Difficile
de répondre au mépris quand il cible l’expression politique, quand
l’objet de ce mépris est une personne dont le crime est d’oser se
présenter à une élection.
Visiblement le courage d’être seul est
pour l’auteur du billet une raison supplémentaire de mépriser.
Je pense que la réponse est que j’assure l’auteur de ce mépris que je lutte et lutterai demain pour sa liberté qui m’est aussi précieuse que la mienne, puisque je ne peux être libre que si lui l’est aussi.
Bel
élan de courage pour l’auteur qui exprime sans doute là son sens
profond du respect des idées et des règles nécessaire à la démocratie.
J’avoue
ne pas comprendre comment l’auteur en arrive à interpréter Debray
comme il le fait, puisqu’il semble parfois lui faire dire exactement le
contraire de ce qu’il veut dire.
L’article fait effectivement ressortir
le faux-vrai du discours de Mme Lagarde, et aussi le réel mépris de
’’l’élite’’ pour tout ce qui ose questionner son pouvoir.
Un point capital manque pourtant :
Il s’agit de la logique de la nomination de Mme Lagarde. Elle n’est
pas là par hasard, ou encore parce qu’elle faisait de la politique.
Lorsqu’elle a été appelée pour la
première fois par le politique, c’était pour le commerce extérieur,
et le choix pouvait se comprendre puisque sa mission au sein du
cabinet international était de développer avec acharnement le
business au profit d’intérêts privés particulièrement voraces. On
pouvait donc supposer qu’elle puisse le faire au profit du non-privé,
au profit de la France, au profit des entreprises françaises. Il
suffisait néanmoins de s’assurer de ses convictions au sujet de
l’intérêt de la France et de l’intérêt général.
Depuis Mme Lagarde a été placée à
un poste clé pour l’économie de la France par un M. Sarkozy
totalement fasciné par le Grand-Fric. Pour comprendre le pourquoi de
la nomination, il faut sans doute aller voir pour quelles raisons Mme
Lagarde a pu faire sa carrière et se retrouver nommée à l’exécutif
de l’énorme cabinet d’affaires : Pour y obéir à qui, pour y
faire quel genre d’affaires, arranger quels montages, selon quelle
logique et au profit de quels intérêts. Il faut aussi se demander, comme certains le font ici, par exemple à quoi elle a travaillé dans le cadre de
l’élargissement de l’UE, pour quels résultats économiques, quels
bénéfices tangibles et au profit de qui. On peut comprendre alors
qu’au lieu d’être attribuée à ses compétences techniques, sa
réussite professionnelle a très vite pu être attribuée à une
servilité zélée dédiée aux montages et à l’établissement de
règles permettant à la finance de supplanter l’économique et le
social, et ce pour le profit d’intérêts privés, limités dans un
premier temps, mais ensuite élargis à ceux d’une oligarchie
supra-nationale.
Pour M. Sarkozy, placer Mme Lagarde à
l’économie de la France est autant politique qu’un gage de sa propre
soumission à un système dont il attend soutien et reconnaissance,
que ce soit le cac40, l’ultra-libéralisme mondial ou le Grand-Fric
en costume de diamant et d’or. Mme Lagarde n’est évidemment pas
placée là pour des compétences économiques qu’elle n’a pas
puisque son parcours démontre au contraire une vision exclusivement financière de l’activité et de la vie économique et
sociale. Restent donc pour comprendre sa nomination, les gages
données à l’oligarchie mondiale pour démontrer son acharnement à
remplacer les logiques des équilibres économiques et sociaux par
des logiques imposées par les seuls intérêts de cette finance
mondiale. En martelant par exemple quotidiennement que c’est la finance qui
détermine ce que doivent être l’économie et le social, Mme Lagarde
se veut la meilleure pour mettre en place des lois nationales,
subordonnant ainsi la vie des populations aux lois de l’oligarchie mondiale.
Derrière la femme avocate, derrière
la femme politique, il y a en fait ce qu’elle a toujours été :
Une employée modèle, grandement félicitée et récompensée par ses
maîtres qui sont les mêmes depuis trente ans.
Pourquoi ne pas réfléchir à partir du constat présenté et dont de nombreux éléments méritent réflexions ? Au lieu de cela il est présenté une série de ’’mesures’’ interdisant d’entrée toute réflexion. Comment peut-on être aussi politiquement conforme et catégorique en partant d’un constat se voulant authentiquement contestataire ?
Comment croire que le grand chantier pour construite le monde de
demain se résume à l’application des vues de tel ou tel ’’camp’’ ?
Qui peut encore croire que l’acte fondateur d’un tel chantier - ou
d’un début de résistance – sera la victoire de tel ou tel camp ?
Qui peut encore oser prétendre avoir déjà les solutions, déjà
compris tous les problèmes, savoir comment devront s’organiser les
sociétés ? Qui se sent capable de parler au nom de tous les
peuples - puisque mondialisation il y a - ?
Voir gagner son parti, son champion, avec tel mais sans celui-là
: Et après ? Que fait le champion ? Quelles indiscutables
valeurs serviront de socle à son action et surtout à celles de ceux
qui veulent s’engager ? Quelle éthique guidera l’exercice de son
pouvoir ? Quels espaces auront été créés ?
A part la satisfaction d’être élu et la prétention d’avoir du
pouvoir, quels chantiers seront engagés, avec qui, quels moyens, et
pour quels horizons ?
Il me semble qu’il y a des moments où l’esprit partisan est une
façon détournée de refuser d’affronter les vrais problèmes.