Vous écrivez que la logique économique dont le Bitcoin
procède n’est pas (encore) dominante.
Mais cette logique-là existe déjà depuis belle
lurette, plus précisément depuis qu’elle repose sur une économie fondée sur la
rareté des biens et des services ainsi que sur celle des ressources qui leur
ont donné naissance.
Et cette rareté-là fait que les biens et
services, parce qu’ils sont rares, précisément,
ont un prix.
L’air, qui est abondant, n’a pas de prix, car
nulle entreprise ou nul consommateur n’a les moyens de rendre rare pareille
abondance.
Mais si, à l’inverse, quelqu’un avait les
moyens de s’approprier l’air, sa rareté même ferait de lui un bien doté d’un
prix rapportant un profit ou une rente à son propriétaire.
Tous les biens et les services étant le produit
d’un travail (comme l’indique l’un des intervenants participant au forum sur le
sujet écrit par vous), c’est lui, travail, qui confère aux biens leur valeur
(et donc leur prix).
****
Dans votre billet, vous parlez de soins de
santé. Il s’agit là de services qui, en étant mis à disposition des malades par
des hôpitaux, des cliniques, ou par tel ou tel médecin en particulier, qui tous
utilisent des ressources dans ce but, font que les services en question, au lieu d’être gratuits, ont un coût de
production.
Si les entreprises produisant des soins de
santé font du profit, cela prouve que le prix de marché auquel elles vendent
leurs soins est supérieur au coût de production de ces derniers. En quoi elles peuvent
survivre économiquement. Mais si, inversement, elles ont fait des pertes au lieu de faire des profits, elles
sont condamnées à disparaître. Puisque
telle est la loi au sein d’une économie capitaliste où les entreprises sont en
concurrence permanente, les unes avec les autres, pour produire et vendre tel
ou tel bien, ou, autre variante, tel ou tel service.
Et ce constat-là est valable, que la monnaie destinée
à payer le prix des biens ou des services concernés, soit l’or, l’argent, le
billet d’un euro, ou - last but not least - le Bitcoin.
****
Vous écrivez également, dans votre billet, que
la quantité de monnaie ne doit pas être illimitée. Cela signifie donc qu’elle
doit être adaptée aux besoins de l’économie, ainsi qu’aux ressources dont dispose
cette économie (songeons à une population donnée) pour produire des biens et
des services.
Mais ceci est valable, que la monnaie concernée
soit le Bitcoin, le dollar, l’euro, ou un bien réel tel que l’or ou l’argent
métal.
Là est néanmoins la différence entre le Bitcoin
et les autres monnaies : le premier nommé étant une monnaie électronique,
son coût de production est nul, si l’on ne tient pas compte des frais suivants : la création du logiciel,
le revenu des organisateurs, ainsi que les autres frais qu’ils ont dû supporter
au moment de mettre leur système en route.
Or ces frais-là seront couverts, une fois le
système mis en route, par la commission que les gestionnaires ou organisateurs du
système prélèveront, à travers le système lui-même, sur chaque opération où le Bitcoin
est utilisé comme moyen de paiement.
A partir de là, c’est le volume des biens et
services, ainsi que leur prix mesuré, d’abord en dollars, yen, yuan, ou euros,
puis convertis en Bitcoins (sous-entendu : au cours de change du jour),
qui va déterminer le volume total de Bitcoins que le système va créer, de manière
décentralisée, pour pouvoir payer ce prix-là.
Cette création-là, du Bitcoin, est
décentralisée, car il existe quantité d’acheteurs et de vendeurs disséminés
dans le monde entier, tous étant, au choix, des acheteurs ou des vendeurs de
tel ou tel bien ou de tel ou tel service, et tous étant également des gens désireux
de faire leurs affaires en utilisant le Bitcoin comme monnaie.
Ces gens-là utiliseront donc Internet comme
moyen de communication, puis, une fois sur Internet, ils utiliseront les
plateformes mis sur pied par les promoteurs du Bitcoin.
Et le volume de Bitcoins créé par le système va
dépendre du volume d’affaires, et, au-delà, de la quantité des gens désireux d’utiliser
les plateformes en question, afin de négocier leurs propres affaires (en s’aidant,
pour cela, du Bitcoin, comme moyen de paiement).
Plus donc les gens vont affluer sur ces
plateformes, plus le système va créer, de manière décentralisée, de Bitcoins afin
de satisfaire un volume d’affaires en augmentation.
Or là est la subtilité du raisonnement :
si théoriquement la quantité de Bitcoins générée, de manière décentralisée, par
le système, peut être infini ou illimité, il se trouve que dans la pratique, cette
quantité-là est limitée par le volume des affaires que les gens consentent à réaliser
en utilisant le Bitcoin comme monnaie ou moyen de paiement.
Et comme le Bitcoin est devenu un objet de la
spéculation, les acheteurs et/ou vendeurs sont désormais, en tant que spéculateurs,
des gens qui anticipent le prix futur du Bitcoin, une fois celui-ci mesuré en
dollars, euros, yens, yuans, etc.
****
En résumé, le Bitcoin a beau avoir, comme
monnaie électronique, un prix de production nul (hormis les frais
susmentionné), ce fait-là ne modifie en rien l’économie dans laquelle il prend
place comme moyen d’échange ou comme réserve de valeur.
De deux choses l’une, à cet égard : ou
bien nous vivons dans le monde de l’abondance absolue, et les prix n’existent
pas, ni non plus la monnaie pour les payer ; ou bien nous vivons dans un
monde où les ressources sont rares, et où les biens et services ont un prix qui
repose, fondamentalement, sur les ressources en travail et en capital qui ont
été utilisées, par telle ou telle entreprise, pour les produire.
La monnaie n’est pas un bien au sens commun du terme, sauf si l’on regarde l’or ou l’argent métal, lequel est transformé en monnaie toutes les fois qu’existe une autorité dotée de la responsabilité pour le faire (telle que, par exemple, une banque nationale).
La monnaie est un instrument qui, s’il n’est pas l’or ou l’argent métal, peut être créé à partir de rien, plus précisément : a) à partir de la planche à billets, s’il s’agit de billets de banque, b) à partir d’un livre de compte, si la monnaie prend la forme d’un crédit dans ce livre-là, c) à partir d’algorithmes mathématiques, s’il s’agit de crypto-monnaies telles que les Bitcoins.
En règle générale, la question est de savoir si c’est le prix du bien, une fois additionnés tous les biens, qui détermine la quantité de monnaie à mettre en œuvre comme moyen d’échange, ou si c’est ladite quantité qui détermine le prix des biens ?
On peut résoudre cette affaire en disant que le prix d’un bien, une fois celui-ci mesuré dans une monnaie donnée, dépend de la quantité de ladite monnaie dont les gens disposent, d’une manière ou d’une autre (un salaire par exemple), à un moment donné, ainsi que la part de celle-ci qu’ils désirent consacrer à l’achat du bien en question.
Et si l’on ramène pareil constat aux Bitcoins, il se trouve que le prix des biens, une fois mesuré en Bitcoins, précisément, dépend des mêmes facteurs que précédemment.
Mais là encore, si j’achète, aujourd’hui même, un bien dont le prix en dollars est connu, il se trouve que pour pouvoir payer le même montant en Bitcoins, je vais devoir convertir cette monnaie en dollars, au cours d’aujourd’hui, puisqu’il existe un marché pour cela.
Cela signifie que la vraie monnaie de référence, est, pour ce bien-là, le dollar au lieu d’être le bitcoin. Et cela signifie aussi que tous les intervenants qui, sur Internet, achètent ou vendent des biens avec des bitcoins, s’appuient d’abord, pour cela, sur leur prix en dollars ou en euros.
Cette manière de procéder, de leur part, prouve que le Bitcoin n’est pas encore, actuellement, une monnaie capable de remplacer le dollar ou l’euro. La preuve : les salariés européens et américains se font payer leur salaire en euros ou en dollars, plutôt qu’avec des bitcoins. Mais quant à conclure que le bitcoin ou une autre cryptomonnaie, va remplacer le dollar ou l’euro, ces prochaines semaines, c’est là un pas que personnellement je ne franchirai pas.
Et je ne conseillerai à personne d’acheter, actuellement, des Bitcoins. Et surrtout pas au cours auquel celui-ci est parvenu.
On m’objectera peut-être que le Bitcoin va retrouver des couleurs, après sa chute de ses derniers jours. Mais cela prouve seulement, selon moi, qu’un krach boursier (qui concerne, ici, le Bitcoin), repose sur plusieurs moments au lieu de reposer sur un seul moment.
Mais en aucun cas, on ne peut faire du Bitcoin, dans les conditions actuelles, la future monnaie mondiale. Pour l’heure, le Bitcoin est uniquement un instrument servant à la spéculation. En un mot comme en cent, le Bitcoin est, aujourd’hui même, le même instrument spéculatif qu’était la Tulipe chère aux Hollandais du XVIIe siècle.
La monnaie n’est pas un bien au sens commun du
terme, sauf si l’on regarde l’or ou l’argent métal, lequel est transformé en monnaie
toutes les fois qu’existe une autorité dotée de la responsabilité pour le faire
(telle que, par exemple, une banque nationale).
La monnaie est un instrument qui,
s’il n’est pas l’or ou l’argent métal, peut être créé à partir de rien, plus
précisément : a) à partir de la planche à billets, s’il s’agit de billets
de banque, b) à partir d’un livre de
compte, si la monnaie prend la forme d’un crédit dans ce livre-là, c) à partir d’algorithmes
mathématiques, s’il s’agit de crypto-monnaies telles que les Bitcoins.
En règle générale, la question est de savoir si
c’est le prix du bien, une fois additionnés tous les biens, qui détermine la
quantité de monnaie à mettre en œuvre comme moyen d’échange, ou si c’est ladite
quantité qui détermine le prix des biens ?
On peut résoudre cette affaire en
disant que le prix d’un bien, une fois celui-ci mesuré dans une monnaie donnée,
dépend de la quantité de ladite monnaie dont les gens disposent, d’une manière
ou d’une autre (un salaire par exemple), à un moment donné, ainsi que la part
de celle-ci qu’ils désirent consacrer à l’achat du bien en question.
Et si l’on ramène pareil constat aux Bitcoins, il
se trouve que le prix des biens, une fois mesuré en Bitcoins, précisément, dépend
des mêmes facteurs que précédemment.
Mais là encore, si j’achète, aujourd’hui même,
un bien dont le prix en dollars est connu, il se trouve que pour pouvoir payer
le même montant en Bitcoins, je vais devoir convertir cette monnaie en dollars,
au cours d’aujourd’hui, puisqu’il existe un marché pour cela.
Cela signifie que la vraie monnaie de
référence, est, pour ce bien-là, le dollar au lieu d’être le bitcoin. Et cela
signifie aussi que tous les intervenants qui, sur Internet, achètent ou vendent
des biens avec des bitcoins, s’appuient d’abord, pour cela, sur leur prix en dollars
ou en euros.
Cette manière de procéder, de leur part, prouve
que le Bitcoin n’est pas encore, actuellement, une monnaie capable de remplacer
le dollar ou l’euro. La preuve : les salariés européens et américains se
font payer leur salaire en euros ou en dollars, plutôt qu’avec des bitcoins. Mais
quant à conclure que le bitcoin ou une autre cryptomonnaie, va remplacer le
dollar ou l’euro, ces prochaines semaines, c’est là un pas que personnellement
je ne franchirai pas.
Et je ne conseillerai à personne d’acheter,
actuellement, des Bitcoins. Et surrtout pas au cours auquel celui-ci est
parvenu.
On m’objectera peut-être que le Bitcoin va retrouver des couleurs, après
sa chute de ses derniers jours. Mais
cela prouve seulement, selon moi, qu’un krach boursier (qui concerne, ici, le
Bitcoin), repose sur plusieurs moments au lieu de reposer sur un seul moment.
Mais en aucun cas, on ne peut faire du Bitcoin,
dans les conditions actuelles, la future monnaie mondiale. Pour l’heure, le
Bitcoin est uniquement un instrument servant à la spéculation. En un mot comme
en cent, le Bitcoin est, aujourd’huimême,
le même instrument spéculatif qu’était la Tulipe chère aux Hollandais du XVIIe
siècle.
Le Bitcoin comme moyen d’échange, et le Bitcoin
comme objet de la spéculation, sont, dites-vous, deux choses différentes.
Vous parlez également de réformer l’économie
réelle, ici et ailleurs dans cette page d’Agoravox.
A cet égard, on ne sort pas des trois modèles
suivants : a) une économie capitaliste entièrement libéralisée (et donc
reposant sur le seul marché) ; b) une économie capitaliste contrôlée par
des autorités publiques ; c) une économie communiste.
Dans les deux premiers modèles, le marché peut
servir à valoriser des biens réels, ou, autre variante, à valoriser des titres
qui sont alors négociés sur un marché boursier.
Et la monnaie elle-même, une fois valorisée sur
le marché boursier, peut se déconnecter de sa valeur réelle (ici, en tant que
moyen d’échange permettant de régler le prix des biens et services produits par
les entreprises,. tous secteurs d’activités confondus).
Et précisément parce que la monnaie peut
également devenir un bien spéculatif, c’est pour éviter cela que les autorités
publiques imposent un certain nombre de règles, quant à son émission.
Sauf que le Bitcoin échappe, pour ce qui le
concerne, à ces règles-là.
C’est dire qu’il est principalement utilisé, en
ce moment, comme un objet de la spéculation, plutôt que comme un moyen d’échanger
des biens et services produits par l’économie réelle.
Je conclus en disant que la seule façon d’éviter
ce biais, est de le soumettre aux mêmes règles que les autres monnaies. Sauf
que les créateurs du Bitcoin, en inventant cette monnaie-là, ont voulu s’affranchir
d’une pareille contrainte. En quoi ils ne pourront éviter, ni sa spéculation, ni
l’effondrement de son cours, le moment venu.
Comme économiste de formation, j’ai appris, durant mes
études, qu’une monnaie sert : a) à mesurer le prix des biens ; b) à payer ce prix
(et donc à réaliser l’échange entre le bien et la monnaie) ; c) à
constituer une réserve de valeur de la richesse à travers le temps.
Dans le cas du bitcoin, ses promoteurs ont créé une
monnaie dont la valeur consiste, comme toutes les autres, à reposer sur le prix
des biens échangés d’une part, et sur le volume desdits biens de l’autre.
Or l’avantage du bitcoin, en tant que monnaie
électronique, fait que son prix de production est nul, puisqu’on peut le créer,
sans frais, à l’infini.
Et parce qu’il en est ainsi, la seule limitation, à
son propre volume, est donné par le volume des biens contre lesquels il s’échange
d’une part, et par le prix desdits biens de l’autre.
****
Le problème, une fois cela posé, n’est pas du côté du
bitcoin, mais du côté des biens eux-mêmes, contre lesquels il s’échange.
En effet, n’importe quelle monnaie, qu’elle soit créée
par une banque ou par des algorithmes de type mathématique, sert à payer des biens qui, ou bien sont des biens
réels (et donc des marchandises) ou bien des titres qui peuvent se référer eux-mêmes
à ces biens, ou, autre variante, à rien du tout si le marché boursier est
devenu un casino ou les biens réels ne sont plus que des cartes à jouer sur
lequel les investisseurs spéculateurs ont décidé de miser.
Or là est le problème avec le bitcoin : une fois
celui-ci pris dans le tourbillon de la spéculation, les gens l’achètent avec
des cartes qui ne reposent sur rien, sinon la valeur futur du bitcoin.
Sauf qu’en procédant ainsi, ils inversent les règles
du jeu.
Prenons l’exemple suivant : si, aujourd’hui
même, les investisseurs spéculateurs achètent leurs bitcoins au prix, mettons,
de 10’000 dollars par bitcoin, c’est dans la perspective de les vendre demain
ou après-demain au prix de 15000 dollars par bitcoin, et réaliser ainsi un
bénéfice de 5000 dollars sur chaque bitcoin.
Sauf que pareille augmentation n’est rendue possible
que parce que de nouveaux joueurs amènent leurs dollars à la table de jeu, afin
de jouer eux aussi à ce casino de la bourse dont les cartes sont représentées désormais
par les bitcoins eux-mêmes.
Seulement voilà : un pareil jeu, quand la spéculation atteint son
paroxysme, s’apparente désormais au jeu de la chaise musicale : à savoir
que les derniers arrivés n’auront plus de chaises sur lesquelles s’asseoir
quand le prix, en dollars, du bitcoin, s’effondrera.
Ceux-là, qui ont du bitcoin dans les mains, seront entièrement
ruinés.
Quant au bicoin lui-même, il aura complètement
disparu de la circulation au motif que plus personne ne fera confiance à une
pareille monnaie.
Sauf qu’il faudra attendre la débâcle pour en arriver
là.
En attendant ce jour, ceux qui rêvent de faire
fortune, en achetant des bitcoins, continueront d’alimenter la hausse de sa
valeur (mesurée ici en dollars) au casino de la spéculation, permettant aux
organisateurs du casino d’amasser une fortune considérable (car eux auront
vendu leurs bitcoins avant la débacle).