Mais je crois que ce que veulent les homosexuels, c’est vos droits, pas votre avis.
Vous pouvez venir hurler partout, ici et là, que vous n’aimez pas ça, que ça vous déplaît, vous ne convaincrez personne.
Votre avis (et le mien également, et celui de n’importe qui) tout le monde s’en fiche. Ce qui compte, ce sont les arguments. Argumentez, que diable ! Et vous ramènerez des gens à votre cause.
Pour l’instant, vous ne faites que dire ce qui est bien ou pas bien, ce qui doit être et ce qui ne doit pas être, et pour et contre quoi vous êtes. Ca n’intéresse personne.
Je souhaiterais, Madame,
ou Monsieur, revenir sur votre article que je trouve bien creux du point de vue
de l’argumentation. C’est pourquoi je souhaite le reprendre point par point.
« La menace est en
effet réelle de voir des couples homosexuels pousser la porte de l’adoption. »
Les couples homosexuels
ne pousseront aucune porte. Ils en franchiront le seuil, tout au plus, lorsque
et si le gouvernement s’en charge, lui, de la pousser, c’est-à-dire d’autoriser l’adoption. Quant à considérer que c’est
une « menace », voilà un point de vue bien subjectif. Mais soit, c’est
votre article.
« Nous vivons déjà une
époque secouée de violents spasmes sociétaux, avec des changements majeurs
dans les schémas familiaux standards. »
Les « violents
spasmes sociétaux » étant difficiles à ne pas dénoter, je n’y reviendrais
pas. En ce qui concerne les « changements majeurs dans les schémas
familiaux standards », j’avoue ne pas voir de quoi vous parler. Éclairer
le lecteur sur ce point pourrait être une bonne chose.
« Est-il bien utile de
vouloir mettre encore de l’huile sur le feu ? »
Il est vrai que rajouter
une couche de tension sociale n’était peut-être pas chose très judicieuse.
Cependant, à l’heure où vous écrivez, l’huile a déjà été jetée. Le mariage et l’adoption font débat dans beaucoup de médias et les avis de tous bords vont et viennent, j’en prends exemple votre article. Vous argumentez donc rétroactivement.
« Et n’est-ce pas encore un faux débat
qui n’aurait que le mérite, encore une fois de diviser pour mieux régner ? »
Sûrement le seul
argument, bien que posé sous forme de question, avec lequel je suis assez d’accord.
On peut en effet se demander si concentrer l’attention du public sur ce
problème-là n’est pas un moyen de détourner son regard de problèmes de société plus
profond.
« Il faut avoir
complètement perdu la raison pour imaginer qu’un enfant puisse s’épanouir sans
avoir un concept qui soit appelé « Papa » et un autre
« Maman », dés sa plus tendre enfance. Et ce même si la présence
physique de l’un des deux n’est pas effective. »
Ah bon ? Je vous
paraphrase : un individu quelconque, qui « imagine » seulement un enfant
épanoui sans un concept de « Papa » et de « Maman » a donc complètement
perdu la raison. Les familles monoparentales, ainsi que les orphelins, ne sont
pas rares. Est-ce de la « folie », ou plutôt de la « perte de
raison complète », pour vous reprendre, que de simplement « imaginer »
qu’il y en a quelques-uns d’entre eux (à qui il manque au moins l’un des deux « concepts ») qui puissent être épanouis ? J’apprécierais beaucoup de voir une expertise
psychiatrique qui taxe d’aliénés les gens susceptibles de seulement imaginer
quelque chose de tel. D’ailleurs, il suffirait de trouver un seul orphelin épanoui, pour prouver qu’il reste quand même possible d’imaginer cette situation sans pour autant avoir perdu la raison.
« On veut encore
jouer les apprentis sorciers...sans savoir. Nous devons admettre que, dans
l’absence de certitudes totales, je dis bien totales, que cela ne nuise pas au
psychisme de l’enfant, nous devons nous interdire de tenter autre chose que ce
qui a été prévu pour nous par la nature. »
Entièrement d’accord.
Vous louez un principe de précaution au service du « psychisme de
l’enfant ». Mais c’est un principe, surement pas une loi de la nature.
La question reste entière, on peut en débattre : qu’a-t-il été prévu pour nous
par la nature ? La nature a-t-elle prévu pour nous que nous nous devons d’élever
nos enfants par une personne de chaque sexe ? Tout ce que nous savons n’existe
que de manière empirique : en effet, dans la majorité des ethnies
humaines, les enfants sont élevés par un homme et une femme qui sont généralement
ses géniteurs. C’est une loi empirique, pas une loi de la nature.
« Ce n’est pas
pour rien qu’il n’y a qu’un seul moyen de procréer. Il s’appelle aussi l’Amour.
N’est-ce pas cela au fond que nos dirigeants cherchent à tuer ? »
Vous avancez ici un
magnifique sophisme : il n’y a qu’un seul moyen de procréer (c’est tout-à-fait
vrai originellement, bien qu’aujourd’hui la science sache le faire in vitro),
il s’appelle aussi l’Amour. Eh bien, sachez qu’on peut procréer sans Amour. Les
femmes enceintes d’un viol seront les premières d’accord. Et l’on peut
également, j’imagine, être amoureux sans avoir la capacité de procréer. C’est
le cas de tous les couples homosexuels qui se disent amoureux, bien que vous n’êtes,
bien sûr, pas obligé(e) de les croire. Quant à mettre la procréation en lien
direct de cause à effet avec l’adoption des enfants (« Ce n’est pas pour
rien que… »), c’est très douteux. D’autant que cela stipule également le
refus de l’adoption pour un couple hétérosexuel stérile, et donc également
incapable de procréer. Au passage, ce couple hétérosexuel stérile, peut-il être
amoureux, bien qu’incapable de procréer ? Suivant votre logique, non.
« Non contents
d’avoir détruit lentement mais surement la cellule familiale au cours des
dernières décennies, ils s’attaquent maintenant à ce qu’il y a de plus sacré et
de plus beau en nous...en fait de plus divin : le pouvoir de donner la
vie. »
Sur la destruction de la
« cellule familiale au cours des dernières décennies », encore une fois,
j’apprécierais de savoir ce que vous évoquez exactement.
Par ailleurs, selon vous, on s’attaquerait
au pouvoir de donner la vie. Je ne comprends pas en quoi. Cela signifierait le
mettre à mal, diminuer ce pouvoir, l’abîmer, le réduire.
En quoi le fait d’autoriser
les homosexuels à se marier (qu’on soit pour ou contre) ou bien d’adopter des
enfants (qu’on soit pour ou contre) amènerait-il à s’attaquer au pouvoir de
donner la vie ? Les hétérosexuels qui veulent avoir des enfants auront toujours
autant le « pouvoir » d’en avoir, et ce indépendamment du fait que les homosexuels aient ou non le
droit d’adopter ceux qui n’en ont pas, et/ou celui de se marier. Encore un faux
lien de cause à conséquence.
« Et ce au prix
aussi de manifestations >>culturelles<< (c’est une idée d’Etienne
Chouard que de mettre entre chevrons inversés les mots « novlangue »,
et je crois que je vais la mettre en pratique) telles que la Gay Pride. Les
rares fois où je me suis attardée (époque lointaine où je regardais encore la
télévision) à jeter un oeil à ce triste spectacle, j’ai remercié le ciel de ne
pas habiter dans les parages. »
Libre à vous de
considérer la Gay Pride comme il vous plaît, je n’ai pas de commentaire à faire
là-dessus.
« Comment les
parents rentrant de l’école avec leurs enfants leur expliquent-ils pourquoi les
« deux messieurs tout nus » - et très visiblement pleins de substances
illicites - « s’embrassent dans la rue » (version soft bien sûr, vu
qu’il y en a qui se sodomisent carrément sur place) ? Très bonne question
mon enfant... »
L’exhibitionnisme est
puni par la loi. La consommation de substances illicites également, ainsi que
le fait de se « sodomiser [...] sur place ». Si vous avez assisté
à de telles démonstrations dévergondées je ne saurais qu’être de votre avis sur
le côté déplorable et honteux de la chose. Malheureusement, en l’absence de
sources évoquant ce genre de débordements, m’est-avis que ce que vous décrivez
est douteux (en ce qui concerne l’exhibitionnisme et la sodomie). Par ailleurs, je veux bien
admettre qu’il existe une certaine consommation de substance illicite lors de la
Gay Pride, mais cela n’a pas de lien direct avec la population qui
défile. Car c’est malheureusement aussi le cas lors de bon nombre de rassemblements
en général : manifestations, concerts… Cela vous gêne-t-il autant ?
Si oui, alors vous
feriez mieux de blâmer les forces de l’ordre qui tolèrent ceci, plutôt que les
homosexuels qui font la même chose que les autres.
Si non, alors dans le
tableau que vous décrivez, le fait que ces individus aient consommé des
substances interdites n’est qu’un moyen d’enfoncer le clou de la persuasion
émotive.
Et enfin, sur le fait qu’ils
s’embrassent… Eh bien, ils en ont tout-à-fait le droit ! On peut s’embrasser
sur la voie publique, c’est permis, nous sommes en république. Si l’individu
que vous décrivez ou si vous-même avez des difficultés à expliquer ceci à vos
enfants, à leur expliquer que ces gens sont homosexuels, alors le problème
vient de vous, pas d’eux, ils sont dans leur droit.
« Qu’ils puissent
vivre et avoir les mêmes droits que les autres, je suis entièrement d’accord. »
Tant mieux.
« Mais se marier n’est
pas un droit, c’est un devoir et un contrat que l’on signe devant Dieu. A la
base. Puis par la suite devant l’Etat. »
Si l’on est croyant, oui,
c’est devant Dieu. Sinon… Eh bien non ! La loi de Dieu ne s’applique qu’à
ceux qui y croient, pas aux autres. Par contre, la loi de l’Etat s’applique à
tout le monde, croyants et non-croyants. Or, en République française, par la loi
de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905, ce dernier « ne reconnaît […]
AUCUN culte ».
« Il exige que
ceux qui choisissent de s’y soumettre respectent ce qu’il implique. Et la
première des choses, c’est qu’il faut être un HOMME et une FEMME pour s’unir. »
Je ne crois pas que personne ait jamais demandé à ce que les homosexuels puissent se marier à l’Eglise. La loi de Dieu est ce qu’elle est, mais encore une fois, elle ne regarde que ce qui y croient. Donc là n’est pas la question. La République française, elle, ne reconnaît pas la loi de Dieu, et pour l’instant en effet, du point de vue législatif, il faut être un homme et une femme pour pouvoir se marier.
Pour l’instant, oui. Mais
justement, les lois sur le mariage ont vocation à changer. Et c’est bien en
partie l’objet de votre article, non ? Vous ne pouvez donc pas utiliser le
fait que c’est inscrit aujourd’hui sous ces termes dans la législation, pour argumenter
contre le fait que le gouvernement veuille les changer, puisque c’est justement
tout l’objet du débat.
Je vous remercie d’avance si vous prenez le temps de me lire. Cordialement, Etienne.