Quel plaisir de vous lire, d’autant plus que beaucoup de vos compatriotes de toutes origines sont assez sévères avec nous.
Je suis toujours surprise de constater que le Français moyen ne donne pas beaucoup l’impression d’aimer la France et surtout sa langue. Un si beau et grand pays, malgré des faiblesses inhérentes à tout changement. Une langue si belle. Lors d’un voyage au Mexique, je me faisais demander de parler en français car, disaient-ils, cette langue est comme de la musique avec toutes ses nuances. Même avec notre accent du XVIIe siècle, la langue française sait toujours séduire.
Quant à moi, je crois toujours à une France intemporelle et je refuse de chasser de ma mémoire tout ce qui m’enchante et me réjouis à son sujet. Et ce n’est pas de la nostalgie. Il faut connaître et avoir connu la mentalité anglo-américaine-saxonne pour l’apprécier, surtout en ces temps si difficiles.
Vous verrez la France et la francophonie sortiront victorieuses de toutes ces attaques dont elles font l’objet dans le moment et particulièrement depuis la dernière guerre.
Et je vous remercie de croire en notre ultime démarche, vous qui connaissez bien maintenant notre situation.
Il est bien certain que ce dossier doit être judiciarisé ; c’est ce que nous comptons faire.
Me Néron conçoit très bien que le « cas » des descendants de Français de l’ancienne Nouvelle-France est particulier et il l’a signalé au Greffier en Chef. Voici ce qu’il écrit :
« Vous aurez remarqué, madame la greffière en chef, que le rapport entre les Français d’Amérique et leur mère-patrie est atypique. Il n’entre pas facilement dans les modèles déjà établis. En étudiant aussi les dispositions du Code civil sur la nationalité, on se rend compte que le législateur français n’a jamais eu à se pencher directement sur cette réalité. À l’époque médiévale, les princes avaient confondu et fusionné les notions de propriété et souveraineté, transformant ainsi l’être humain en simple accessoire du sol. Le règne du jus soli s’est imposé pendant des siècles. Le développement du droit civil a permis d’apporter des adoucissement à la rigueur de la réalité des lois. La Révolution de 1789 a bien tenté de mettre un terme aux vestiges du droit féodal. Il est bien certain que la seule naissance sur un territoire donné n’imprime aucun caractère national chez l’individu. Les Canadiens, qui vivent depuis 250 ans sous un régime britannique, n’ont jamais développé aucun sentiment d’appartenance à l’endroit de la Grande-Bretagne. Le même phénomène s’observe en France. Le simple fait d’être né en France, d’y avoir grandi, étudié et travaillé n’est pas une garantie d’attachement à cette nation. Certains Français, citoyens de la République, ne rêvent-ils pas ou n’essaient-ils pas d’ailleurs de ravager leur pays et de s’en prendre à tout ce qui brûle ? Le jus soli a de grands avantages pratiques, et des limites certaines. »
Beaucoup de Québécois, descendants de Français se considèrent comme des « apatrides ».
Il faut bien être Québécois chloroformé pour parler de foire d’empoigne. Depuis les années 80, et particulièrement à la suite du référendum de 1995 (cf. Jean Chrétien qui avait instrumentalisé les résultats du référendum pour supplier les Québécois de ne plus jamais faire de référendum afin de ne pas diviser les familles comme cela s’était fait au cour de la campagane référendaire ), les Québécois, contrairement à leurs ancêtres, ont dû se plier à la langue de bois, au politiquement correct.
C’est Me Julius Gray , avocat connu et reconnu, qui signalait, il y a quelques années, que cette langue de bois était née à Toronto.
Vous ne trouvez pas cela inquiétant ce musellement ?
Des discussions vigoureuses et polies ne sont pas des foires d’empoigne.
Notre démarche est d’ordre juridique et s’adresse à « ceux qui le désirent ». À chacun d’y trouver son compte.
Je vous remercie infiniment de vous être donné la peine d’écrire cet article sur ce dossier qui me tient vraiment à coeur. J’avais depuis toujours la conviction profonde d’être toujours Française. Les hasards de la vie m’ont mise sur le chemin de Me Christian Néron, chercheur redoutable beaucoup plus qu’ « avocassier » : les préjugés ont la vie dure...
Comme nous avions adopté la voie juridique, il est bien certain que le dossier n’a pas été publicisé comme il l’aurait dû sans doute. Et vous nous en donnez l’occasion. Merci encore une fois.
Dans notre esprit, il n’a jamais été question que tous les Québécois, de gré ou de force, redeviennent des Français. Cette démarche s’adresse à « ceux qui le désirent ».
Nous allons en appel de la décision du Tribunal du Service de la nationalité des Français nés et établis hors de France, à la suite d’une décision rendue, le 12 mars dernier et ce, en vertu de l’article 30-3.
Cet appel sera portée auprès de la ministre de la Justice Madame Rachida Dati qui, je crois savoir, possèdent trois nationalités : la française, la marocaine et l’algérienne. Mais je peux me tromper...