Vous avez un discours qui se réclame de la liberté, mais qui exige son contraire en fait.
La liberté, ce n’est pas qu’on fasse ce qu’on veut « du moment que c’est toléré par la loi ». C’est que la loi tolère qu’on fasse ce qu’on veut tant qu’on n’enfreint pas les droits des autres.
C’est très simple, mais ça vaut la peine de le répéter.
Je vous fais remarquer que pour parvenir à votre supposée liberté, vous prônez qu’on enlève à ces femmes la liberté de choisir comment s’habiller.
Par exemple, imaginez qu’on force tout le monde à sortir de chez lui à 18 heures du soir pour « parler librement avec les hommes dans la rue, au travail, au café ou n’importe où. On appelle cela la liberté. »
Vous pouvez sortir tous les arguments que vous voulez, mais il faut vous rendre compte que vous pervertissez le sens de la liberté si vous vous réclamez d’elle.
Je ne cherche pas à entrer dans un débat sur le niqab, pas plus que sur les habitudes vestimentaires des religieuses catholiques ou des femme et des hommes de certaines sectes chrétiennes et juives.
Je souligne simplement que le « journaliste » qui a écrit cet article ne s’est peut-être pas suffisamment soucié de la véracité des faits avancés, ce qui est quand même primordial quand on qualifie une autre personne d’« islamiste radicale ».
Autre exemple (c’est loin d’être a seule inexactitude) : l’article affirme qu’elle « refusait de retirer son niqab [...] pour la procédure d’identification préalable effectuée par une policière, en privé ». Je ne sais pas d’où il tire cette information, mais à peu près tous les médias disent exactement le contraire. D’ailleurs l’intéressée le dit elle-même dans une lettre publiée dans le Toronto Star, où elle explique qu’elle ne refuse jamais d’enlever son niqab quand c’est exigé pour des raisons de sécurité ou d’identification, et qu’elle le fera sans objection avant la cérémonie de citoyenneté pour se faire identifier :
J’encourage d’ailleurs tous ceux qui seraient intéressés de connaître le point de vue de Mme Ishaq elle-même à lire cette lettre (en anglais), où elle se montre très éloquente, et on découvre les raisons de son choix de porter le niqab. Ce n’est pas ce qu’on pourrait penser si on ne s’est jamais intéressé à écouter les femmes (en Occident) qui portent le niqab elles-mêmes. Elle y soutient notamment que :
« Pour moi, la valeur canadienne la plus importante est d’être la personne que choisis d’être. Pour moi, cela reflète mieux ce que cela signifie d’être Canadienne que ne le font les vêtements que je porte. »
Malheureusement, cet article contient une bonne dose de désinformation.
Je ne m’arrêterai que sur la description de Zunera Ishaq comme étant une « islamiste radicale » selon l’auteur. Je ne sais pas ce qu’il entend par là, mais cette description évoque pour moi une personne qui chercherait à imposer sa religion aux autres, peut-être même violemment.
Or il suffit de lire les commentaires de la jeune femme après son assermentation pour comprendre qu’il n’en est rien. Les voici.
« C’était très émouvant et je ressentais cet amour que j’ai pour le Canada lorsque j’ai lu le serment. »
« Je n’aurais jamais imaginé que ça puisse devenir une question qui divise la communauté. C’était un peu douloureux pour moi. Je n’avais jamais eu cette image du Canada. Je rêvais de vivre ici librement en choisissant ce que je veux porter. »
« J’avais le sentiment d’être ici dans le meilleur pays du monde et j’étais très fière de faire partie de la communauté canadienne, mais c’est un peu douloureux et décevant cette situation créée par le gouvernement canadien, qui selon moi n’est pas saine pour la communauté canadienne et ses valeurs. »