Merci pour votre commentaire. Internet a quelque chose d’organique, de fascinant, régit par un instinct qui lui est propre. A chaque fois que l’on imagine en saisir le sens, ses contours se redessinent. Bien avant de voir surgir la sentence web 2.0 des tiroirs du marketing internet, Manuel Castells nous décrivait cette matière organique au mouvement brownien.
A travers les rétroliens, la blogosphère apparaît comme un accélérateur des mutations qui agitent le réseau, comme une entité magnifique capable de créer des espaces de liberté en se passant de Google. Le référencement est un artifice déjà dépassé pour certains, une porte d’entrée pour beaucoup d’autres. Focalisé sur la toute puissance de Google, la surprise surgit d’ailleurs, du grand « Nous » qui constitue la matière noire (grise) du web ? Le réseau - social depuis sa naissance - rejette, par nature, l’artificiel et par ricochets la prise de pouvoir : Google est apparu alors que les moteurs de recherche venaient de passer sur un modèle payant. La société en réseau(x) ne cesse de se développer en corpus sociaux, sans centre de décision et au grand désarroi des corps constitués. Chaque tentative de régir le réseau - même par ceux qui en sont le fruit - se solde par un rejet, comme si l’évolution même de cet ensemble organique était porté par un profond instinct de liberté.
J’aime citer Steven Jay Gould - son livre « Un hérisson dans la tempête » - qui décrit la théorie des équilibres ponctués selon laquelle, les changements évolutifs se produisent plutôt rapidement durant des périodes relativement brèves de stress environnemental... Internet n’est-il pas un facteur de stress et de changement évolutif de la société, ceci au-delà du cyberespace ?
Que dire, sinon que je vous rejoins dans votre analyse ? Il est vrai qu’au-delà de l’insipide interface, se cachent souvent le désir d’expression et du partage. Votre commentaire en témoigne et accrédite la thèse de « la plus value de toutes ces charges d’humanité au sein de ce bouillonnement de ce village global (...) »
« C’est une révolte ? » Interrogeait Louis XVI, « Non, sire, c’est une révolution », lui répondit hardiment le Duc de Liancourt...
Merci de votre intérêt pour mon petit article, qui - vous avez raison - manque de références. Si je devais en donner une, ce serait le livre « La galaxie Internet » de Manuel Castells : loin des effets de mode, ce livre paru en 2001, évoque plus que largement ce que nous faisons semblant de découvrir sous le vocable « Internet 2.0 » et qui est dans les gènes d’internet.
Mais nous sommes donc d’accord sur l’essentiel : c’est bien une participation active qui permet d’exister sur le réseau, participation dont la valeur est jugée par le réseau. Ce modèle est particulièrement puissant, défi les structures hiérarchiques. Michel Crozier et Erhard Friedberg dans « L’acteur et le système », Editions du Seuil, 1977, expliquaient déjà que le pouvoir relève de l’expertise. Les modèles hiérarchiques sont supplantés dans les organisations par des personnes qui deviennent des acteurs clés d’un système, par exemple, parce qu’ils possèdent un savoir unique dans l’organisation qui leur permet de maîtriser des « zones d’incertitude », c’est-à-dire les marges de manœuvre, où s’exerce réellement le pouvoir... étrange coïncidence et merveilleuse puissance du réseau que de balayer les conventions au profit de la pertinence : Internet se moque de l’âge, du sexe, du physique, des diplômes... tant que l’écriture restera la forme prédominante de communication et de partage des savoirs sur la toile.
Ceci dit, je ne cite pas Google dans ce billet, mais puisque vous en parlez, voici mon opinion. Google a une croissance horizontale et on peut s’apercevoir d’un tassement de la pertinence des résultats sur l’hégémonique moteur de recherche. Trois choses accompagnent cela.
La première touche à l’essence de Google dont les algorithmes dévoilés un temps sur http://labs.google.com/papers.html (Google Inc. a depuis sélectionné sévèrement les articles...) laisse la part belle à ceux qui savent détourner les résultats du moteur à leur profit.
La seconde, plus insidieuse, est l’inconscient conditionnement provoqué par l’affichage des résultats de Google : contingence de l’esprit dans un format qui structure la vision du cyberespace. Entre autres, le fameux « triangle d’or » de Google (http://www.prweb.com/releases/2005/3/prweb213516.htm) nous indique à quel point notre vision est conditionnée.
Enfin, les croyances qui accompagnent la légende « Google » si bien évoquées dans l’article « In Google we trust » de Lee Shaker (http://www.firstmonday.org/issues/issue11_4/shaker/ ), article qui nous rappelle au passage que Google est d’abord une société commerciale...