Malheureusement, easy, bien des pathologies restent hermétiques à la raison. Je crains que votre légitime remarque ne soit qu’un coup d’épée dans l’eau. Aussi, afin de vous épargner des dépenses énergétiques inutiles, je ne peux que vous inciter à la compassion (et au zapping). Amicalement.
Nous sommes donc bien d’accord sur l’utilité du Net, sur l’incroyable révolution qu’il représente, et sur l’auto édition.
Revenons au papier. Que faites-vous des gens qui ne possèdent pas, et pour part d’entre eux de possèderont jamais de PC, ni de connexion internet ? De ceux qui vivent sous sous une dictature qui filtre les contenus ? Ceux-ci représentent l’énorme majorité des lecteurs, sans nul doute. La France n’est pas le monde, n’est-ce pas ? Et le combat pour la liberté sur le Net est bien loin d’être gagné, s’il l’est jamais un jour. Je me permets, en toute amitié, de vous conseiller un peu de ciné, pour changer. Avez-vous vu « La vie des autres », de Florian Henckel von Donnersmarck (Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2006, je crois, ainsi que récompensé par de nombreux autres prix) ? Et peut-être aussi de relire Soljenitsyne ( en version papier svp, pour le plaisir).
Voici qui peut-être vous procurera d’autres angles de vue et alimentera votre réflexion.
Merci enfin pour la qualité de cet échange de vues, qualité qui devient bien rare sur AG.
Je suis ce qu’on appelle un gros lecteur depuis l’âge de 8 ans. Aujourd’hui dans la cinquantaine, quelques milliers de volumes me sont passés dans les mains. Je surfe sur le Net depuis 1995. Ceci pour vous dire que malgré ma forte tendance au « geekisme », je n’ai pas du tout le même rapport aux livres que vous.
Il me semble que vous évacuez un peu vite un élément à mes yeux essentiel, à savoir l’aspect sensuel de l’objet livre. Car un livre, ce n’est pas qu’un contenu. Certes ils jaunissent, s’écornent, se tâchent, accumulent poussières et odeurs, vieillissent, s’égarent pour un jour réapparaître. Bref, ils vivent. Mais aussi, on les annote, on les relit là où on les avait cornés, on les prête, on les donne, on les conserve précieusement pour les donner à ses enfants. Quand au confort d’utilisation, il est imbattable. Il peut être lu dans tous les lieux, dans toutes les positions, ne nécessite aucune source d’énergie autre que de la lumière, il est très solide et ne tombe jamais en panne. Il y a quantité de livre que je conserve près de moi ( non loin de mes trois PC !). J’en ai grand besoin, car ils m’ont construit, ils font partie de moi. M’en séparer reviendrait à me couper le bras droit (je suis droitier). Quand un ami se vois envieux de lire le livre dont je viens de lui parler, je préfère lui en offrir un neuf que de lui prêter mon vieil exemplaire, car celui-là, c’est le mien. Il est vrai que je pratique l’innocente manie d’utiliser pour marque-page tickets de ciné, lettres,cartes postales, petits mots qu’on m’a passé, articles de journaux, billets de train ou d’avions, entrées de musées, d’exposition etc... Fragments du passé chargés de nostalgie. Le Net ne permet rien de tout cela, mais possède ses propres atouts, en particulier pour tout ce que j’appellerais la documentation qui venait autrefois encombrer nos étagères (la cuisine chinoise, installez votre aquarium, soignez votre bonsaï, entretenir sa moto, ouvrages professionnels, de droit, de fiscalité, guide des vins etc...). Formidable le Net, sans compter la possibilité qu’il offre de lire des extraits de romans avant de partir en chasse dans sa librairie préférée, ou celle de retrouver d’occasion des oeuvres rares, pilonnées ou depuis longtemps épuisées. Mais ce qui me choque, c’est que vous avouez qu’il vous arrive de jeter des livres. Impensable pour moi. Bien sûr, l’encombrement est un réel problème. Alors on pourrait les vendre. Cette idée me répugne. Les donner à qui ils peuvent faire plaisir est la meilleure solution, il y a ensuite les organismes caritatifs, les nombreux sites de don. Ma préférence actuelle va au Book Crossing (si vous ne connaissez pas, Google est votre ami) en version sauvage. J’ai pris l’habitude d’abandonner les livres que je ne souhaite pas conserver, simplement dotés d’un pot-it portant la mention « cadeau, prenez-moi », dans des lieux fréquentés, tels que gares stations de métro ou de bus, bistrots, restaurants, présentoirs des boutiques, boites aux lettres, rebords de fenêtres, quand je ne les donne pas directement dans la rue, de la main à la main. C’est très amusant de savoir que ce livre continuera à vivre et procurera du plaisir à d’autres lecteurs.
Cependant, je suis tout à fait d’accord avec vous pour dire que le Net est une opportunité formidable pour les jeunes auteurs qui peuvent se faire connaître, diffuser leurs oeuvres et s’auto-éditer. Mais je pense que rien ne surpassera jamais l’édition papier, car aucune loi, aucun lobby, aucun pouvoir, aucune HADOPI n’est parvenu et ne parviendra jamais à manipuler, à faire taire ou à faire disparaître les livres, ce qui sera bien plus facile sur le Net. (relire au besoin 1984, Farenheit 451, ou simplement se souvenir de l’histoire des religions, du nazisme ou des dictatures communistes ou fascistes) N’oubliez jamais que l’un des tout premiers actes de toutes les dictatures est d’interdire, de réécrire ou de brûler des livres.
De nouvelles preuves, tant dans l’article que dans les commentaires, en faveur de la théorie qui veut que la sensibilité à l’humour soit génétiquement déterminée. (Pour les cas les plus réfractaires : c’est de l’humour)
Nous vivons parmi les infirmes et les malades, n’est-ce pas ? Ce qui me paraît grave, c’est que le rire mène à la tolérance, et que bien peu d’entre nous franchissent ce pas, faute de pouvoir faire le premier. ( là, ce n’en n’est pas)