Montebourg, on le sait depuis longtemps, est comme son ancien ami NPS Peillon, une girouette. De la gauche du PS à sa droite, le voilà en son centre. Mieux vaut l’ignorer.
De la part d’Aubry, l’incohérence est moindre. Le principe de sa motion, apparemment, est de rassembler des courants d’horizons divers et de les faire travailler ensemble, pour mieux préparer le rassemblement du PS autour d’une ligne ancrée à gauche mais pas gauchiste. Ainsi, on retrouve, chez elle, aussi bien des nonistes comme Fabius, que des strauss-kahniens comme Cambadélis, et donc Montebourg (j’en passe).
La démarche ne manque pas d’intérêt, mais amha, les militants désireux d’ancrer le parti à gauche ont plutôt intérêt à voter pour la motion Hamon. Quitte à s’allier ensuite avec Aubry. Car, plus Hamon aura de voix, plus Aubry sera porté à choisir cette alliance plutôt que le libéral Delanoë.
Eh oui, en ce moment, ça cogite sec au PS , niveau stratégie.
Venant d’un militant socialiste fabiusien, votre mauvaise foi ne m’étonne guère, après tout, vous défendez votre beafsteak.
Je ne suis pas "militant socialiste fabiusien", mais militant de gauche avant tout, à mi-chemin entre plusieurs courants. Si vous tenez à me mettre une étiquette, elle serait plutôt à rechercher du côté de La Forge, le think tank de Hamon, Mamère et Hoang-Ngoc. Mais plutôt que de nous attarder sur les procès d’intention, revenons au fond.
Venant d’un scientifique, elle me consterne. Nous sommes sur Agoravox, pas sur le site d’un parti politique. Pourquoi ne pas, pour une fois, laisser de côté votre manteau de militant et reprendre celui de chercheur, pour une analyse factuelle et objective des faits ?
Précisément parce que nous sommes sur un site de journalisme et de débat politique, et non dans un laboratoire de recherche. La rigueur scientifique, c’est aussi ne pas confondre ces deux champs dissemblables. On ne mélange pas la politique (activité hautement subjective) et la science (qui s’exerce le plus loin possible de toute influence idéologique, dans la mesure du possible), de même qu’on ne mélange pas la politique avec la foi.
Parler d’"analyse factuelle et objective des faits", en politique, relève donc d’une tartufferie, hélas très répandue parmi les tenants d’un "pragmatisme" mensonger (je pense en particulier aux pseudo-centristes). L’opinion politique est par nature basée sur une vision du monde hautement subjective. Il s’ensuit qu’une mesure gouvernementale n’est pas bonne ou mauvaise par nature, mais plus ou moins adaptée à une vision du monde, à des objectifs particuliers et aux intérêts des uns ou des autres, qui ne sont pas les mêmes pour tous les courants d’idées ou pour toutes les couches de la population. D’ailleurs, il n’y a rien de plus trompeur qu’un journal faussement objectif, qui, en fait, véhicule intentionnellement ou non la pensée dominante : je fais bien plus confiance aux journaux d’opinion, qui annoncent clairement la couleur... Quitte à en lire plusieurs pour peser les différents arguments.
Je revendique donc fermement le caractère partisan de mes messages sur ce site... et vous invite de même à ne pas vous cacher derrière la "réalité vraie", dont vous n’êtes pas le seul observateur.
(Et encore, même en sciences, la mécanique quantique nous apprend le rôle crucial de l’observateur dans la construction de la réalité, mais passons.)
Vous pourrez les interpréter à votre idée, mais de grace, ne les travestissez pas.
Plutôt que de rester dans le vague, répondez plutôt à mes arguments (tout de même assez factuels, en dépit de leur fatale subjectivité). Dites précisément ce qui est faux dans mon énumération des points communs entre les doctrines néolibérales de Bayrou et de Sarkozy.
Je ne vois pas pourquoi Hamon et Aubry seraient les dindons de la farce d’un retour en force de Mélenchon et Fabius. Bien au contraire, ces quatre-là ont tout intérêt à s’entendre, puisqu’ils représentent les motions qui souhaitent l’ancrage à gauche du PS et ne peuvent gagner séparés. Je suis assez partisan du renouvellement représenté par Hamon, mais si le veut en finir avec la ligne politique molle et immobiliste qui nous a amené aux défaites de 2002 (Delanoë et les jospinistes) et de 2007 (Royal et les barons locaux), il faut que les motions C et D travaillent main dans la main, sans sectarisme. Dans le contexte actuel de crise, qui ringardise définitivement le social-libéralisme, il y a urgence : le pire serait une victoire des sortants, ne présentant aucune alternative réelle à Sarkozy et offrant ainsi un boulevard à Besancenot et autres extrêmistes.
@ "Voltaire" (le vrai doit se retourner dans sa tombe)
Les différences que vous mettez en exergue entre les programmes de Bayrou et de Sarkozy sont des micro-différences, principalement formelles, qui ne parviennent pas à contredire le discours de Logan : Bayrou est néolibéral, beaucoup plus proche de Sarkozy que du PS. Vous qui parlez de second degré, je n’ose croire que vous parlez sérieusement quand vous voyez une différence fondamentale entre soutenir les grandes entreprises et soutenir les PME. Surtout si ce soutien se traduit par le même laisser-faire. Au passage, ce côté "small is beautiful" prête à rire lorsqu’on connait la réalité du travail dans ces PME aujourd’hui : non respect du code du travail, harcèlement moral des petits patrons poujados à l’encontre des salariés - profitant de l’asphyxie de l’inspection du travail, ... Cette idéalisation de la PME est tout sauf réaliste. Mais bon, c’est vrai qu’en France, on aime soutenir le petit contre le gros, ce qui est bien sympathique mais ne va pas chercher bien loin, quand on connait la nature humaine : le petit est autant capable d’un comportement de prédateur que le gros. Soutenir les PME contre les grandes entreprises, ce n’est pas moins à droite, bien au contraire c’est une obsession de l’extrême droite depuis la nuit des temps ; inversement, les syndicats sont plus puissants dans les grandes entreprises.
De même, lorsque vous dites que Sarko veut des heures supplémentaires détaxées et que Bayrou veut détaxer les emplois effectivement créés, on se pince pour vérifier qu’on ne rêve pas : waouh, quel goufre idéologique entre les deux ! Sérieusement, cet exemple est la preuve même du lien idéologique extrêmement étroit entre Sarkozy et Bayrou : les deux leaders de la droite française partagent le même populisme antifiscalisme, consistant à faire croire que la solution réside dans le toujours moins d’impôts. Il se trouve que l’Etat a besoin de l’impôt, non seulement pour assurer un système social digne de ce nom, mais également pour investir dans la recherche et dans les infrastructures, investissements indispensables pour la pérennité de notre économie, les entreprises elles-mêmes en bénéficiant. Il faut en finir avec l’antifiscalisme, qui met particulièrement en danger l’équilibre budgétaire des collectivités territoriales, déjà asphyxiées par la droite au pouvoir pour mieux embarrasser les gauches locales. Depuis des années, l’Etat jette de l’argent par la fenêtre en alignant des exonérations fiscales qui n’ont jamais créé le moindre emploi. Il est temps de rompre avec cette politique.
Enfin, quand vous prétendez que Bayrou veut annuler les baisses d’impôts mises en oeuvre par Sarkozy, vous vous trompez en grande partie. Il suffit d’un petit tour sur son site pour lire que Bayrou n’aime pas beaucoup l’ISF, par exemple. Il est vrai que depuis 2007, les propositions à lire sur son site ont été un peu modifiées pour des raisons de stratégie électorale : il lui faut se démarquer de son rival à droite.
Pendant la campagne de 2007 :
- Le PS voulait favoriser les 35h, tandis que Bayrou et Sarkozy réclamaient plus d’heures sups.
- Le PS voulait augmenter drastiquement le SMIC, tandis que Bayrou et Sarkozy voulaient alléger les charges.
- Le PS voulait inciter fiscalement les entreprises en faveur du CDI, alors que Sarkozy et Bayrou (pourtant opposé au CPE) voulaient étendre les règles du CNE à tous (contrat unique) : encore la casse du droit du travail.
- Bayrou se disait également favorable à la rupture de contrat par "consentement mutuel", reprenant l’exigence de Laurence Parisot, ce qui est l’essence même du néolibéralisme : croire que le salarié est libre d’accepter et de refuser à sa convenance les exigences du patron...
- Le PS voulait revenir sur le bouclier fiscal, tandis que Bayou et Sarkozy voulaient supprimer le caractère progressif de l’ISF
- Le PS souhaitait une république parlementaire, diminuant le rôle du président, alors que Sarkozy et Bayrou voulaient une réforme institutionnelle qui fasse du président le véritable boss : c’est "le président qui gouverne".
- L’Alliance pour la Planète de Hulot, jugeant les programmes en matière d’environnement, avait attribué une note moyenne à la candidate socialiste (13), mais des notes médiocres à Bayrou (9) et à Sarkozy (8,5). Corine Lepage n’était qu’une caution écolo...
- La candidate socialiste était soutenue par des économistes de gauche comme Piketty, alors que Bayrou était soutenu par des néolibéraux comme Camdessus ou Saint-Etienne. Et je ne parle même pas du soutien du groupuscule Alternative Libérale, le plus extrêmiste en France... et même du poujadiste Nicolas Miguet.
- Bayrou était également pour l’indépendance de la BCE et contre toute réforme du Pacte de Stabilité.
Bref, Bayrou, c’est du flan. On n’en parlerait même pas si la gauche n’était pas représentée par des politiques aussi desespérants que Royal ou Delanoë.