Pour vous donc, les mesures annoncées hier par Obama (retour au Glass-Steagall Act de facto) sont un leurre ?
Ne pensez-vous pas que dans la bataille à couteaux tirés que se livraient Summers et Volcker pour obtenir l’oreille du président, ce dernier est en train de l’emporter ?
Le meilleur moyen d’éviter de reproduire les « erreurs » de nos dirigeants (qui remontent à la fin des années 70 et qui ont été poursuivies et amplifiées depuis), c’est d’aller jusqu’au bout de leur logique - c’est à dire dans le mur - en espérant que le choc soit suffisamment violent pour qu’en soit tiré quelques leçons utiles.
A vrai dire, il n’y a aucune autre alternative, l’Histoire montrant que lorsque une civilisation atteint un tel niveau de déliquescence - et encore, nous sommes loin d’être au bout de nos peines, toute tentative de réforme échoue systématiquement (qu’on se réfère à la toute fin du règne de Louis XV par exemple).
"En effet, quand la crise des subprime leur a pété à la figure, ces
mêmes banques ne savaient pas comment Etats et banques centrales
allaient se comporter, ne serait-ce que parce que ces derniers ne le
savaient pas eux-mêmes au départ.
En résumé donc, je crois que cette hypothèse de banques comptant dès
avant la crise sur les sauvetages étatiques est fausse et repose à la
fois sur une surestimation du degré de réflexion des grandes banques
quant à leurs stratégies, et sur une sous-estimation du caractère
largement improvisé des mesures de sauvetage appliquées par les Etats
et les banques centrales."
Je crois au contraire que Paulson (ancien boss de GS) savait parfaitement ce qu’il faisait ; à savoir lâcher sciemment Lehman (la concurrente historique de GS) pour en faire profiter GS et quelques autres.
Une fois de plus, vous ne semblez pas avoir compris que le ver est dans le fruit depuis bien longtemps et que la corruption règne à tous les niveaux au sein de l’establishment US.
Ah et de grâce, ne me parlez pas de complot là où il y a juste des intérêts bien compris.
Je m’excuse mais je ne vois pas où John fait mention d’un quelconque complot. En l’occurrence, il insiste sur le fait que vos analyses sont d’un conformisme lénifiant et qu’elles n’apportent pas grand éclairage sur les évènements récents (oui je sais, je me répète moi aussi).
Et effectivement, votre cursus ne plaide pas en votre faveur... Disons qu’en forçant un peu le trait, il suffit de lire les journaux ou - pire encore - d’allumer la radio ou la télévision pour se rendre compte que ceux qui sortent de Science Po jouent le plus souvent - et avec zèle ! - le rôle de parfait idiot utile des cyniques véritables qui pour leur part, se moquent bien de chercher à justifier rationnellement leurs actes.
Voyez Marc Fiorentino par exemple, je doute que vous puissiez remettre en cause ses compétences en la matière, bon et bien, le bougre ne s’embarrasse pas plus que ça pour nous affirmer qu’au vu des tendances actuelles, une crise dévastatrice (à côté de laquelle 1929 serait une crisounette) nous attend d’ici grand max 2 ans...
La différence entre lui et vous, c’est que lui sait à peu près dans quel état REEL est le système tandis que vous semblez continuer à vous référer à des données officielles dont on sait qu’elles n’ont quasiment plus rien à envier aux statistiques soviétiques.
Et c’est la raison d’ailleurs, pour laquelle vous ne pouviez « objectivement » pas prévoir en 2007 la crise de l’automne 2008, vu que vous basiez votre raisonnement sur ces chiffres officiels...
Ne dit-on pas qu’un pessimiste est un optimiste qui s’est renseigné...
Pour conclure, je peux comprendre que vous puissiez trouver certaines critiques injustes ou infondées mais je tiens quand même à vous dire ceci ; si vous avez l’intention d’exercer des responsabilités politiques, évitez de trop prendre les gens pour des cons ou alors, faites le bien. Dans tous les cas, vous avez quelques progrès à faire...
Vous semblez vous étonner du fait que nombre de réactions à vos articles soient franchement hostiles.
Vous devriez comprendre que, au vu des derniers développements tout à fait alarmants de cette crise - brillamment relatés par Michel Santi (entre autres) ici-même, votre surenchère techniciste puisse apparaître à beaucoup comme peu pertinente.
Pour le dire autrement, il ne faut pas chercher à voir de l’anti-intellectualisme dans le fait que nous vous jugions complètement à côté de la plaque.
Certes, votre initiative semble désintéressée et pleine de bonnes intentions mais votre ton de maître d’école - je ne dis pas condescendant - ne peut que vous exposer à de féroces sarcasmes si votre « éclairage » n’apporte aucune plus-value par rapport aux explications lumineuses de nos « experts » auto-proclamés (Cohen, Marseille, etc).
Aussi, je ne résiste pas à reproduire ici ce que vous écriviezen août 2007 :
==> "Je n’ai rien contre les intervenants qui prophétisent l’écroulement du
capitalisme financier : dès lors qu’elles sont argumentées, leurs
opinions sont par définition respectables.«
[...]
»Je voudrais donc simplement leur signaler trois choses : il y a une différence fondamentale entre souhaiter l’écroulement du
capitalisme financier parce qu’on en désapprouve les fondements, et
démontrer qu’effectivement la crise actuelle est le début d’un
écroulement ; or à ce jour, aucun des éléments de la crise financière
actuelle ne permet de pronostiquer objectivement un « krach » de grande
ampleur ; intellectuellement, on ne peut mélanger deux choses qui n’ont
rien à voir (par exemple la crise financière actuelle et la guerre en
Irak) que si l’on démontre logiquement qu’il y a un lien entre ces deux
choses ;
il est parfaitement possible d’être en profond désaccord avec les
intervenants qui pronostiquent l’écroulement du capitalisme financier,
sans être pour autant un intoxiqué par telle ou telle propagande ou un
suppôt de Satan. «
Inutile de préciser à quel point la suite des évènements s’est chargée de remettre à leur place vos certitudes »objectives"... Cela étant, vous étiez loin d’être le seul à n’avoir rien vu venir mais il serait dommage (fin c’est pour vous, moi je m’en fous après tout) que vous persistiez à ce point dans le déni de réalité.