Combien de fois faudra t-il répéter que les politiques néolibérales ne consistent pas en un désengagement de l’Etat fantasmé par quelques supporters séniles, mais par une réorientation dogmatique de la puissance publique en faveur des citoyens les plus privilégiés ? Les chiffres cités sont irréfutables, ils n’en restent pas moins scandaleux, car si les prévélements obligatoires n’ont cessé d’augmenté depuis la préhistoire économique des années 30 dont se gaussent tous les historiens sérieux, les ponctions fiscales ont de plus en plus été inégalement répartis...
On se demande dans quelle banlieue sidérale gravitent les supporters de ces politiques européennes, quelle cécité volontaire peuvent les pousser à annôner la doxa infligeante de l’Etat tentaculaire et castrateur, quand le modèle de société sur lequel ils voudraient aligner l’Europe, les Etats-Unis, ne maintient à grande peine la cohésion de son tissu social éliminé qu’à force de vigoureuses relances ponctuelles, d’un protectionnisme draconien de tout temps, même sous l’ère Reagan. Le plan fameux de la guerre des étoiles n’a elle même été qu’une forme de relance pour stimuler l’activité.
Les libéraux européens sont vraiment amusants, soucieux de s’aligner sur un modèle qu’ils n’ont pas étudié, dont l’image chimérique ressemble moins à la vérité des Etats-Unis néolibéraux qu’à l’incurie monumentale des gouvernements républicains qui ont préparé la Grande Dépression.
C’est un article extrêmement intéressant. Nous voyons en ce moment même périr un monde, et, comme à chaque fois que ces choses se produisent, le public héberlué se demande comment, alors que les erreurs à ne pas commettre étaient si évidentes, nous avons pu en arriver là. Le plus tragique est peut-être de voir finir l’idée européenne sur les lèvres même de la dirigeante qui aujourd’hui dirige le peuple dont la motivation a porté à bout de bras durant les années cinquante la construction de l’Europe. On vilipende quotidiennement Sarkozy : bien que j’espère que celui-ci devra rendre compte un jour ou l’autre de ses crimes, lui n’a pas brandi hystériquement la vieille sagesse millénaire du contribuable pour saborder l’idée d’un gouvernement économique européen. Lui n’a pas affiché le rejet d’une politique sous le prétexte infantile de devoir protéger les bourses de ses électeurs, quand, le moindre économiste vous l’explique, la relative prospérité de l’économie allemande dérive en partie du pouvoir d’achat des marchés que lui a ouvert l’Europe, et bien évidemment des marchés orientaux. Rien de plus naturel dans ce cas de manifester un minimum de solidarité économique. Où est cette Europe espérée de protection des peuples ? je pense non à une guerre mondiale, mais à une exacerbation dans les années qui viennent de la "guerre incivile", selon l’expression de Jacques Généreux.
Certes, les nationalismes ne sont pas chauffé à blanc. Certes, je vois mal les peuples occidentaux reprendre le sentier de la guerre... Il reste que la situation présente de désagréables similitudes avec le contexte protectionniste des années 30, et qu’il est désarmant de voir avec quelle facilité les dirigeants européens commettent voluptueusement les mêmes erreurs pour la défense de leurs intérêts particuliers, aujourd’hui comme hier.