Et tous ce monde... à la Lanterne ! Non pas celle de la chanson, mais le modeste le pavillon de chasse des alentours de Versailles autrefois dévolu au Premier ministre et confisqué par sa majesté depuis 2007. C’est vrai que les soirées s’y coulent hors du temps, loin des soucis plébéiens dans la calme simplicité des gens qui n’ont pas à penser à la cuisine du soir pour leurs enfants.
Si vous n’aimez les homosexuels, la République et les valeurs de la Révolution, c’est votre droit. Mais quand vous écrivez « pour la France la déportation des homosexuels, en tant que tels, n’a été qu’un détail (62 personnes en Alsace-Moselle) », vous faites peur. A vos yeux donc, la vie de chacune de ces soixante-deux personnes n’aurait pas de valeur ? Du moins leur valeur serait diminuée en comparaison des 50 millions de morts provoqués par le conflit, dont je vous le rappelle, de plus de six millions de juifs dans les camps d’extermination et d’au moins cinq-cents milles tziganes. Les chiffres sont disproportionnés, je vous le concède. Mais malgré tout, peut-on accepter la mort d’un seul homme dans les conditions effroyables des camps nazis sous le prétexte qu’il n’est qu’un quidam noyé dans la masse ? A mes yeux, la mort d’un seul homosexuel vaut celle d’un seul communiste, d’un seul enfant juif, d’un seul résistant . C’est une mort de trop, c’est une mort inacceptable et injustifiable dans un conflit innommable aux conséquences funestes pour l’humanité toute entière. Toutes ces morts s’équivalent, aucune n’est tolérable.
Cher môsieur, j’ai bien peur qu’au fond de votre salon vous ne fassiez que cultiver la rancoeur et la haine du genre humain sous les manières d’un autre temps. Et quant à votre peur des lobbys et autres groupes de pressions, il faudra vous y faire. Rassurez-vous, il en existent de tous les bords, et même du vôtre !
Notre professeur à lunettes - qu’il porte bien - du bocage ne chercherait-il seulement qu’à se faire un nom ? Cet affichage permanent dans les médias, son obsession de tout démolir au non d’un hédonisme mythifié, ses voltes-faces et facéties en tout genre en font un penseur de circonstances près à faire feu de tous bois pour faire parler de lui. Sa rencontre avec Sarkozy a été une façon de se mettre en scène en jouant au plus fin avec notre médiatique président dont les « vertus » manipulatrices sont maintenant bien connues. Mais qui a été l’arroseur arrosé dans cette histoire ? Pour ma part, petit professeur comme lui d’origine normande, mais sans lunettes, je viens de terminer la lecture de son traité d’athéologie. Bien m’en à pris de le comparer au livre de P. Veyne publié en 2007 « Quand notre monde est devenu chrétien ». Force est de constater qu’Onfray n’est pas un historien. Il n’en a ni la réserve dans le jugement, ni la retenue du propos, ni la rigueur dans l’analyse des sources .. et j’en passe. Certains passages sont proprement scandaleux tant l’absence de contextualisaion et le manque de recul sont flagrants. Tout au plus Onfray affiche ses opinions, c’est bien. Mais au moins qu’il ne se revendiquent pas historien. J’ai bien peur qu’il fasse subir à Freud le même traitement qu’il a infligé à l’empereur Constantin. Dans tous les cas, malgré sa grande capacité à captiver, je n’ai pas plus tenir plus de dix minutes l’audition des conférences de son université populaire retransmises par les soins de France Culture. Entre autres malhonnêtetés, ce qui m’a fait le plus bondir dans certains de ses propos, c’est son incapacité à concevoir la souffrance psychologique comme une réalité. Bon, reconnaissons-lui malgré tout le courage de ses opinions et une
façon de s’exprimer séduisante et captivante, autant à l’oral qu’à
l’écrit. Des capacités pédagogiques en somme ...
Un article inutile, stupide et dangereux dont l’argumentation repose sur des considérations morales très discutables. La bonté et la générosité ne peuvent se mesurer à la capacité à financer des associations caritatives. Cela d’autant qu’on sait bien que la charité est sélective et que le « bon » riche choisit toujours le « bon » pauvre qu’il veut aider - le plus souvent en lui enjoignant en retour une attitude et une conduite moralement acceptables à ses yeux. Personnellement, je refuse d’entrer dans la logique libérale du charité business, et surtout pas pour soulager d’éventuels problèmes de conscience ! La redistribution par l’Etat me semble le meilleur moyen pour parvenir à un système d’entre-aide social efficace dans une perspective solidaire et égalitaire. La vraie générosité ne consiste pas seulement à se demander de quoi son voisin a ponctuellement besoin et de donner en conséquence, mais aussi et surtout à se tenir prêt à partager avec ses concitoyens tels qu’ils soient dans la perspective du bien être individuel et commun ; c’est le principe de base du socialisme et des politiques sociales. Et pour rafraîchir la mémoire des bonnes consciences qui objecteraient qu’elles préfèrent connaître la destination de leurs contributions - ce que ne permet pas toujours de faire un système de redistribution étatique, il est vrai - je citerai ces mots du nouveau testament : « Quand tu donnes, fais attention que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite ».
Certes, c’est une manière de voir les choses. Mais la politique de cantonnement de la police et de la justice à un rôle de répression a montré ses limites. L’important c’est de tisser du lien social. On ne craint que ceux que l’on ne connaît pas et par le dialogue on peut éviter bien des tensions. C’est sûrement ce que l’on a oublié : une société fondée sur un individualisme forcené dans laquelle chacun est avant tout motivé par l’avoir dans un esprit de compétition permanente est vouée à l’échec. On peut réprimer tant qu’on le veut, cela s’avérera nécessairement inefficace.