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Jacques Brodeur

Jacques Brodeur

Conseiller en prévention de la violence, éducation à la Paix, éducation aux médias
Ex-enseignant en éducation physique

Tableau de bord

  • Premier article le 23/07/2008
  • Modérateur depuis le 25/11/2009
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  • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 30 novembre 2009 20:58

    Je réponds moi-même aux 4 questions auxquelles vous n’avez pas répondu. Autrement, on n’avance pas, on piétine et on recule. 

    Pour quelles raisons les parents devraient-ils protéger les enfants de ces jeux vidéo classifiés 18 ans et plus ?

    Parce que leur cerveau ne peut pas faire clairement la distinction entre fiction et réalité. Ce processus de distinction se développe généralement entre 7 et 13 ans. La Cour Suprême du Canada a du, pour rendre un jugement devenu historique, questionner des experts et peser le pour et le contre d’une loi québécoise interdisant la pub aux moins de 13 ans. C’est là que j’ai appris ce que je sais de cette compétence du cerveau humain.
    http://scc.lexum.umontreal.ca/fr/1989/1989rcs1-927/1989rcs1-927.html
    Je dois ajouter que je rencontre régulièrement des jeunes de plus de 13 ans qui s’avouent incapables de distinguer entre fiction et réalité. C’est sur cette vulnérabilité humaine que les agences de marketing misent pour abuser les enfants en promotion publicitaire. Pour faire cesser ces pratiques commerciales abusives, il faut des gens comme vous pour prendre position et réclamer leur interdiction.  

    Quels dommages ces jeux classifiés « 18 ans et plus » pourraient-ils causer aux enfants plus jeunes ? Les dommages sont de trois ordres.
    D’abord, l’imitation. Matt Groenig interdisait à son fils de 12 ans de regarder l’émission de télé qu’il réalisait : Les Simpson. Quand je demande à des enfants de 8, 9, 10 et 11 ans de deviner pourquoi ce papa agissait-il de la sorte, ils trouvent des motifs par dizaines.

    Puis, il y a la peur, un sentiment qui paralyse l’humain. Pourquoi Steven Spielberg recommandait-il aux parents de ne pas montrer son film PARC JURASSIQUE à leurs enfants, c’est parce qu’il ne voulait pas que ses propres enfants et ceux du monde entier ne soient pas traumatisés.
    Enfin, le 3e motif pour interdire les jeux de meurtre à des moins de 18 ans, la désensibilisation. Si l’armée des États-Unis a utilisé des jeux vidéo de type FPS, c’est pour désensibiliser ses jeunes recrues et les rendre aptes à tuer « sans réfléchir ». C’est le Lieutenant-Colonel Dave Grossman, professeur de psychologie pour l’armée des USA qui nous explique à quel point ces jeux sont nocifs pour des moins de 18 ans dans son livre STOP TEACHING OUR KIDS TO KILL. Cliquez ce lien pour feuilleter.
    http://www.amazon.fr/gp/reader/0609606131/ref=sib_dp_pt#reader-link

    Comment les parents pourraient-ils reconnaître les indices de dommages causés par les jeux vidéo violents ?
    Quand votre enfant devient plus intéressé à la fiction qu’à la réalité, quand ses conversations avec les copains portent sur ses compétences à la console plus que sur des faits réels de la vie courante, quand les écrans accaparent plus de temps que ses travaux scolaires, quand il manifeste rapidement de l’impatience avec ses frères et soeurs, quand tous ses profs sont des abrutis, quand il ne manifeste aucune désapprobation pour des incivilités ou comportements antisociaux vus à l’école ou sur la rue, quand vous devez répéter les invitations à s’approcher de la table pour les repas et qu’il vous répond impoliment, quand il refuse de contribuer aux tâches familiales, y compris la vaisselle, pour retourner à l’écran, il y a là des signaux. Le bonheur, l’entraide, la vie, c’est la réalité. Le reste c’est de la fiction, et quand la fiction des écrans, jeux vidéo ou télé ou films, prend le pas sur la réalité, il y a un coût caché, et il y aura des frais.  

    Quelle limite de temps les parents devraient-ils fixer quand leur enfant s’amuse sur sa console de jeux ?
    Jamais d’écran dans la chambre de l’enfant. Jamais de jeux vidéo le matin avant d’aller à l’école, jamais plus d’une demie-heure d’affilée, jamais plus d’une heure par jour. Jamais après le repas du soir, pour éviter que la stimulation neuronale ne nuise au sommeil. Sur une semaine complète, jamais plus de 7 heures d’écrans, tous médias confondus : ordi, télé, jeux vidéo, film. Votre enfant apprendra à faire des choix, à planifier. Il a des milliers d’amis qui ont des parents bien plus chouettes que vous parce qu’ils n’encadrent pas leur consommation médiatique ? C’est l’indice qu’une petite mise au point s’impose.
    Vous n’êtes pas le papa ou la maman de ces copains. Et les parents de ses copains ne sont pas les parents de votre enfant. Quand c’est écrit 18 ans et plus sur un boîtier de jeu vidéo, vous savez que c’est malsain pour votre enfant. Je partage la suggestion à l’effet d’interdire la location ou la vente d’un tel jeu à un jeune qui ne peut pas faire la preuve de son âge. Le cerveau de mon enfant plus précieux que n’importe quelle tactique de manipulation commerciale. 

    P.s. Je précise que je ne ressens AUCUNE agressivité à l’endroit des amateurs de jeux vidéo mais que je ne ressens aucune pitié pour une INDUSTRIE qui exploite les vulnérabilités des enfants. Une telle industrie a des responsabilités, comme chacun et chacune d’entre nous. Et plus leur pouvoir et leur influence augmente, plus elles ont des responsabilités.     



  • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 30 novembre 2009 03:48

    Une classe nature, c’est merveilleux.
    Dix jours sans écrans, dans notre quartier, avec nos copains et nos parents, c’est encore plus merveilleux et réalisable qu’une classe nature. Et c’est à la portée de tous les milieux, riches et pauvres. C’est à la portée de toutes les écoles d’Europe où les enseignants et les parents sont prêts à préparer les enfants ensemble.  



  • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 30 novembre 2009 03:42

    Malsain et rétrograde ? Rendre des enfants conscients des impacts de leur consommation médiatique sur leur propre vie me semble plutôt sain et futuriste, non ? Découvrir que certains aliments peuvent nous rendre malades, n’est ce pas utile ? Même chose pour certaines scènes présentées sur les écrans.

    En tous cas, les enfants et les ados auxquels je m’adresse retirent beaucoup de plaisir et de fierté à développer leur VOULOIR et leur POUVOIR de garder leurs écrans fermés pendant 10 jours et apprendre à voir autrement.

    Tous les papas présents à la conférence où j’explique le DÉFI 10 jours sans écrans questionnent, commentent et votent parce que nous tenons à ce que la décision soit démocratique. Et devinez quoi ? Le vote est unanime. Tous veulent que leur enfant participe au projet.  



  • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 30 novembre 2009 03:32

    Comprendre le fonctionnement des médias ne ressemble en rien au Moyen-Âge. Éduquer les jeunes à décrypter des messages, à déjouer les stratégies des agences de marketing, à comprendre les impératifs auxquels doivent obéir les industries médiatiques, tout ça était impensable au Moyen-Âge. Alors je ne vois pas où est la pitrerie. Et puis éduquer les jeunes aux médias n’a rien en commun avec leur imposer une façon de vivre. Ce sont les publicitaires qui cherchent constamment à imposer une façon de vivre aux jeunes en utilisant les plus récentes découvertes en psychologie.  



  • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 30 novembre 2009 03:24

    Le problème c’est les deux : l’écran ET ce qu’il véhicule. C’est ce qu’il véhicule qui capte notre attention et nous captive. Les industries qui utilisent ces écrans pour nous divertir et nous garder prisonniers ont étudié nos vulnérabilités et savent en tirer profit. Il existe un moyen plus efficace et amusant que le bâton de nous libérer de cette prison séduisante. Ce moyen, c’est l’éducation, une victoire citoyenne républicaine obtenue après des millénaires de luttes. Un acquis en voie d’être déclassé par des industries médiatiques et publicitaires au pouvoir croissant. 

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