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Ezzedine el Kassem

Ezzedine el Kassem

Historien et Doctorant dîplomé de l’université D’Aix en Provence
de père Algérien et de mère Irakienne
j’ai grandi en lorraine dans le bassin houllier, où j’y ai passé
la plus grande partie de mon enfance, aujourd’hui mes occupations
professionnelles me partagent entre la France et le Yémen . 

Tableau de bord

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  • Ezzedine el Kassem falloujah 17 octobre 2006 08:28

    TABLEAU DEMOGRAPHIQUE

    Le poids des populations non françaises dans la population européenne qui était de 43,9 % en 1866, passait à 48,1 % en 1871 et à 45,6 % en 1891, puis à 37,6 % en 1901 et à 26,3 % en 1921 pour atteindre 22,1 % en 1926. Dans un document intitulé Dans l’organisation gouvernementale de l’Algérie (1901).

    A. Mallarmé écrivait :

    Nous savons pourquoi les Français de race et de naissance doivent, en Algérie, attacher tant de prix aux idées françaises et à leur maintien intégral dans un pays si diversement peuplé : les statistiques sont là pour nous prouver quelle est la gravité d’une pareille question. Mais, à l’inverse, on doit repousser, en Algérie plus qu’ailleurs, les doctrines étroites et fanatiques, émises de nos jours, grâce auxquelles, contre tout sentiment d’humanité et de civilisation, on priverait gratuitement le pays de forces vives et utiles. Il faut, au contraire, attirer en Algérie, avec prudence et ménagement, le courant de l’émigration étrangère, car, à tout prendre, il vaut encore mieux peupler un pays avec des étrangers que pas le peupler du tout. Nous travaillerons ensuite à nous les assimiler, à les pénétrer de notre génie national et à les incorporer dans la patrie française.

    Le peuplement de l’Algérie, par des Européens non français était nécessaire pour faire face au poids démographique de la population indigène dont l’existence en Algérie menaçait la pérennité de la présence française. Autrement dit, la population européenne de nationalité non française était perçue comme un mal nécessaire. C’est pourquoi son assimilation apparaissait comme une nécessité afin de contrer un danger potentiel susceptible de compliquer les relations diplomatiques françaises avec les autres pays européens (surtout l’Espagne et l’Italie).



  • Ezzedine el Kassem falloujah 17 octobre 2006 08:21

    La colonisation française commença à l’époque de Charles X (1757-1836), petit-fils de Louis XV et frère cadet de Louis XVI et de Louis XVIII. Devenu roi de France à la mort de Louis XVIII en 1824, Charles X développa aussitôt une politique autoritaire, cléricale et conservatrice, ce qui ébranla la stabilité de son règne.

    La conquête de l’Algérie s’inscrivait dans une tentative de restaurer l’autorité royale remise en question dès 1827. Sous prétexte de se débarrasser des corsaires turcs dans la Méditerranée, Charles X prépara, à la mi-décembre de 1829, une expédition d’envergure afin de conquérir l’Algérie qui était sous la suzeraineté du sultan turc d’Istamboul depuis trois siècles, sous le nom de « Régence d’Alger ».

    La France mit à contribution toute sa marine, avec l’accord des puissances européennes qui renouaient ainsi avec les grandes croisades chrétiennes contre les musulmans « infidèles ». Charles X choisit le comte Louis de Bourmont, ministre de la Guerre dans le gouvernement Polignac, qu’il nomma « commandant en chef de l’expédition en Afrique », par ordonnance du 11 avril 1830. Juste avant l’embarquement (le 10 mai), le général de Bourmont déclara solennellement à ses troupes :

    La cause de la France est celle de l’humanité. Montrez-vous dignes de votre belle mission. Qu’aucun excès ne ternisse l’éclat de vos exploits ; terribles dans le combat, soyez justes et humains après la victoire... Rendant la guerre moins longue et moins sanglante, vous remplirez les vœux d’un souverain aussi avare du sang de ses sujets que jaloux de l’honneur de la France.

    Ce sont souvent par de beaux discours de ce genre que sont justifiées les conquêtes militaires. En mai 1830, les troupes françaises, formées de quelque 37 000 soldats et 27 000 marins, répartis dans 675 bâtiments, débarquèrent le 14 juin dans la presqu’île algérienne de Sidi-Ferruch à 25 km d’Alger. De là, le général de Bourmont marcha sur la capitale qu’il fit bombarder jusqu’à ce que le dey capitulât le 5 juillet. L’expédition coûta 48 millions de francs à la France, près de 500 morts et plus de 2000 blessés. Puis les militaires français se livrèrent au pillage d’Alger, oubliant sans doute leurs voeux et l’honneur de la France. L’occupation de la ville fut accueillie en France avec une certaine indifférence. Le roi Charles X fut renversé quelques semaines plus tard. Les forces d’occupation

    Le roi Louis-Philippe 1er, qui succéda à Charles X, conserva quelques troupes à Alger et sur le littoral (Oran, Mostaganem et Bône) afin de pas donner l’impression de céder à la Grande-Bretagne qui exigeait le retrait de la France. Très rapidement, le nouveau régime suscita une certaine résistance de la part des populations arabes et berbères habituées à une autorité turque très indirecte. C’est alors que Louis-Philippe décida de s’allier les chefs traditionnels musulmans qui détenaient l’intérieur du pays. Toutefois, la conquête de l’Algérie fut longue, contrairement au Maroc et à la Tunisie où quelques accords suffirent pour imposer un « protectorat ».

    En Algérie, la conquête se fit par la force, village après village. La résistance du célèbre émir Abd el-Kader perdura durant dix-huit années. L’armée française réussit à occuper tout le pays seulement en 1847, lorsque Abd el-Kader déposa les armes et se rendit aux forces d’occupation (pour aller se réfugier ensuite au Maroc). Certaines villes furent dévastées par les troupes d’occupation françaises : Alger, Constantine, Médéa, Miliana, Tlemcen, etc. Les archives et les oeuvres d’art en bois servirent souvent de combustion pour les feux de camp des militaires. Les méthodes utilisées par l’armée française furent généralement brutales, comme en fait foi ce témoignage du lieutenant-colonel L.-F. de Montagnac, officier durant la conquête d’Algérie (Lettres d’un soldat, 15 mars 1843) :

    Toutes les populations qui n’acceptent pas nos conditions doivent être rasées. Tout doit être pris, saccagé, sans distinction d’âge ni de sexe : l’herbe ne doit plus pousser où l’armée française a mis le pied [...]. Voilà comment il faut faire la guerre aux Arabes : tuer tous les hommes jusqu’à l’âge de quinze ans, prendre toutes les femmes et les enfants, en charger les bâtiments, les envoyer aux îles Marquises ou ailleurs. En un mot, anéantir tout ce qui ne rampera pas à nos pieds comme des chiens.

    Les Français se livrèrent à la guerre bactériologique en empoisonnant les puits, sans parler de la destruction systématique des cultures. Le général Thomas-Robert Bugeaud, par exemple, organisa de façon systématique le massacre de populations civiles en enfermant les gens dans des grottes afin de les gazer en les enfumant. Il se vantait même de vouloir exterminer les Arabes : « C’est la guerre continue jusqu’à extermination... Il faut fumer l’Arabe ! » C’est ainsi que des tribus entières furent rayées de la carte. Alors que la population algérienne était estimée à quelque trois millions en 1830, elle n’en comptait plus que deux millions en 1845. Aujourd’hui, on parlerait certainement d’une forme de génocide.

    L’arrivée des colons européens

    Quant à la colonisation française, elle avait commencé aussitôt après la prise d’Alger, alors que des dizaines de milliers de Français vinrent s’installer en Algérie. Le général Louis Juchault de Lamoricière résumait ainsi en 1843 la position des militaires par rapport à la colonisation :

    En vue d’atteindre cet objectif, il est nécessaire de faire appel aux colons européens, et ce, parce que nous ne pouvons en aucun cas faire totalement confiance aux indigènes. Ces derniers profiteront de la première occasion pour se soulever contre nous. La soumission des Arabes à notre autorité ne constitue qu’une phase transitoire nécessaire entre la guerre d’occupation et la véritable conquête. La seule chose qui nous permette d« espérer pouvoir un jour affermir nos pas en Algérie, c’est de peupler ce pays par des colons chrétiens s’adonnant à l »agriculture...Pour cela, nous nous devons de tout mettre en œuvre pour attirer le plus grand nombre de colons immédiatement en Algérie et les encourager à s’y établir en leur attribuant des terres dès leur arrivée.

    Les colons firent main basse sur les terres arabes en achetant à vil prix de vastes domaines aux Turcs. Déjà, en 1841, dans ses Notes sur l’Algérie, le député Alexis de Tocqueville (1805-1859) dénonçait ainsi les spoliations dont étaient victimes les « indigènes » :

    Un marin qui était là et qui possède des terres reprenait avec vivacité qu’on avait tort de traiter les colons de cette manière ; que sans colonie il n’y avait rien de stable ni de profitable en Afrique ; qu’il n’y avait pas de colonie sans terres et qu’en conséquence ce qu’il y avait de mieux à faire était de déposséder les tribus les plus proches pour mettre les Européens à leur place. Et moi, écoutant tristement toutes ces choses, je me demandais quel pouvait être l’avenir d’un pays livré à de pareils hommes et où aboutirait enfin cette cascade de violences et d’injustices, sinon à la révolte des indigènes et à la ruine des Européens.

    Cela dit, Alexis de Tocqueville ne s’empêchait pas d’ajouter : « Quoi qu’il en soit, on peut dire d’une manière générale que toutes les libertés politiques doivent être suspendues en Algérie. » Bref, malgré certaines réticences, de Tocqueville, comme la plupart de ses contemporains, se faisait l’avocat de mesures radicales dans la conquête de l’Algérie, laquelle apparaissait à l’époque comme une nécessité pour maintenir la France dans son rôle d’expansion coloniale (à l’exemple de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne, de l’Italie, etc.). En octobre 1870, le décret Crémieux finit par accorder la nationalité française aux seuls Algériens de confession juive, une mesure qui heurta les autres communautés, notamment les Arabo-Berbères.

    La « mission civilisatrice de la France »

    L’idéologie de l’époque trouvait en partie sa justification dans la présumée « supériorité de la race française » sur la « race indigène ». Jules Ferry, l’un des fondateurs de l’éducation moderne française à l’origine des grandes lois scolaires républicaines instituant la gratuité, l’obligation et la laïcité de l’école, avait déclaré à ce sujet, le 28 juillet 1885, lors d’un débat à la Chambre des députés :

    Messieurs, il y a un second point, un second ordre d’idées que je dois également aborder [...] : c’est le côté humanitaire et civilisateur de la question coloniale messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. [...] Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. [...]

    Ces devoirs ont souvent été méconnus dans l’histoire des siècles précédents, et certainement quand les soldats et les explorateurs espagnols introduisaient l’esclavage dans l’Amérique centrale, ils n’accomplissaient pas leur devoir d’hommes de race supérieure. Mais de nos jours, je soutiens que les nations européennes s’acquittent avec largeur, grandeur et honnêteté de ce devoir supérieur de la civilisation.[...] La politique coloniale est fille de la politique industrielle.

    Ferry avait été promu ministre des Colonies (1883-1885), après avoir été ministre de l’Instruction publique (1879-1883). Très expansionniste, il était convaincu que la France avait une « mission civilisatrice outre-mer ». Il croyait aussi que la France civilisatrice avait un rang à tenir : « La France ne peut être seulement un pays libre ; [...] elle doit être aussi un grand pays, exerçant sur les destinées de l’Europe toute l’influence qui lui appartient [...] et porter partout où elle le peut sa langue, ses mœurs, son drapeau, ses armes, son génie. » Cet idéal justifiait la grande entreprise coloniale française promue par Jules Ferry. Le 30 juillet, Georges Clémenceau lui avait heureusement répondu par ces paroles :

    Je passe maintenant à la critique de votre politique de conquêtes au point de vue humanitaire. [...] « Nous avons des droits sur les races inférieures. » Les races supérieures ont sur les races inférieures un droit qu’elles exercent et ce droit, par une transformation particulière, est en même temps un devoir de civilisation. Voilà, en propres termes, la thèse de M. Ferry et l’on voit le gouvernement français exerçant son droit sur les races inférieures en allant guerroyer contre elles et les convertissant de force aux bienfaits de la civilisation. Races supérieures ! Races inférieures ! C’est bientôt dit. Pour ma part, j’en rabats singulièrement depuis que j’ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande, parce que le Français est d’une race inférieure à l’Allemand. Depuis ce temps, je l’avoue, j’y regarde à deux fois avant de me retourner vers un homme et vers une civilisation et de prononcer : homme ou civilisation inférieure ! [...]

    Je ne comprends pas que nous n’ayons pas été unanimes ici à nous lever d’un seul bond pour protester violemment contre vos paroles. Non, il n’y a pas de droit des nations dites supérieures contre les nations inférieures. [...] La conquête que vous préconisez, c’est l’abus pur et simple de la force que donne la civilisation scientifique sur les civilisations rudimentaires pour s’approprier l’homme, le torturer, en extraire toute la force qui est en lui au profit du prétendu civilisateur. Ce n’est pas le droit, c’en est la négation. Parler à ce propos de civilisation, c’est joindre à la violence, l’hypocrisie et la barbarie.

    C’est sous l’autorité de Jules Ferry que le fameux Code de l’indigénat fut promulgué, le 12 juin 1881 ! Pendant que la France adoptait des lois anti-arabes, elle se préparait à donner le nom de Jules Ferry à des centaines d’écoles et de rues. L’école préconisée par Jules Ferry, c’était aussi celle du « racisme d’État » au nom d’un certain « credo républicain » qui obéissait aux intérêts de la bourgeoisie industrielle et financière française. Aujourd’hui, des mouvements sont à l’oeuvre en France pour débaptiser le nom des écoles qui portent encore le nom de Jules Ferry.

    3.4 Une colonie de peuplement

    L’Algérie fut tout de suite perçue comme une « colonie de peuplement ». La France fit appel à une importante population européenne, française d’abord, mais également espagnole, italienne, maltaise, etc. Le rapport de la commission d’étude algérienne de 1833 précisait ainsi les choix de peuplement :

    Les colons doivent être recrutés non seulement parmi les Français, mais aussi parmi les étrangers, notamment les Allemands, aux qualités solides, les Maltais et les Mahonnais, moins recommandables, mais s’adaptant facilement au pays. Du reste il serait imprudent de se montrer exigeant sur la qualité là où on a besoin de la quantité.

    Les statistiques publiées régulièrement montrent que la population non française constituait une proportion importante de la population européenne en Algérie (voir le tableau ci-dessous), ce qui ne manquera pas d’inquiéter les autorités de la colonie. L’objectif était d’empêcher les communautés étrangères de menacer la souveraineté française et en cas de crise politique de faire appel à leur pays.

    Sélim Sabbah

    Historien



  • Ezzedine el Kassem falloujah 17 octobre 2006 07:01

    Bravo Dziri

    Sélim Sabbah Historien



  • Ezzedine el Kassem 16 octobre 2006 15:30

    Merci également Sihem, pour ton Texte magnifique du professeur Chitour.

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