Donc, si je comprends bien, vous collectez des données du Net, sur des sites aussi « objectifs » et « documentés » que rue 89, en bavant sur celui, visiblement « collaborationniste », du Figaro, sans disposer vous-même d’au moins une source directe, et en n’étant en rien expert du sujet.
Je comprends pourquoi vous avez vite renoncé à enseigner l’histoire : la méthode et l’objectivité nécessaires ont du très vite vous lasser.
Finalement, je comprends mal que vous méprisiez tant le Figaro : vous avez le profil pour en alimenter le courrier des lecteurs.
Pas la majeure partie, justement, mais le constat est bien plus difficile à faire : dans son domaine d’expertise, la cour des comptes n’a pas à se colleter avec le terrorisme intellectuel des compassionnels professionnels, glorieux associatifs sans troupes mais amis des média, qui se chargent de frapper d’anathème et de mettre à mort tout contestataire du Beau du Bien, et du Vrai.
Tenez : vous vouliez lutter contre la fraude à la santé ? Pourquoi ne pas mettre à mort la CMU ? Il est notoire que plein de méchants docteurs avides alignent les actes imaginaires, obligeamment contresignés par des bénéficiaires qui s’en tapent, car ce ne sont pas eux qui paient .
Mais bien entendu, nul ne le fera car lesdits bénéficiaires font partie des nouveaux saints laïques, et peu importe s’ils usent et en abusent en menant un train de vie de santé supérieur aux assurés payants : il s’agit, parait-il de préserver leur dignité. J’ai pourtant du mal à en trouver trace dans l’assistanat perpétuel dans lequel ils se complaisent.
Le problème, à partir d’un certain âge, c’est qu’on vit dans le passé, avec des références surannées, des certitudes anachroniques, sans plus être capable de tenir compte de la réalité. Sans compter que les facultés intellectuelles ne sont plus ce qu’elles étaient. Tenez, prenez Stéphane Hessel. Quelle pitié...
C’est ainsi que les vieux s’imaginent que ce qu’on appelle aujourd’hui la gauche a encore un rapport avec Gambetta, Clémenceau ou Jaurès. C’est bien triste.
Encore et toujours du tropisme et de l’incantation... Ce coup-ci, on brandit les exemples d’en haut pour dédouaner la multitude d’en bas. Libertarisme et démagogie, j’ai deviné : vous êtes de gauche. Je ne vais donc même pas me fatiguer à aller plus loin là-dessus.
Je vais plutôt reprendre ce que vous imaginez être des arguments contre ce que j’ai écrit.
Ainsi, je n’ai aucune amitié particulière pour les sportifs professionnels (j’ai en fait pour eux énormément de mépris...) Mais je vous signale, car cela a du vous échapper, que c’est encore la gauche, en l’espèce Marie-Georges Buffet, qui vient de s’illustrer en expliquant que le sport était un aspect essentiel de la société et de la politique. Il faut dire que c’est l’un de ses outils favoris pour anesthésier certaines populations. Et puis faire croire aux populations abruties que les muscles valent autant que la matière grise est tellement égalitariste.
Je n’ai non plus aucune amitié particulière pour les journalistes (qui avec les pédagos et les magistrats, sont les principaux responsables de l’état actuel de notre société). Mais je vous signale, car cela a du vous échapper, que la collusion politiques/journalistes est bien plus de gauche que de droite. Lisez donc par exemple le Marianne (hebdo qui fut voilà longtemps objectif) où figurent les intentions de vote en interne : Hollande et Mélenchon.
Quant à ceux qui abusent de l’argent public ou collectif, et dont vous citez quelques exemples (judicieux, mais qui surtout vous arrangent) il en est de deux sortes, ceux qui travaillent, et ceux qui ne travaillent pas. C’est toute la différence entre les exploiteurs et les parasites, et il se trouve que la gauche préfère les derniers aux premiers.
Non pas que je sois partisan de Sarkozy, loin s’en faut. Mais nombre des travers cités, et bien d’autres, sont tous aussi présents à gauche, cette gauche dont le rédacteur espère visiblement l’avènement.
Ainsi, au moins Sarkozy verse-t-il des larmes, fussent-elles de crocodile, sur la condition du peuple français. La glorieuse gauche, elle, poussant toujours plus avant dans l’Autruisme décrit par Philippe Murray, ne s’intéresse qu’à la pauvreté lointaine type sous-prolétariat indien, ou aux très sanctifiés pauv’ gens -des-quartiers-en-difficulté, mais avec un mépris total pour les autres petites gens, qui constituent pourtant le plus gros des défavorisés français, comme Christophe Guilluy le décrit dans Fractures Françaises.
Le PS (je ne vais même pas perdre de temps à gloser sur la secte EELV, ou les archéos du Front de Gauche, croupions de leur grand frère) applique au final la doctrine pondue par Terra Nova, tournant ainsi le dos au peuple pour ne plus se consacrer qu’au clientélisme de tous ordres. Les compromissions vont tellement loin que Pena-Ruiz ou Kintzler ont souligné ce que les annonces de Hollande avaient d’attentatoires à la Laïcité. Avant de dire, en bons godillots de la bien-pensance, qu’ils voteraient néanmoins pour Hollande, quitte à le surveiller après (on croit rêver).
Car au final, le vote de gauche se résume à cela : la godillot attitude ; savoir que la gauche a trahi le peuple, l’ouvrier, le salarié, au profit du capitalisme mondialisé aussi bien que du parasitisme social, et malgré tout, persister à ne voter que pour faire barrage à la drouaaaate. Le vote de gauche n’est pas le fruit de la pensée, mais du tropisme.
Pour ma part, face au communautarisme compassionnel et anti-républicain développé par le parti socialiste, et après avoir caressé l’idée de m’abstenir, je m’apprête donc finalement à voter, les yeux ouverts, contre François Hollande, s’il passe le premier tour.