Il
est heureux que le pouvoir n’interdise pas encore ce type d’article. Mais pour
combien de temps ?
Question« hypocrisie »,
je pense qu’il faudrait plutôt parler de cynisme. C’est aujourd’hui une vertu
professionnelle. Le cynique est celui qui est parfaitement conscient
d’être intellectuellement malhonnête, mais il le fait parce que cela peut le
servir, notamment dans sa carrière. Il y en a beaucoup dans les appareils
politiques qui nous dirigent ; par exemple, telle vierge effarouchée qui
s’enfuie à grands cris d’une soirée du PS où elle vient d’apprendre que le
« monstre » DSK est dans les lieux. Elle ne le fait pas par conviction,
elle le fait parce qu’elle sait qu’en criant au scandale, elle engrangera
des points et des voix dans sa misérable petite carrière politique, et que cela
lui permettra de s’enrichir et de gagner des honneurs et des privilèges. Elle
le fait très exactement pour se faire remarquer. Elle présente comme un acte
héroïque ce qui n’est au fond qu’un écho de la pensée unique, un acte de
soumission à l’idéologie dominante, une déclaration d’allégeance aux
Rhinocéros, comme dirait Ionesco.
Avec
l’affaire Charlie Hebdo, la classe politque étale son cynisme au grand jour.
Les professionnels de la délégation politique ont immédiatement compris qu’il
fallait se soumettre incondtionnellement au slogan « Je suis Charlie »,
et que toute voix dissonnante entamerait sérieusement leur carrière et leurs
profits personnels. Tous les députés chantent en coeur, tous les médias
cultivent le culte des forces de l’ordre et s’échangent leurs « experts »
en affaires policières, tous les sondages indiquent que pratiquement tous les
Français pensent la même chose. C’est le grand refrain de l’unité nationale,
voire de l’Union sacrée, prémisse d’une guerre imminente ...
Et
pourtant. Force est de remarquer que CH ne se moque pas de tout le monde.
Est-il d’ailleurs permis aujourd’hui de se moquer de la police ou de l’armée ?
Et si l’on se moque ouvertement de Mahommet, alors pourquoi pas non plus de
Shiva, de Buddha et d’autres grandes figures de la religion ? Certes, CH s’est
moqué du Pape. Mais c’est assez courant, quasiment banal. Il ne s’est pas moqué
des Hindous, par exemple, en tous cas pas de manière aussi grossière que des Musulmans.
Son acharnement contre l’Islam et ses fidèles interpelle. Quand bien même il
faudrait reconnaître à tous les organes de presse d’une démocratie le droit de
se moquer de tous et de toutes choses, mis à part peut-être ce qui ressemble
véritablement à une incitation à la haine, il faut bien remarquer que CH ne tourne
pas tout en dérision, et choisit ses cibles. Pourquoi donc les Musulmans
sont-ils autant dans le colimateur de CH ? Parce qu’une infime partie d’entre
eux commet des atrocités ? Ou parce qu’une grande partie, sinon la principale,
des richesses pétrolières se trouvent en terre musulmane, et que l’entretien du
chaos dans ces régions permettrait à nos armées quelques menues conquêtes
coloniales, accessoirement fort profitables ? Montrer des Musumans les fesses en
l’air, prêts à accueillir des verges dans leurs arrière-trains, doit rester un
droit dans une démocratie, mais reconnaissons que ce n’est ni un art, ni très
intelligent, a fortiori dans le contexte actuel ; celui qui en a pris la
responsabilité, doit aussi assumer la responsabilité des événements récents.
Et
que dire de l’injonction publique du Premier Ministre et de son Ministre de
l’intérieur à arrêter et à « condamner sévèrement » un humouriste ? Quoi
que l’on pense de ce dernier, n’y a-t-il pas là une rupture éclatante avec l’un
des grands principes de la démocratie, à savoir la séparation des pouvoirs ? Une
rupture d’autant plus éclatante qu’elle est l’aboutissement d’un long acharnement
du pouvoir contre cet humouriste. Et un avertissement à toutes les autres voix
dissonnantes et bruyantes, telles que celle d’un Zemmour pour ne citer que lui.
Vu sous cet angle, le slogan « Je suis Charlie », au-delà de l’infecte moutonnage
qu’il suppose, ne signifierait-il pas : Vous n’avez pas le droit de penser ce
que vous voulez. Ce qui veut dire que « Charlie » ressemblerait
étrangement à « Big Brother ». Les assassinats récents sont saisis par
les pouvoirs établis comme une aubaine pour renforcer leur arsenal répressif,
au point d’afficher publiquement leur volonté de contrôler non seulement
l’expression, mais, plus grave, l’opinion. La Ministre de l’éducation, et sa
collègue de la Justice, sont des expertes en la matière ; la première n’hésite
pas à intervenir sur les cerveaux des enfants dès le plus jeune âge, en dictant
la représentation des sexes dans les manuels scolaires ou en faisant intervenir
dans les collèges des représentants de la LGBT, la seconde en cherchant à
imposer de manière stalinienne, et comme s’il s’agissait là encore d’un acte
héroïque, des changements de moeurs et de civilisation qui touchent au plus
profond de l’âme humaine. Elle vient d’ailleurs de proposer une loi sur la
criminalisation des injures racistes et sexistes, qui autorisent une interprétation
très élastique, et une autre loi sur la suppression de sites et blogs internet
pour des motifs que le pouvoir définira et intreprétera.
Fossoyeur du socialisme, le PS d’aujourd’hui a un intérêt
très concret à abolir la liberté d’opinion. Sa promiscuité avec les puissances
de l’argent, ce qu’on appelle aujourd’hui le capitalisme de casino ou encore la
dictature de la finance, conduit à une dynamique inégalée depuis 1945 de
creusement des inégalités. Les récents attentats présentent dès lors deux
avantages majeurs pour notre oligarchie : 1) détourner l’attention des problèmes
socio-économiques et éteindre le sentiment de révolte par l’orchestration d’une
grande eucharistie de l’union nationale contre les méchants loups. 2) Contrer
la contestation montante contre le retour à une Europe sociale digne des pires
moments de la Révolution industrielle par le renforcement du carcan policier,
juridique et médiatique (les médias sont à la société actuelle ce que l’Eglise
était aux bougres du Moyen-Äge, à savoir un instrument de canalisation et
d’encadrement de la plèbe par l’abrutissement).
Moi, je ne suis pas Charlie, car avant toute chose, je suis MOI, sans narcissisme aucun, mais simplement parce que je refuse le droit à quiconque, et particulièrement à toute forme de pouvoir établi, de me dicter la façon dont je dois penser.
L’Affaire Charlie Hebdo est par ailleurs, et avant toute chose, une aubaine dont le pouvoir se sert pour renforcer son arsenal répressif : instaurer un culte des forces de l’ordre, se donner les moyens d’interdire la libert, d’expression, ce qui revient à accomplir l’objectif poursuivi par les terroristes, en pénalisant certaines formes d’humour et en supprimant par exemple des sites internet ou les blogs de ces sites, supprimer la séparation des pouvoirs, qui est le fondement formel de la démocratie, en permettant à des ministres de demander publiquement à la Justice de suivre leurs injonctions en matière pénale, par exemple en demandant à la police d’arrêter un humouriste et à la Justice de le condamner sévèrement.
« Je suis Charlie », c’est le moutonnage organisé par une démocrature soumise à l’oligarchie de la finance, et qui utilise une tragédie pour mettre la population, de plus en plus révoltér par le creusement des inégalités, DANS LE RANG !