@ xa : « Contre exemple : départ uniquement possible et obligatoire à 67 ans = age moyen à 67 ans ».
Certes. Mais c’est une mesure impossible à mettre en œuvre, à moins bien sûr que les Grecs trouvent un moyen miraculeux de parvenir au plein-emploi et interdisent les licenciements !
Je vous remercie d’avoir accompli cette recherche. J’en ai moi aussi effectué une lorsque j’ai rédigé mon article, car je n’avais pas envie de raconter n’importe quoi. Je ne comprends pas que des professionnels de l’information n’aient pas adopté une démarche similaire, sur un sujet aussi sensible, relayant des propos dont la pertinence méritait de toute évidence d’être vérifiée.
Je ne comprends toujours pas cet âge de 53 ans, car j’avais trouvé ce site qui corrobore les infos que vous donnez sur la loi de 1992, évoquant différents âges possibles de départ à la retraite selon le nombre de jours de cotisation, mais il n’y est pas question du cas particulier que vous mentionnez (pension réduite dès 53 ans à condition d’avoir cotisé 10500 jours, ou 7500 pour les travaux pénibles). J’avoue ne pas trop m’y retrouver dans ce système où les calculs sont effectués à partir des jours travaillés... Pourriez-vous m’indiquer le site où vous avez trouvé cette information ? (si vous le retrouvez, sinon tant pis)
Dans tous les cas, et vous le soulignez à juste titre, l’information telle qu’elle a été relayée par les médias se révèle totalement erronée. Elle n’a de toute évidence fait l’objet d’aucun examen critique de la part des journalistes qui s’en sont fait l’écho, et c’est bien dommage. En l’occurrence, cela en a amené certains à prendre pour la norme des cas particuliers qui semblent très minoritaires si l’on en croit les chiffres disponibles...
J’aimerais que l’on nous explique la situation réelle des Grecs plutôt que de nous faire miroiter des avantages qui n’en sont pas réellement (en quoi consistent les 13ème et 14ème mois, le montant des pensions touchées par ceux qui quittent le monde du travail à 53 ans...) et qui peuvent nous induire en erreur. Mais en même temps je ne me fais pas trop d’illusions sur le système médiatique et sa façon de gérer les informations. Il faut faire bref, ne pas trop entrer dans les détails, quitte à donner dans la caricature, en particulier à la télévision...
Mais j’aimerais bien le savoir, ce que signifie cet âge de 53 ans ! C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai pris l’initiative de poster cet « article »... Je n’ai aucunement la prétention de faire du journalisme, même amateur, car je n’ai aucune formation dans ce domaine et je ne prétends pas analyser l’actualité. Ce qui m’intéresse, c’est la façon dont les médias influent sur les mentalités, notamment lorsqu’ils présentent une certaine façon de penser comme la norme et excluent toute alternative.
Je trouve qu’il est nécessaire d’exercer un regard critique sur les médias, leur façon de travailler et le traitement qu’ils font de l’information. Je suis admiratif du travail qui est accompli par des associations comme Acrimed, des émissions comme Arrêt sur images, ou de simples internautes, notamment sur Agoravox. Aujourd’hui j’ai apporté une modeste pierre à cet édifice, dans la mesure de mes moyens. Ma formation d’historien m’amène à effectuer un travail assez proche des journalistes (utilisation de sources primaires, secondaires, critique, etc) et je constate que la paresse qu’il m’arrive de constater dans ma branche (certains historiens peu scrupuleux ne font plus l’effort de vérifier les sources, se contentant de s’appuyer sur le travail des autres, parfois jusqu’à l’excès, quitte à recopier leurs erreurs) est de plus en plus répandue dans le milieu des médias. Et ça c’est autrement plus dangereux...
Mine de rien, rédiger cet article m’a pris un temps considérable. Moi j’ai pointé le problème du doigt, après c’est aux journalistes de faire leur boulot et de rectifier le tir (à supposer qu’ils soient capables de reconnaître leur erreur). Je veux bien chercher à leur place ou passer une heure à vous expliquer la crise grecque, mais je ne suis pas rémunéré pour cela et j’avoue avoir d’autres priorités, notamment les concours que je suis en train de préparer. Dans un monde où les médias fonctionneraient correctement, ce travail n’aurait pas à être accompli par des bénévoles.
Je vous rejoins sur le fait que 53 ans, même pour une période de crise, c’est bien trop bas... Cela rend d’autant plus incroyable le fait que tant de journalistes aient répété cette information sans se rendre compte qu’elle posait problème ! Je pense que l’explication la plus plausible est la faute de frappe.
Je ne connais pas le site dont vous parlez. En tout cas, on aboutit forcément à ce genre de dérive quand on demande aux journalistes de privilégier la quantité à la qualité : il est plus rapide de faire aveuglément confiance aux dépêches plutôt que de croiser les informations ou de vérifier à la source... En tant qu’étudiant en histoire j’ai pu constater que certains historiens (parfois réputés) désireux d’arrondir leurs fins de mois faisaient pareil : ils publient des ouvrages grand public bâclés, qui sont bourrés d’erreurs et d’approximations, parce qu’ils ne prennent pas le temps de se reporter aux sources.
Premier constat : jusqu’à présent personne n’a été en mesure de me fournir une explication plausible à cet âge de 53 ans qui est censé correspondre à l’âge moyen du départ à la retraite des Grecs. Pour ma part j’en doute, mais je n’ai pas trouvé mieux que les chiffres de 2005.
Second constat : supposons que 53 ans soit actuellement l’âge moyen du départ à la retraite en Grèce (ce qui reste à prouver). Un gouvernement ne peut en aucun cas décréter que l’âge moyen du départ à la retraite sera désormais de 67 ans. Il peut fixer un âge légal, mais il ne peut en aucun cas faire en sorte que les Grecs partent effectivement à la retraite à 67 ans. Si une entreprise veut lâcher du lest, si les chômeurs ne trouvent pas d’emploi, ce n’est pas les ministres grecs qui vont y changer quoi que ce soit. Par conséquent, soit la dépêche simplifie à outrance les propos du ministre grec (53 = âge moyen actuel ; 67 = âge légal à venir), soit le ministre annonce une mesure qu’aucun gouvernement ne serait capable d’appliquer (faire en sorte que les gens quittent en moyenne le monde du travail à 67 ans). Donc soit les médias ont véhiculé une information erronée, soit ils n’ont pas relevé le fait que les propos du ministre grec constituaient un mensonge manifeste.
Troisième constat : pour moi il existe une grosse différence entre quitter le monde du travail à 53 ans (et donc toucher une pension misérable) parce qu’on a été contraint de le faire, faute de boulot disponible, et partir en retraite une fois que l’on a atteint l’âge permettant de partir à la retraite avec une pension décente. A votre avis, qu’on compris les Français qui se sont répandus en injures sur les forums à propos des Grecs après avoir entendu que l’âge moyen de la retraite était de 53 ans en Grèce ? Qu’ils se retrouvaient ensuite dans une grande précarité tout le restant de leur vie, ou qu’ils se la coulaient douce avec une pension bien confortable ? (il serait à peine caricatural de rajouter : « grâce aux aides versées par les Français qui, eux, ne font pas semblant de travailler »)
Ce que je reproche aux médias c’est d’avoir véhiculé une information pour le moins suspecte sans avoir cherché à la commenter ou à l’expliquer. La déclaration du ministre grec, telle que l’a reproduite l’agence de presse, était soit approximative, soir erronée, soit mensongère. Dans tous les cas, l’absence de reformulation claire de cette dépêche ambigüe de la part des journalistes (qui se sont contentés de la recopier ou la répéter telle quelle) a induit de nombreux lecteurs et auditeurs en erreur, renforçant ainsi l’atmosphère détestable qui règne actuellement dans les médias lorsqu’il est question de la Grèce. Les journalistes et économistes se comportent en donneurs de leçon, ils véhiculent une image très négative des Grecs : travail au noir (jusqu’à gonfler lamentablement les chiffres comme l’a fait Alain Minc), critique du fait qu’ils aient eu recours à la titrisation de leur dette (ce qui était pratiqué par tout le monde jusqu’en 2004, car légal), train de vie excessif, sans compter les éternels clichés sur les pays méditerranéens !