Pour info, un satyre ne peut être ni un singe ni un porc. Un satyre a des pieds de boucs, de petites cornes et joue de la flûte, souvent de Pan. Quoi ? C’est de « satire » dont vous parlez ? Tu m’étonnes. On débat avec « 10000 personnes », on fait feu d’Ortega y Grasset et de Kant dans tous les sens et on a jamais un moment pour jeter un oeil dans le Larousse et du coup on écrit n’importe quoi n’importe comment. Mais l’essentiel, c’est de faire entendre sa voix pas vrai, peu importe les âneries et les platitudes entremêlées qu’on débite à jet continu...
Le président de la République française a pris la parole à la télévision le lendemain du scrutin, ce jour-là il a fait savoir que ce résultat, 13,93% de soutien dans la population, avec des départements, plusieurs départements dans l’Est et le Sud-Est de la France où la population a accordé à son parti moins de 10% des suffrages ! (Var, Alpes-Maritimes, Savoie, etc.) ne changeait rien, qu’il n’y aurait pas dissolution de l’Assemblée, que ce désaveu sans appel, historique, inédit dans la République, il passerait outre.
Moins de 14% des suffrages, c’eût été à peu près le score électoral de Pierre Laval en mai 1944 si des élections avait pu se tenir à ce moment. Un gouvernement qui choisit d’ignorer un tel score électoral en sa défaveur n’est plus démocratique, son mépris de la volonté populaire qu’il piétine le fait sortir de la décence démocratique.
La comparaison avec le gouvernement Laval n’est pas anodine : le gouvernement Laval, à l’instar de celui de celui de Hollande-Valls, face à l’impopularité de ses politiques, annonçait ce que Hollande a annoncé aux Français lundi dernier : plus de la même chose et à régime plus intensif encore, car s’il y a des mécontents, c’est parce que nous ne sommes pas encore allé assez loin dans ce que nous nous proposons de faire. Tel était le discours de fuite en avant de Laval sous l’Occupation et tel est le discours « européiste » de la clique d’allumés qui dirige la France.C’est le discours des totalitarismes, sourds et aveugles, et exaltés, qui entendent guérir les maux auxquels ils président en redoublant les doses des actions qui les ont causés.
Les commentateurs politiques partisans (presque
tous le sont) qui se répandent sur les résultats de ce scrutin manifestent un
syndrome de dissonance cognitive typique : ils se plaisent à rappeler que le
chiffre de 25% des électeurs du FN masque le fait que seul un Français sur 10
s’est déplacé aux urnes pour soutenir ce parti, en oubliant de voir que c’est à
peine plus d’un Français sur 20 qui l’a fait pour soutenir le parti politique
au pouvoir et que jamais la France sous la cinquième république (et même avant
!) n’avait été dirigée par un parti qui ne recueille que 13,93% de soutien
dans les urnes.
L’autre remarque porte sur la dissonance cognitive
aggravée dont témoignent les militants, sympathisants et amis du parti au
pouvoir, à commencer par son secrétaire général Cambadélis, qui a repris la
scie désormais coutumière des soirs d’élections marquées par une
« poussée » (comme s’il s’agissait d’urticaire) du FN : ce serait,
selon la formule qu’ils se mettent spontanément en bouche "un jour sombre
pour la démocratie". Cette formule a été émise aussi par le directeur du
Magazine Littéraire sur le plateau de France 2 dimanche soir (on se demande un peu en quelle qualité ce monsieur s’adressait aux
Français pour commenter ces résultats d’élection mais passons). "Jour sombre
pour la démocratie", déclarent-ils tous sanctimonieusement et sans
explication, en recueillant des hochements de tête grave du public invité et des
journalistes compatissants. Eh bien l’heure est venue à présent de leur
retourner leur scie et de se déclarer pleinement d’accord avec eux : le jour où
l’on apprend que le plus grand pays d’Europe est gouverné et va continuer de
l’être pendant encore trois ans par une clique d’allumés qui méprise le peuple
et ses aspirations en bénéficiant du soutien de13,93%de
l’électorat, oui, en effet, c’est bien là un
jour sombre pour la démocratie.