Epicure, si vous écrivez des choses qui ne sont pas fausses, vous présentez un tableau si noir que c’en est exagéré. La plupart des gens qui vivent en Corse n’ont pas la trouille. A partir du moment où ils n’ont jamais trempé dans la violence clandestine, ils ne risquent pas grand-chose. Ayant habité moi-même pendant deux ans en région parisienne et bien davantage sur Lyon, je peux vous assurer que j’ai moins la trouille en Corse que lors de mes expérience continentales. Si vous aviez continué à recenser le nombre de morts par assassinat, peut-être le nombre de morts baisse-t-il depuis l’année 2002 ? Idem avec le nombre de tués sur les routes avec un nombre accru de gendarmes sur nos routes depuis quelques années. Le port de la ceinture est davantage répandu qu’il y a une quinzaine d’années. La catastrophe de Furiani correspond à une période où le football français donnait des dérogations pour installer des tribunes provisoires supplémentaires (et les recettes qui vont avec), il n’y a pas qu’en Corse que ça se faisait, malheureusement c’est chez nous qu’une tribune s’est effondrée. A l’état que vous présentez de la Corse on pourrait rajouter que la petite délinquance est très faible sur notre île, que le nombre de morts par overdose est quasi-inexistant. Enfin si le racket était si généralisé, pensez-vous qu’il y aurait autant de continentaux et d’étrangers vivant sur notre île ? Je ne pense pas. Quoique vous en disiez, il y a une qualité de vie en Corse, une vie paisible et tranquille pour tous ceux qui n’ont rien a se reprocher.
Cher Epicure, Vous dites que Mme Contard a changé de version et qu’elle
n’est pas crédible. En tout cas elle était crédible quand elle a disculpé
certaines personnes qui avaient été arrêtées par la Police en disant que ce
n’était pas eux. Chevènement déclarait que les suspects avaient été arrêtés,
qu’il ne restait plus qu’ à trouver les commanditaires. Heureusement qu’elle
était là pour disculper ces parfaits innocents. Dès le début de l’enquête. Et
lorsqu’on lui a montré Yvan Colonna, elle a également indiqué que ce n’était pas
lui. Mais alors ils ont cessé de l’écouter. Un autre témoin oculaire (ami du
Préfet) disculpe également Colonna et ne l’a jamais reconnu. Suite à la
déposition de Maranelli qui accuse Colonna, les policiers ont fait des
photocopies du ce 1er procès-verbal pour le présenter à Alessandri. Mot pour mot
il est écrit la même chose, vous appelez ça une déposition ? Parmi les versions
des épouses, en effet Yvan Colonna est à deux endroits différents au même
moment, peut-être a-t-il un frère jumeau ? Ensuite vous ne parlez évidemment
pas de tous les autres qui ne l’ont jamais accusé. Et parmi toutes ces personnes
arrêtées, figurent notamment Marcel Istria et Joseph Versini. Les deux ont
toujours nié leur participation à l’assassinat. Concernant Istria, sans preuve
il a été condamné à 20 ans de prison. A quoi correspond cette peine ? Istria
préfère ne pas faire appel car il ne croit pas en cette justice et pense prendre
plus s’il fait appel, c’est à dire perpétuité comme les autres. Soit il a
participé à l’assassinat et il doit prendre perpétuité, soit il n’y a pas
participé alors 20 ans pourquoi ? dans le doute ? Concernant Istria, il est
avéré qu’il a été frappé par un policier et il n’a jamais incriminé Yvan
Colonna. Pour Versini, il est avéré qu’il n’a pas participé à l’assassinat, il a
pris 15 ans quand même pour avoir été au courant de l’assassinat sans l’avoir
dénoncé. Il a fait finalement 9 ans et quelques mois et a comparu au procès
Colonna, libre mais avec un bracelet électronique. Je ne vous parle même pas
d’Andriuzzi et Castela présentés comme les théoriciens du meurtre et qui avaient
pris 30 ans de prison avant d’être acquitté en appel à cause du vide sidéral de
l’accusation et du dossier. Or il convient tout de même de faire une petite
différence entre ceux qui ont participé à l’assassinat et ceux qui n’y ont pas
participé quelles qu’en soient les raisons, manque de cran ou volonté de ne pas
avoir du sang sur les mains, peu importe. C’est l’esprit de vérité qui
compte. Et il existe des écoutes téléphoniques où apparait Yvan Colonna. Ce
n’était pas lui qui était sur écoute mais Alessandri. Et ces écoutes n’ont pas
donné la preuve de sa culpabilité, pire elles l’innocenteraient presque puisque
lors de ces écoutes qui vont jusque bien après l’assassinat, Colonna affirme à
son ami au téléphone (sans savoir qu’il est sur écoute) ne pas comprendre ce
qu’on lui reproche, que c’est un coup monté, etc...Ces écoutes n’avaient
d’ailleurs pas été portées au dossier, on comprend mieux pourquoi. Que vous
n’aimez pas les nationalistes corses, soit. Etant personnellement contre
l’Indépendance de la Corse, je ne les porte pas non plus spécialement dans mon
coeur. Mais ne les mettons pas tous dans le même sac car il y en a toujours eu
certains et c’est toujours le cas qui refusent la violence. Qu’il y ait en Corse
une partie de la population qui soit pour l’indépendance ne devrait choquer
personne. Dans toutes les île au monde relativement peuplées et non
indépendantes, il existe un désir d’indépendance d’une partie d’insulaires
: C’est LOGIQUE ! Il n’y a pour moi aucune raison de diaboliser les
indépendantistes sauf ceux qui choisissent des actions violentes et vont jusqu’à
l’assassinat. Aucun combat, aucune lutte ne peut justifier à mes yeux
l’assassinat d’un homme. Mais arrêtons les injustices avec cette justice
d’exception, spéciale pour les nationalistes corses. Plus il y aura d’injustice,
plus les décisions seront disproportionnées eu égard aux faits, plus la jeunesse
corse se radicalisera et ce n’est bon ni pour la Corse, ni pour la
France.
Paris, le 6 avril 2009 La Fédération internationale des ligues des droits de l´Homme (FIDH) a
mandaté trois observateurs pour suivre l´audience du procès en appel d´ Yvan Colonna : Alya Chammari, avocate tunisienne, Roland
Kessous, magistrat honoraire français et Eric Gillet, avocat belge. Ce procès s´est déroulé en
application des lois de fond et de forme en vigueur en matière de terrorisme. Depuis 1999, la
FIDH dénonce cette législation qui autorise des poursuites pour participation à une association de
malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme. Cette loi permet d´incriminer des
intentions et non des actes. La garde-à-vue peut atteindre 96 heures, l´avocat n´intervenant qu´à la
72ème heure. L´expérience démontre que les juges d´instruction spécialisés instruisent plus à
charge qu´à décharge. Aucun des membres de la Cour d´assises spécialement composée par des
magistrats choisis par le 1er Président de la Cour d´appel ne peut être récusé. La Cour d´assises
statue à la majorité simple par un arrêt non motivé en se fondant exclusivement sur l´intime
conviction.
Les poursuites diligentées contre Yvan Colonna ont illustré les dérives que permet cette
législation. Plusieurs services de police sont intervenus, gendarmerie, police judiciaire, DNAT,
sans grande coordination entre eux, euphémisme pour ne pas dire qu´ils étaient en compétition.
Un Préfet a même diligenté une enquête personnelle en dehors de tout cadre légal. La mise en
cause d´Yvan Colonna par les membres du commando qui ont participé à l´assassinat du Préfet,
a été obtenue au cours de garde-à-vues dans des conditions contestées par la défense et a fait
l´objet de rétractations ultérieures. Au cours de l´instruction menée par les trois magistrats
instructeurs spécialisés, les nombreuses demandes d´actes présentées par la défense ont été
rejetées. Aucune reconstitution des faits n´a été effectuée sur le lieu du crime. En outre, le choix
procédural des juges d´instruction d´ouvrir deux dossiers distincts relatifs à l´assassinat du Préfet
Érignac, en mettant en examen Yvan Colonna uniquement dans l´un d´entre eux, ne pouvait que
porter gravement atteinte aux droits de la défense.
Le procès équitable est caractérisé par le respect des formes de procédure qui permettent de
fonder la légitimité de la décision finale. Ces formes doivent également permettre d´éviter que
l´accusé puisse avoir l´impression d´une justice arbitraire et peu transparente. Tels sont les termes
utilisés par la Cour européenne des droits de l´Homme. Or, à l´audience d´appel, plusieurs
incidents ont permis de mettre en doute le caractère équitable du procès. Le Président n´a pas
communiqué aux parties une lettre importante d´un témoin indiquant que des membres du
commando ayant participé à l´attaque de la gendarmerie de Pietrosella et à l´assassinat du Préfet
Érignac n´avaient jamais été entendus, ainsi qu´un certificat médical d´un policier ayant eu un rôle
déterminant dans la mise en cause d´Yvan Colonna. Dans la conduite de l´audience, le Président
ne s´est pas appesanti sur les témoignages favorables à l´accusé. La Cour d´assises a enfin
refusé d´ordonner la reconstitution des faits à nouveau demandée par l´accusé. Celui-ci a déduit
de ces éléments que la Cour n´était pas impartiale et a finalement décidé de quitter l´audience et
de récuser ses avocats.
L´absence de l´accusé et de ses défenseurs a eu pour conséquence de déséquilibrer le
déroulement de l´audience de manière radicale. Un procès sans contradiction fait peser sur le
Président de la Cour d´assises une obligation particulière de mener les débats avec la plus grande
impartialité et ce d´autant plus qu´Yvan Colonna avait été désigné dès son arrestation en qualité
de coupable par le ministre de l´Intérieur, devenu président de la République. En matière pénale,
la discussion publique des éléments à charge recueillis contre l´accusé est une condition
indispensable pour qu´intervienne une décision juste et équitable. Force est de constater que tel
n´a pas été le cas.
Le choix délibéré d´Yvan Colonna de quitter l´audience, motivé par le sentiment exprimé dès le
premier jour qu´il se trouvait en présence d´une juridiction déterminée à le condamner, ne peut que
susciter un sentiment de malaise sur la condamnation intervenue.
En raison des polémiques suscitées par le déroulement de l´audience, le défaut de motivation de
l´arrêt rendu, certes conforme au droit actuel, confirme la nécessité d´une réforme rapide pour que
les magistrats professionnels exposent les raisons de leur décision. Dans un arrêt prononcé le 13
janvier 2009, la Cour européenne des droits de l´Homme a jugé que, sans un résumé des
principales raisons pour lesquelles la Cour d´assises s´est déclarée convaincue de la culpabilité de
l´accusé, celui-ci n´est pas à même de comprendre – et donc d´accepter – la décision de la
juridiction. Il en va de même vis-à-vis de l´opinion publique.
Il ne nous appartient pas de nous prononcer sur le système de défense choisi par l´accusé, ni sur
sa culpabilité. Mais on se doit de constater que le déroulement du procès est l´illustration de
l´impasse où se trouve la justice lors de l´application de toute législation d´exception, spécialement
eu égard aux exigences de l´article 6 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de
l´Homme, qui mentionne que toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue
équitablement par un tribunal indépendant et impartial dans le respect de l´égalité entre
l´accusation et la défense. Ce procès soulève une fois de plus la question du maintien de cette
justice d´exception.
(AFP) - La Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH) a estimé
que « la justice antiterroriste est dans l’impasse » dans un communiqué sur le
procès d’Yvan Colonna lu lors d’une conférence de presse mercredi.
"Le déroulement du procès est l’illustration de
l’impasse où se trouve la justice lors de l’application de toute législation
d’exception", affirme la FIDH dans le communiqué présenté à la presse par la
Ligue des droits de l’Homme.
Ce document présente les premières
observations des trois observateurs mandatés par la FIDH pour assister au procès
d’Yvan Colonna qui a été jugé en appel devant la cour d’assises spéciale de
Paris du 9 février au 27 mars, et condamné à la réclusion criminelle à
perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 22 ans.
"Ces
premières conclusions confirment que le procès d’Yvan Colonna est l’illustration
supplémentaire des dangers que représentent la justice antiterroriste de par son
caractère exceptionnel", a déclaré André Paccou, représentant de la Ligue des
droits de l’Homme.
Des éléments de la procédure judiciaire sont
remis en cause, de l’instruction marquée par « la compétition » entre les services
d’enquête ou l’absence de reconstitution, à l’audience pendant laquelle
"plusieurs incidents ont permis de mettre en doute le caractère équitable du
procès", selon la FIDH.
Le rapport de la FIDH fait notamment
référence à la lettre de Didier Vinolas et au certificat médical de Georges
Lebbos qui n’ont pas été communiqués aux avocats de la
défense.
Sans porter de jugement sur la stratégie des conseils
d’Yvan Colonna de quitter les débats, la FIDH note que cette absence "a eu pour
conséquence de déséquilibrer le déroulement de l’audience de manière radicale"
et qu’il revenait par conséquent au président de la cour d’assises "de mener les
débats avec la plus grande impartialité« .
»Force est de constater
que tel n’a pas été le cas« , estime la FIDH, ce qui »ne peut que susciter un
sentiment de malaise sur la condamnation intervenue".
La FIDH se
prononce par ailleurs en faveur d’« une réforme rapide » de la disposition qui
permet aux magistrats professionnels de ne pas motiver leur décision, s’appuyant
sur une récente décision de la Cour Européenne des droits de
l’Homme.
Le rapport définitif de la mission d’observation
diligentée par la FIDH devrait être rendu public courant mai.
Ancien Président de la commission OUTREAU, Député socialiste de l´Isère, André VALLINI estime aujourd´hui que le verdict du procès d´Yvan COLONNA est entaché de doute.
"Des audiences chaotiques, des débats confus, une Présidence contestée, comme c´était prévisible le verdict final du procès d´Yvan COLONNA est entaché d´un doute insupportable.
Or, pour que la justice soit acceptée, elle doit être comprise et respectée. Il faut donc souhaiter que la Cour de cassation renvoie cette affaire à une Cour d´assises qui devra prendre le temps de bien juger cette affaire très grave.
Très grave car elle concerne l´assassinat d´un Préfet. Très grave aussi car elle met en jeu la Liberté d´un homme".