La différence entre tolérance , empathie et compréhension est capitale (le mot « tolérance » fait ou plutôt faisait partie du discours politique) en ce sens que la tolérance induit l’idée de prise en compte forcée et réfléchie de l’autre. Cela a un grand intérêt pour un politicien puisque cette réflexion est imprégnée des codes de la pensée dominante, c’est-à-dire celle qui est véhiculée par les medias de masse , donc facile à modifier pour peu qu’on respecte certaines règles inhérentes aux facteurs humains , comme le temps d’assimilation (d’où l’intérêt de « préparer l’opinion »)
Et comme on « tolere » les autres , ils deviennent vite « notre enfer » puisqu’on éprouve aucune compréhension, donc aucune empathie (résultat d’une société qui comprend non seulement des classes mais aussi des champs à l’intérieur des classes ) c’est encore une bonne façon de diviser pour mieux régner. On évite ainsi la propagation de conflits sociaux entre les champs d’une même classe en différenciant les champs par des cloisons que l’on nomme « privilèges ». l’avantage des privilèges c’est qu’on ne voit que ceux des autres... Le meilleur exemple actuel est celui des carburants : ils sont indispensables à une grande partie d’entre nous ne serait ce que pour aller travailler . Or les medias ne relatent que les difficultés des marins pêcheurs (qui sont réelles) en mettant l’accent sur le fait qu’ils ne payent aucune taxe. Résultat assuré au café du commerce : les premières personnes a souffrir des augmentations parce qu’ils habitent à cinquante kilomètres de leur lieu de travail se désolidarisent sous prétexte que les marins ont des privilèges ! Ce système est la porte coupe feu mise en place pour assurer la stabilité de la société.
La devise « l’enfer c’est l’autre » est le principal procédé homéostatique de notre société.
Mais il ne faut pas pour autant oublier la relation dominant dominé (cf Pr Henri Laborit) qui est une composante essentielle de la relation humaine. Si les rapports humains se résument au bénéfice que l’on en tire , le principal bénéfice est la dominance. Le fait de penser que « l’enfer c’est l’autre » , ou que l’autre a une vie plus facile parce qu’il bénéficie de privilèges , permet de nous conforter dans l’idée que nous avons plus de mérite qu’eux et nous place dans une position que l’on juge (tout seuls mais confortés par la pensée dominante de la culture du mérite) dominante puisque plus méritante. C’est un autre type de porte coupe feu qui permet de cloisonner non plus les champs professionnels mais les individus à l’intérieur du même champ.
Tout ceci me laisse à penser que nous avons à faire à une exploitation néfaste de la sociologie , qui a permis à nos politiciens de comprendre la relation humaine pour mieux l’utiliser à des fins de manipulation. Les élites n’ont pas reculé au bénéfice du chef , mais s’en servent au bénéfice de la dominance.
Je pense même que la spécialisation conduit à l’individualisme , puisqu’elle supprime l’interface commune à tous qui permet le
dialogue et la compréhension de l’autre. Nos sociétés se sont complexifiées à un tel point que même en étant de bonne volonté
il est presque impossible d’être en possession de tous les éléments nécessaire à la formation d’un avis éclairé.
Le temps joue aussi un rôle important. En premier lieu , nous vivons à l’ère de l’information « fast food » en flot continu ,
qui très souvent parcellaire et sans réelle analyse , cela nous oblige à faire confiance au journaliste pour la hiérarchiser , ce qui
est un vrai problème (voir les travaux de Pierre Bourdieu sur le champ journalistique et sur la télévision) ,et en second lieu
le temps d’instruction s’arrête pour beaucoup à l’entrée dans la vie professionnelle , qui laisse peu de temps à la culture personnelle
puisqu’il faut produire , consommer et se détendre, tandis que la culture de l’esprit est vue comme une « prise de tête ».
Tout cela ne serait pas un problème si on ne demandait pas au citoyen de voter pour un projet de société. La tentation est grande
d’abandonner une décision qu’on est pas en mesure de prendre au seul diktat de l’image et du fast thinking , qui laisse grande
ouverte la porte au totalitarisme !
J’hésite entre avoir froid dans le dos ou etre mort de rire... ça serait marant de voir comment se comporteraient tous ceux qui décrient les cheminots (qui ne s’auto-votent pas leurs régimes de retraite) si ils avaient les memes « avantages ».Il ne faut pas tout confondre ,et sutout pas les élus et les salariés !
Pourtant j’aurais des raisons d’etre jaloux et de bruler du « privilegié » d’un coup de clavier vengeur : 0 jour de RTT , 39h hebdo, si tout va comme il faut , retraite pleine à 68 ans, 0 prime annuelle,0 euro d’augmentation depuis 5 ans etc... Ben non ! j’aurais plutot tendance à dire : « je revendique ma retraite apres 37 annuités » mais apparement je suis le seul puisque mes collegues de condition sont tous d’accord pour rempliler 2 ans de plus ,et avec le sourire !!!
Pendant ce temps là , les parlementaires , cumulards , carrieristes , opportunistes , utilisent le pouvoir que le bon (naif) peuple leur a confié pour...s’octoyer une retraite multivitaminée riche en omega 3 ! Décomplexé , qu’il a dit l’avisé Nicolas (qui ne s’est pas oublié non plus mais c’est un autre débat).
Mais ça a l’air de pas mal marcher chez les adeptes du jt-de-20-heures-qui-permet-de-tout-savoir-sur-tout-sans-lire-et
- tout-en-ayant-les-resultats-du-foot.Ceux là , ils tapent sur les cheminots...
A chaque fois qu’un mouvement social est lancé on entend plus que des protestations du style :
« ils n’on t pas le droit de... »
« encore un mouvement politisé... »
j’en passe bien sur, il suffit d’ecouter ceux qui n’ont pas les moyens de se defendre pour en entendre d’autres comme celles ci !
Je pense que c’est toujours une erreur de stigmatiser ceux qui tentent quelque chose.Et de toutes façon , quels moyens a t’on à notre disposition quand on est contre un projet mis en place sans vote ?
Bien sur, on ne verra JAMAIS un mouvement d’ouvriers issus de PME , ils n’en ont les moyens ni financiers, ni syndicaux (ils ne sont pas presents dans les PME).
Je fais partie de cette categorie et beaucoup de choses me révoltent mais impossible de le faire savoir.Ah si , pardon, voter et prier...
Comme je l’ai lu plus haut :« ceux qui sont pointés du doigt comme étant des privilégiés sont en réalité les garde fous d’un modèle ultra-libéral utilitariste, et pour tout dire déshumanisant » et j’ajouterai « désocialisant » puisqu’on ne sait meme plus respecter les combats de nos concitoyens !