Globalement les deux grand partis ont laissé deux grandes questions qui intéressent les Français aux extrêmes. D’une part la refonte d’un système économique basé sur la précarité et le chômage de masse et d’autre part la question banlieues-sécurité-intégration. Ce que veut le citoyen ordinaire c’est d’avoir un boulot, d’être capable de nourrir sa famille est d’être un minimum en sécurité. Mais, pour des raisons diverses et variées ni la gauche ni la droite ne veulent réformer le système économique ou s’attaquer à la question des banlieues. Le coup de maître a été de déléguer ces questions respectivement à l’extrême gauche et à l’extrême droite. C’est un coup politique génial parce que ça a eu plusieurs effets :
1. Diviser les citoyens selon la question qui les touche le plus (sachant que, au fond, ces deux questions sont liées même si aujourd’hui on ne peut plus réduire la question des banlieues à un problème purement de pauvreté). Certains citoyens tendant vers l’extrême droite, d’autres vers l’extrême gauche et les deux se crêpant le chignon.
2. Diabolisation des extrêmes faisant que la plupart des Français pourront avoir un vote coup de gueule extrémiste mais qu’ils rentreront dans le rang au deuxième tour.
3. Terrorisme intellectuel : toute personne insistant trop sur les problèmes du capitalisme est traité d’extrémiste de gauche (doux rêveur inculte dans le meilleur des cas, dangereux stalinien au pire) et toute personne parlant trop de l’insécurité étant évidemment un dangereux fasciste probablement raciste congénital. Au final il a fallu que ces problèmes gangrènent la société française pendant 30 pour que le ras-le-bol général pousse les gens à en parler en dépit du terrorisme intellectuel qui les a réduit au silence pendant des décennies avec la complicité des grands médias.
Donc oui ça fera le jeu du FN et alors ? Souvenez-vous de 2001. Quand Lepen est passé au deuxième tour ça a été un coup fantastique pour Chirac. Il n’y a pas eu l’ombre d’un risque pour que le FN passe. Nos politiques continuent à brandir le spectre de l’extrémisme pour, en réalité, bannir les débats qu’ils ont choisi de déléguer aux extrêmes mais ils sont convaincus (à tort ou à raison) que les électeurs ne voteront jamais, dans leur immense majorité pour ces partis. Voilà comment on utilise les triangulaires pour tuer la démocratie et envoyer les électeurs aux urnes à grands coups de pompes voter pour des politiciens corrompus, menteurs qui n’amélioreront jamais leur quotidien.
Oui je pense qu’internet est en train de créer un mouvement citoyen salutaire. Mais comment évoluera cet embryon de « cyberdémocratie » comme on la nommait dans les années 90 ? Quels moyens d’action ? Pour l’instant une conscience émerge avec des divisions bien sûr mais aussi de nombreux points communs. C’est très positif.
Personnellement tout ce à quoi on assiste au niveau politique ou social me fait dire que ce à quoi on est confrontés aujourd’hui ce n’est pas à la crise du libéralisme ou de la mondialisation ou du multiculturalisme mais, bien plus grave, une crise de la démocratie elle-même. Confisquée par une oligarchie qui non contente de ne pas résoudre ces problèmes, prospère grâce à elle au détraiment de la quasi totalité de la population. Comment sortir d’une telle impasse ? J’avoue être sans réponse.
Non Pigripi : un Etat policier n’est pas un Etat qui arrête les criminels et dans lequel on est en sécurité. C’est un Etat qui maintient la population dans la peur pour lui faire accepter encore plus de contrôle encore moins de liberté dans le seul et unique but d’augmenter son pouvoir. Les forces de l’ordre sont alors au service d’un Etat totalitaire, pas de la population.
Ainsi, lorsque Benjamin Franklin déclare : « They who can give up their essential liberty to obtain a little temporary safety, deserve neither liberty nor safety ».ne signifie pas que ceux qui tronquent leur liberté fondamentale pour un peu de sécurité DEVRAIENT à la fois être privés de liberté et de sécurité. Cela signifie que c’est ce qui va leur arriver.
Loin de moi l’idée de dire qu’on est dans un dictature et que la France est un Etat policier. Ce serait ridicule : il n’y a qu’a comparer la France aux vraies dictatures. Je dis seulement que si on prend une perspective historique, c’est cette voie que l’on prend. C’est inquiétant. Et, par essence aucun pouvoir politique n’a intérêt à lutter contre cela car l’âme même du politicien est d’accroître son pouvoir.
Pour appliquer la maxime de Benjamin Franklin à la France (même si, encore une fois, on n’est pas en Corée du Nord non plus). Vous votez pour le karcher de Sarkozy vous vous retouvez avec une multiplication des PV, des banlieues qui continuent à brûler avec quelques opérations coup de poings médiatisées pour essayer de faire illusion. On a tronqué certaines libertés pour plus de sécurité. Bilan : ni liberté ni sécurité.
Suite à ces affaires nos politiciens montent justement au créneau pour dénoncer « le fascisme » qui sévit sur internet. Des affaires il y en a tout le temps : Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy tous ont été mouillés dans des scandales souvent bien pires que le Watergate. Aucun résultat si ce n’est une danse du ventre devant les médias. Des mesures tape-à-l’oeil pour faire illusion (genre Woerth n’est plus trésorier de l’UMP).
Internet est un grand espace d’expression libre donc également de contestation. Des affaires qu’on voudrait étouffer, des mesures d’esbroufe avec lesquelles on pensait pouvoir endormir son monde se trouvent souvent décortiquées et contestées sur internet. Le coup de gueule d’Obama contre BP, l’affaire Woerth et même la prétendu super loi de régulation des marchés financiers. Tout cela serait sans doute passé comme une lettre à la poste si on n’avait eu que les médias classiques. Quelques petits remous sans plus.