Patrick Adam

Mais vindicative Lalla. Ne vous êtes-vous jamais dit que depuis que vous intervenez dans ces différents débats, vous ne le faites qu’à contresens ? N’avez-vous pas remarqué que le propos initial n’était pas de faire l’inventaire des tares de l’Occident (même si le sujet peut vous paraître alléchant), mais de s’interroger sur les blocages qui empêchent l’islam de prendre sa place dans les sociétés occidentales avec lesquelles il est désormais partie prenante, ainsi que d’autres religions ont pu le faire de façon, semble-t-il, plus aisée parce qu’ayant eu à affronter moins de contradictions. Patrick Adam

Mais vindicative Lalla. Ne vous êtes-vous jamais dit que depuis que vous intervenez dans ce débat, vous ne le faites qu’à contresens ? N’avez-vous pas remarqué que le propos initial n’était pas de faire l’inventaire des tares de l’Occident (même si le sujet peut vous paraître alléchant), mais de s’interroger sur les blocages qui empêchent l’islam de prendre sa place dans les sociétés occidentales avec lesquelles il est désormais partie prenante, ainsi que d’autres religions ont pu le faire de façon, semble-t-il, plus aisée parce qu’ayant eu à affronter moins de contradictions. Patrick Adam

Mais Dom, il n’a jamais été question ici de nier la valeur des musulmans. En remontant le fil de notre débat, il me semble que ce nous cherchons à savoir, depuis le début, c’est si le religieux doit à nouveau interpénétrer notre collectif ou si nous devons tout faire pour l’en empêcher, vu les dégâts qu’il a occasionné d’un bout à l’autre de la terre et ce depuis qu’il s’est permis d’inventer le monothéisme et de vouloir l’imposer à la terre entière. La religion pourquoi pas si, comme au temps des Romains, on bâti un Panthéon ou un temple au Dieu Inconnu ? Le Temple de Jérusalem n’a pas toujours été un temple fréquenté par les seuls Juifs. Comme dans la plupart des grands temples des villes du bassin méditerranéen, il a longtemps été ouvert à tous les cultes. (Je crois que c’est au retour du second exil à Babylonne que les pharisiens se le sont définitivement appropriés - mais je n’ai rien sous la main pour vous le confirmer et la période précise reste à confirmer).

Il ne sert à rien de disserter sur les avantages et les inconvénients de telle ou telle doctrine. Ceux que ça intéresse peuvent s’y adonner tant qu’ils ne cherchent pas à nous imposer leurs conclusions. Elevé moi-même religieusement, j’ai tourné le dos à cet enseignement le jour où j’ai compris qu’il m’était impossible de proclamer que j’étais dans la vérité et les autres dans l’erreur. Bien sûr . « Qu’est-ce que la vérité ? » Mais quand même, il doit bien en exister une quelque part, et la mienne remonte au « big bang de notre solitude », pas plus loin, mais c’est assez pour guider ma vie. D’autant que j’ai toujours l’impression d’en percevoir l’onde fossile. Lalla est sans doute une représentante (allez je vais lâcher le mot bien qu’il me coûte car elle peut se laisser aisément aller à des dérives sectaires) « éclairée » du groupe d’individus par rapport auquel elle se définit. Je lui en donne acte, bien qu’elle devrait cultiver un peu plus le sens de la précision, mais bon, la fréquentation assidue d’Ardisson n’aide pas à cette gymnastique. Ses propos sont universellement généreux et c’est tant mieux, tant mieux pour elle et tant mieux pour les gens qu’elle fréquente. Mais pourquoi se comporte-t-elle régulièrement comme ceux qui, comme vous le dites, « croient un peu benoîtement qu’il est en pouvoir de l’homme de définir la réalité avec sa pensée et qu’ils sont tout purs et doivent leur misère intérieure à d’autres. » On dirait du Lalla Mennana en version sous-titrée. Les pleurnicheries habituelles en moins.

Pour ce qui est de votre hit parade des religions, je précise : 1 - « L’Islam est une religion non-hiérarchique, chacun a accès à la divinité sans devoir passer par un imam ou autre docteur de foi, ce qui n’a jamais été le cas en chrétienté, même si les protestants eurent des vues similaires. » Vieux mythe soigneusement entretenu par ceux qui cherchent à déguiser leur pouvoir. La plupart des communautés musulmanes sont parfaitement hiérarchisée au sein de conseils d’oulémas, de chioukh, ou de savants. De vastes confréries religieuses se sont développées d’un bout à l’autre des pays musulmans avec un type de fonctionnement parfaitement pyramidal. Vous mélangez un peu tout en disant qu’un chrétien accède à Dieu en passant par un intermédiaire. Si vous faites allusion au rituel de la confession, on peut vous l’accorder, mais la pratique religieuse des chrétiens ne se résume pas à cette pratique. J’ai eu le plaisir d’assister il y a bien longtemps à un office à l’abbaye bénédictine d’En Calcat, et je n’ai pas vu ces intermédiaires dont vous parlez. Que dire alors des sublimes cérémonies orthodoxes qui, dès 3 heures du matin, raniment le Mont Athos ? Là non plus, je n’y ai pas croisé d’intermédiaires. J’y ai vu au contraire des moines s’adressant à Dieu comme bon leur semblait. Et quand il m’arrive de m’offrir le luxe de pénétrer à l’intérieur de Notre Dame pour me gaver d’un flot d’orgue qui tombe du ciel, sans sacrifier au mythe de la divinité, je n’ai besoin de personne pour me dire qu’il y a là quelque chose qui me dépasse.

Une fois de plus, vos réflexions tentent à montrer une schématisation de la pensée, toute idéologie menant fatalement à cette schématisation. 2 - « [...] l’Islam est à ce jour la seule religion qui a montré qu’elle possède un caractère évolutif, l’Islam apparemment se module différemment suivant les pratiquants d’une région et en fonction des pays où elle se vit [...] » Mais où diable êtes-vous allé pêcher ça ? L’islam évolutif... Pas plus que la chrétienté aux premiers siècles de son existence quand des dizaines d’interprétations différentes du message primordial étaient véhiculées par des apôtres d’origine et de culture différentes. S’il y a bien une caractéristique originale dans l’apparition du christianisme, c’est que contrairement aux autres religions, ceux qui l’ont répandue, après avoir été en contact plus ou moins direct avec le fondateur, (Mathieu, Luc, Marc et Jean, mais aussi Thomas, Judas et quelques autres) avaient des origines et des vues radicalement différentes. Disciples juifs ou disciples des Nations... Il existe des études très intéressantes sur la question.

3 - « c’est pourquoi il n’y eut à ce que je sache pas de grandes guerres inter-islamiques comme elles eurent lieu dans la chrétienté entre les catholiques et les protestants et la chasse aux hérétiques si chère aux racistes qui n’ont jamais évolué depuis qu’on leur a donné des bras et un cerveau. » Bienheureux ce « que je sache », il vous sauve de bien des déboires. L’apparition de l’islam, c’est au bas mot, trois cents ans de guerres quasi-interrompues du Maghreb à l’Inde. L’installation du califat à Damas exacerbant les conflits intertribaux et créant une zone de clivage (toujours en activité) entre le monde sunnite et le monde chiite. Mais ce n’est pas la seule et il serait fastidieux de tenter de développer tout cela.

Dom. Je crois quant à moi qu’il est possible à l’homme de définir la réalité. Je crois même qu’il ne fait que de s’essayer à ça depuis qu’il est sur la terre et même qu’il a accompli un bon bout de chemin. Que vous le vouliez ou non je préfère la théorie du Big Bang à celle de la Genèse. Je préfère lire Yves Coppens pour savoir d’où je viens que la merveilleuse épopée de Gilgamesh. Ne dénigrez pas cette démarche. Elle est plus humble que vous ne le pensez. Elle ne prétend pas à la vérité immédiate comme tous ceux qui s’autoproclament en possession du bon passeport pour l’au-delà. Elle est faite d’embûches. Le seul plaisir personnel, mais quel immense plaisir, étant de pouvoir me dire, avec quelqu’un qui a accompagné toute mon existence : « un jour dans dix mille ans ». Patrick Adam

T’a raison Marsu. Le dico c’est quand même une bonne distraction. Patrick Adam

Mais je me suis permis de te « traiter » téléphage, ô courroucée Lalla, parce que c’est TOI qui nous bassines avec ce que tu fais de tes soirées. Moi, encore une fois, et excuse mon indélicatesse : JE M’EN FOUS. Patrick Adam