiples facteurs qui définissent le rapport de l’individu avec le savoir, et selon mon point de vue il est loin d’être le plus important. Avant lui, en grandeur d’impact j’estime qu’il y a l’exemple que donnent les parents, l’environnement de vie (à l’école ET à la maison) et le milieu culturel (cinéma, télévision, mais aussi les comportements des autres élèves). Pour faire une comparaison plus parlante, un stylo peut servir à écrire des poèmes ou à crever l’œil de quelqu’un, tout dépend de la personnalité de l’utilisateur et de ses objectifs. Donc plutôt que de s’attaquer aux outils, il faut concentrer ses efforts sur ceux qui les utilisent, ce qui n’implique pas seulement les enseignants mais chacun d’entre nous.

PS : tant pis pour les allergiques aux pavés mais j’ai appris que, surtout dans le domaine de la réinformation, un argumentaire se doit d’être long et construit pour être entendu par quelques oreilles attentives, sinon ce n’est qu’un discourt vide auquel seules les personnes déjà convaincues peuvent donner raison.


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