Le « vote utile » contient une contradiction que vous n’abordez pas.
En effet, ceux qui s’apprêteraient à « voter utile » ne craignent absolument pas l’élection de l’extrême droite à la présidence de la République. Comme tout le monde, ils savent très bien que c’est totalement impossible - et l’expérience du second tour LePen-Chirac en est la preuve (82% pour Chirac, rappelons-le quand même).
Ce que craignent les « voteurs utiles » c’est le risque que le second tour ne leur permette pas d’avoir le choix.
Or (et c’est là, la terrible absurdité), pour avoir l’assurance d’un choix au deuxième tour, ceux qui « votent utile » s’interdisent de voter selon leur conviction au premier tour, ce qui revient à détruire purement et simplement leur choix !
Dans l’espoir de préserver un choix de second tour, le « vote utile » supprime celui du premier, ce qui est totalement absurde. De plus, croire qu’un second tour Hollande-Sarkozy représenterait réellement une alternative relève d’une aimable plaisanterie...
Je pose donc deux questions à ceux qui seraient tentés par la funeste aventure du « vote utile » : 1) ce qui importe au second tour, c’est la présence d’un candidat de gauche ou celle d’un programme de gauche ? 2) au lieu de chercher à voter « utile », ne vaudrait-il pas mieux voter efficace ?
Le plus grave étant, effectivement, la destruction pure et simple du contrat de travail, pour ne pas dire du droit du travail ! Or, cette politique contractuelle est prônée par François Hollande également (ah ! le fantasme du compromis !) ...
Si l’UMP sait que l’élection est perdue pour elle, la seule possibilité d’aller le plus loin possible dans sa logique, c’est d’en faire passer le maximum avant l’élection, même le plus incroyablement impopulaire, sachant que les socio-libéraux ne toucheront pas trop à ce qui vient d’être fait...
Dans son excellent ouvrage « Nous, on peut » (éd. Seuil), l’économiste Jacques Généreux explique très clairement le fait que les partis socio-démocrates « gèrent » les situations sans trop s’attaquer aux causes des dérégulations ; il suffit à la droite de patienter tranquillement jusqu’à la prochaine élection.
Quand Généreux écrit explicitement que les néolibéraux ne craignent même plus de passer en force avec des lois ultra impopulaires juste avant les élections, Nicolas Sarkozy vient tout simplement de lui donner raison !
Tout était dans le « pour éviter la catastrophe » ! Voici ce que j’entrevois, de mon côté :
- hypothèse 1 : la droite reste. Deux cas de figure : 1) on en bave encore pendant cinq ans, l’opposition serre les rangs, le PS se souvient d’où il vient et la gauche gagne sur un programme de gauche en 2017 ; 2) on ne tient pas jusque là, ça devient trop invivable, le peuple se soulève... je ne peux prévoir les conséquences ensuite... mais ça peut être l’une des deux suivantes.
- hypothèse 2 : Mélenchon gagne. Deux cas de figure : 1) il réussit à sortir la France de la mouise et on dit youpi ; 2) il rate son coup et rien ne nous empêche de tenter autre chose en 2017, les propositions ne manqueront pas.
- hypothèse 3 : Hollande l’emporte. Il applique le programme socio-libéral qu’il a présenté, ne s’oppose pas aux marchés et à la finance et poursuit, à peu de choses près, ce que la droite a commencé. Désolation. Perte de confiance vis-à-vis de la gauche. La fille-à-son-père s’impose comme la seule alternative en 2017.
Quelqu’un parviendrait-il à faire comprendre à l’épais John John qu’il poursuit un hors sujet entêté ? L’intitulé de cette zone de commentaires précise clairement « réagir à cet article ». Or, cet article est une étude des propos de Hollande à l’émission « Des paroles et des actes ». En quoi les considérations économico-philosophiques de cet exhalté et ses diatribes contre les communistes qui vont lui prendre son bas de laine, son jardinet et l’héritage de ses enfants nous intéressent-elles ? Qu’il nous gratifie d’un article sur la thématique de son choix et nous irons joyeusement commenter sa misère ! Qu’est-ce qu’un défenseur aussi acharné du libéralisme a besoin de venir vitupérer tandis que nous réfléchissons seulement à la dérive socio-libérale d’un parti dit de gauche ?