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Jacques Brodeur

Jacques Brodeur

Conseiller en prévention de la violence, éducation à la Paix, éducation aux médias
Ex-enseignant en éducation physique

Tableau de bord

  • Premier article le 23/07/2008
  • Modérateur depuis le 25/11/2009
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Derniers commentaires



  • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 20 novembre 2009 02:33

    Bonjour P1rlou1t,

    Puisque nous nous rejoignons sur le fait que les pubs soient néfastes, je vais tenter de répondre à vos remarques sur les jeux vidéo de meurtre, de type « First Person Shooter » (FPS). Mes données proviennent d’un dossier affiché sur le site de l’American Academy of Pediatrics en novembre 2009.
    http://pediatrics.aappublications.org/cgi/reprint/peds.2009-2146v2

    Les jeux vidéo violents peuvent enseigner certains comportements violents précis, les circonstances où ces comportements sont appropriés et utiles, ainsi que les attitudes et croyances concernant ces comportements. Ainsi, les scénarios sont appris et conservés dans la mémoire du joueur. (1) Les jeux vidéo réunissent les conditions idéales pour apprendre la violence et on y utilise plusieurs stratégies d’apprentissage efficaces. (2) On place le « joueur » en position d’agresseur et on le récompense pour ses succès à répondre violemment. Plutôt que d’observer l’interaction violente, comme dans une émission ou un film violent, le jeu vidéo FPS permet au joueur de répéter un scénario comportemental complet, de la provocation, à la décision de réagir violemment, jusqu’à la résolution du conflit. (3,4,5) Les enfants et les ados veulent retourner jouer de façon répétée durant de longues périodes dans le but d’améliorer leurs performances et d’accéder à des niveaux supérieurs. La répétition augmente l’effet. De plus, certains jeunes manifestent des relations pathologiques avec le jeu, une forme d’addiction, entraînant ainsi un disfonctionnement malsain. (6) Des électro-encéphalogrammmes ont été réalisés durant l’exposition à la violence médiatique et des études ont relié l’exposition à cette forme de violence à la diminution de l’activité électrique dans le cortex préfrontal, cette partie de notre cerveau responsable du contrôle des impulsions.(7)

    Vous vous demandez comment il se fait que « tous les jeunes joueurs de FPS qui s’entretuent virtuellement des milliers de fois ne passent pas à l’acte ». Il vous semble difficile d’évaluer une variation de leur pouvoir d’empathie. Ce pouvoir d’empathie a été évalué avant et après avoir « joué », avec des jeunes généralement doux et d’autres habituellement agressifs. Dans les deux groupes, on a constaté une augmentation de l’agressivité à court terme et on a découvert qu’elle se prolonge durant les 20 minutes qui suivent. On aussi constaté l’augmentation des attitudes et comportements violents à moyen terme ; on a aussi mesuré les impacts sur la criminalité à long terme, 17 années plus tard.

    Vous semblez me reprocher d’apparenter la sensation de « tuer » dans les jeux violents à la sensation de victoire dans les domaines où la compétition est présente, notamment le sport. Vous savez probablement que le sport est une activité culturelle qui s’inspire de la guerre. Nous vivons dans un monde et à une époque où la culture dominante a besoin de valoriser la performance individuelle, la concurrence et la domination, le plus souvent sous le vocable de compétitivité, ou de productivité industrielle. Dans ce contexte, le sport sert à enrichir des professionnels et à divertir les foules. Dans tous les pays, on impose des règles pour civiliser les affrontements sportifs et on oblige les athlètes à respecter la santé des adversaires et ...la leur. Sans de telles règles, sans arbitrage sérieux, sans contrôle antidopage, le sport devient vite dangereux et inacceptable socialement, parce que proche de l’agression criminelle ou de l’automutilation. Et que dire de la protection des spectateurs.

    Dans les armées modernes, on fournit du débriefing aux jeunes guerriers qui reviennent chez eux ; malgré cette précaution, plusieurs victimes du syndrome de stress post-traumatique ne retrouvent jamais une vie normale et certains fuient dans le suicide. Dans le sport moderne, les athlètes ont aussi recours au debriefing pour reprendre leurs esprits après un match particulièrement stressant, exigeant. Où est le debriefing des ados lorsqu’ils quittent leur console de jeux ? Peu d’entre eux tueront leurs voisins, leurs parents ou planifieront une fusillade dans leur école, vous avez raison, mais combien éprouvent de la difficulté à revenir à la réalité ? À quel point leur escapade dans la violence virtuelle les affecte-t-elle ? Quand la fiction violente devient plus valorisante que la réalité scolaire, pourquoi devrais-je faire des efforts de concentration pour écouter les explications de mon enseignant ? Pourquoi gaspiller mon temps dans des travaux scolaires « ridicules », épuisants, et de toutes façons « inutiles » ? Voyez-vous comment la fiction peut devenir attrayante, captivante, envoûtante, et extrêmement coûteuse ? Et comment le décrochage scolaire devient effectivement un mirage funeste pour le tiers des jeunes ?

    Parmi les enfants que je rencontre, et j’en rencontre beaucoup, aussi mignons, charmants et intelligents que les vôtres ou que celui de votre maman, si vous saviez combien m’avouent candidement à quel point les jeux vidéo les accaparent, tôt le matin, avant que leurs parents ne soient réveillés. Combien de fois leurs parents doivent leur répéter de quitter la console pour le repas. Combien s’endorment en classe durant le jour. Combien ne peuvent contrôler leurs émotions ou leurs impulsions lorsqu’ils se sentent agressés.

    Vous me demandez si, lors d’une compétition sportive, j’accuse le gagnant d’avoir diminué son empathie pour avoir éliminé un adversaire ? Votre commentaire tombe pile, juste au lendemain d’un match entre l’Algérie et l’Égypte. Il a fallu 15 000 policiers pour maintenir l’ordre, sans parler de l’autobus de l’équipe algérienne bombardé avec des pierres venues du ciel peut-être ? La compétition exacerbe les rivalités, elle peut rendre des sportifs et des spectateurs quasi inhumains, cruels, égocentriques. La compétition sportive requièrt des précautions sérieuses dans tous les pays du monde, y compris dans les écoles, lieu d’apprentissage du vivre ensemble.

    Ici, au Québec, après la victoire de leur équipe de hockey préférée, les Canadiens de Montréal, on a déjà vu des foules exprimer leur joie en défonçant des vitrines, en lançant des pierres, en incendiant des autos de police. Et puis l’année suivante, même comportement, cette fois pour exprimer leur déception suite à la défaite de leur équipe.

    Je conclus en rappelant que les jeux vidéo de meurtre FPS ont des effets sur les cerveaux, c’est une fait reconnu. Je ne propose pas de les incendier mais d’éduquer les jeunes et les parents, de les renseigner sur leurs effets. Ne serait-ce pas faire oeuvre socialement utile ? Qu’en dites-vous ? Nier les dommages, les étouffer, refuser de les voir ne fait qu’empirer la situation. La civilisation ne tombe pas du ciel. Elle se construit chaque jour, en augmentant le pouvoir des humains face à des technologies lucratives pour une minorité, mais qui comportent des coûts cachés pour une majorité des jeunes, y compris ceux qui ne feraient pas de mal à une mouche.

    Pour paraphraser une de vos compatriotes, « on ne naît pas homme ou femme, on le devient ». Et devenir humain aujourd’hui implique que l’on guide les jeunes vers une consommation médiatique éclairée, et non vers un nouvel esclavage.

    1. Bushman BJ, Huesmann LR. Short-term and long-term effects of violent media on aggression in children and adults.
    Arch Pediatr AdolescMed. 2006 ;160(4):348–352
    2. Gentile D. Pathological video-game use among youth ages 8 to 18 : a national study. Psychol Sci. 2009 ;20(5):594–602

    3. Anderson CA, Gentile DA, Buckley KE. ViolentVideo Game Effects on Children andAdolescents : Theory, Research, and PublicPolicy. New York, NY : Oxford University Press ; 2007
    4. Anderson CA, Dill KE. Video games and aggressive thoughts, feelings, and behavior in the laboratory and in life. J Personal Soc Psychol. 2000 ;78(4):772–790

    5. The impact of interactive violence on children : hearing before the Senate Committee on Commerce, Science, and Transportation. 106th Congress, 1st session (March 21, 2000) [statement of Craig Anderson, Department of Psychology, Iowa State University.

    6. Griffiths MD, Hunt N. Dependence on computer games by adolescents. Psychol Rep.1998 ;82(2):475– 480

    7. Carnagey NL, Anderson CA, Bartholow BD. Media violence and social neuroscience : new questions and new opportunities.
    Curr DirPsychol Sci. 2007 ;16(4):178–182



  • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 19 novembre 2009 19:10

    NO_MOVE véhicule trois mythes qui ont la vie dure.
    1) Les produits proposés par la pub ne seraient pas la source du problème ? FAUX. Quand la pub fait désirer aux enfants des aliments gras, sucrés ou salés, les produits ET la pub contribuent à la problématique du poids. Quand la violence des jeux vidéo FPS rend les enfants accros, obsédés, désensibilisés, ébahis, le jeu vidéo ET la violence qu’on y a injectée pour mousser les ventes FONT TOUS DEUX PARTIE du PROBLÈME. Évidemment, avant le produit ET la pub qui le fait désirer, il y a le fabricant et le commerçant qui vont emplir leurs poches avant que la société n’aie constaté la profondeur des dommages et ne se décide, malgré le lobby des producteurs ET des publicitaires, à réglementer les ventes et les abus contre les jeunes.
    Quand le jeune utilise sa console de jeux vidéo pour « s’amuser » à tuer, en fait, c’est le producteur du jeu de meurtre qui s’amuse à organiser les synapses de son cerveau pour le rendre satisfait d’avoir tué et réduire son pouvoir d’empathie. Cet impact n’est pas une appréciation subjective, ni une question controversée. C’est une conclusion qui fait consensus chez les scientifiques.
    2) Les sociétés ne feraient qu’exploiter la bêtise du consommateur-citoyen ? FAUX. Les sociétés ne font que ce qu’on leur laisse faire. Lorsque des citoyens organisés exigent la réglementation de la circulation routière, de la pollution alimentaire ou atmosphérique, que l’excision devient interdite, et que la violence conjugale et les bagarres au foot sont bannies, c’est que les pouvoirs publics ont pris des décisions pour assurer la primauté du bien commun sur les intérêts (ou les préjugés) de particuliers. Les trains français ont la réputation d’arriver et de partir à l’heure, c’est parce que des décisions ont été prises à cet effet, et non pas à cause de la « bêtise du consommateur-citoyen ».
    3) Si les enfants sont manipulés ce serait « simplement » à cause des parents-consommateurs-assidus ? FAUX ! Lorsque des prédateurs sexuels attirent des enfants en leur offrant des bonbons, leur tactique de manipulation les rend responsables du « consentement » des victimes et la société doit les neutraliser. Accuser leurs parents de ne pas avoir été assez vigilants n’est pas une façon sérieuse de protéger les enfants. Les parents ont besoin d’être renseignés sur les dommages causés à leur enfant dans la quiétude de leur foyer par une consommation médiatique « libre ». Je suis toujours étonné de voir des gens apparemment raisonnables être si prompts à lapider des parents « esclaves-de-la-société-marchande » pour se porter au secours d’industries multimilliardaires qui utilisent les dernières connaissances en psychologie pour se déguiser en amuseurs publics afin d’abuser des enfants. 

    Les trois mythes ci-dessus ont la vie dure parce qu’ils sont commandités. Il y a quelques années, on a découvert des taupes à l’OMS. Elles bloquaient toutes tentatives de condamner les industries du TABAC et celle de la MALBOUFFE. Espérons que la personne qui utilise le pseudonyme de NO_MOVE pourra demander à son moteur de recherche préféré de chercher « taupe à l’OMS » pour découvrir que le produit ET la promotion du produit font TOUS DEUX partie du problème.

    En terminant, je signale que le film « La Corporation » a été réalisé par un Canadien, un compatriote à nous, Québécois, dont nous sommes fiers.      
       



  • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 19 novembre 2009 16:51

    On a raison de croire que nos enfants sont des proies pour plusieurs agences publicitaires quand on sait que la créativité de leurs employés sert à étudier les vulnérabilités des enfants et des ados pour en tirer un profit commercial.
    Ce constat devrait-il nous convaincre que la protection est malvenue, ridicule ou inutile ? Pas selon nous. Quand l’évaluation des défis à relever nous conduit à penser que le combat est perdu d’avance, on fait fausse route, on est victime d’une surestimation des obstacles et d’une sous-estimation de nos capacités. Le cynisme n’est pas une attitude qui mène à la victoire mais un prétexte pour se retirer. Le cynisme nous donne l’impression de blesser nos adversaires alors qu’en fait on leur cède du terrain.
    Nous avons la certitude qu’une mobilisation lucide, planifiée, patiente, avec des objectifs ciblés, va pouvoir, un jour prochain, rallier une masse critique de parents, d’enseignants, de citoyens et de citoyennes. Suffisamment pour réveiller la société et « persuader » les décideurs publics que les droits de l’enfant doivent avoir préséance sur la capacité des médias de les divertir et le pouvoir de séduction des agences de marketing.    



  • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 19 novembre 2009 16:23

    Oui, plusieurs adultes ont été progressivement désensibilisés et pourront avoir du mal à le faire. Mais du mal faire quoi exactement ? Nous proposons simplement de refuser de baisser les bras et de prendre des mesures éducatives adaptées au monde aujourd’hui, hypermédiatisé. Quand on fait face à la puissance des industries médiatique et publicitaire, on se sent bien plus petit que David devant Goliath. Mais éduquer, rendre des petits humains conscients des dommages causés par la surconsommation médiatique, leur apprendre à découdre et déjouer des stratégies publicitaires, c’est très amusant, en plus d’être indispensable. Voulons-nous des citoyens-citoyennes debout ou de simples consommateurs-consommatrices assis ? À chacun et à chacune de choisir sa réponse. Et on se rend vite compte qu’on est nombreux à choisir la citoyenneté, bien plus qu’on pense. Il faut maintenant s’organiser. Une bonne intention sans organisation, ça ne pèse pas très lourd dans l’histoire. Les deux, c’est mieux.   



  • Jacques Brodeur Jacques Brodeur 3 août 2008 23:46

    Harry Peng écrit que « les réjouissances face au succès de la semaine sans écran le pousse à s’interroger sur la raison qui fait que l’écran reste désigné comme une origine des maux de notre société, alors qu’il est aussi banal qu’un aspirateur ou un robinet. » Quelle est la différence entre un aspirateur et un écran de télé ? Le premier a été conçu pour nettoyer les planchers et avaler la poussière, le deuxième est un appareil qui sert à attirer des cerveaux humains et à les garder attentifs. Pourquoi ? Pour leur faire avaler des messages publicitaires, tous conçus pour faire désirer des choses plus ou moins inutiles. La télé existe pour vendre du temps de cerveau à des annonceurs. Pire, les émissions servent à RENDRE les cerveaux disponibles et à contourner le sens critique des spectateurs. Harry Peng pense qu’il ne faut pas avoir peur des écrans. Les enfants de Strasbourg qui ont gardé leurs écrans fermés durant 10 jours se sont préparés et ont vaincu la peur que certains ressentaient à la pensée de fermer les écrans.

    Le DÉFI 10 jours pour voir autrement est un arrêt concerté, préparé et volontaire de consommation de petit écran. Les organisateurs n’ont pas peur de la télé, mais ils aiment les enfants plus que les écrans. Ils connaissent aussi l’emprise sur les enfants de ceux qui contrôlent les contenus. Mais ils refusent de laisser faire.

    Harry a raison de croire que la télé fait peur. Il a été scientifiquement démontré que les personnes qui regardent beaucoup de téléviolence perçoivent le monde comme plus dangereux qu’il ne l’est en réalité. La violence projetée à l’écran est un ingrédient accrocheur puissant et les enfants souffrent de la surexposition, comme tout adulte souffre d’avoir trop mangé de gras, de sucre et de sel. Au cours du dernier quart de siècle, les télédiffuseurs ont augmenté les doses de violence sans égard à la santé des enfants et des ados. Les dommages sont profonds, durables et cela est documenté dans des centaines d’études. Il est donc parfaitement sain que notre société incite les enfants et les parents à contrôler le robinet télévisuel. Ce qui fait peur, c’est que des adultes soi-disant « avertis » ne voient pas d’inconvénients à laisser des agences de marketing manipuler des enfants à des fins commerciales.

    Harry a le droit d’admirer le pouvoir de Goliath sur des millions d’enfants comme d’autres ont le droit de préparer des milliers de petits David à la victoire contre Goliath. Souhaitons avec Nadine Moreno, qu’un jour pas si lointain, toutes les écoles de France aident (j’ai bien dit aider et non obliger) les enfants à relever le DÉFI « 10 jours pour voir autrement » et à se libérer, pour un moment, de l’emprise des médias sur leur vie. Goliath et HarryPeng, je vous souhaite de répéter l’exploit vécu par les enfants deStrasbourg avec votre propre famille. Et venez nous donner des nouvelles !

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