Très intéressante cette mise en relation par Diaz Maurin du surplus d« énergie et de la complexification de nos sociétés (je vais relire son texte pour la peine !).
Pour revenir sur cette coïncidence calendaire troublante, l’idée que l’agence spatiale américaine ait délibérément fait atterrir sa machine un 6 août dans le but de diminuer l’impact médiatique des commémorations d’Hiroshima me semble peu probable quand on considère la brièveté et l’écart entre chaque fenêtre de tir (sans parler des conditions météos, ça nous fait 2x2 semaines par an tout les deux ans si je ne m’abuse) ; je ne suis pas certain que les intérêts en jeu pour une telle opération médiatique valent de risquer les 2,5 milliards du Mars Science Laboratory ou de retarder ce projet qui a déjà subi des retards de lancement et des augmentations de budget.
Néanmoins, ce que je qualifierais de hasard malheureux devrait nous amener à questionner le comportement de médias dominants privilégiant le traitement d’une information spectaculaire et donc potentiellement porteuse de beaucoup plus d’audience que les commémorations d’un événement rappelant à l’Amérique qu’elle est encore la seule nation à avoir fait usage de l’arme atomique (sur une population civile qui plus est).
Et là, on rejoint un des axes de la thèse de Chomsky sur la fabrication du consentement ; à savoir que la recherche d’audience et donc de profit (via les annonceurs) est un puissant filtre de l’information. En l’occurrence, une info/rappel historique potentiellement polémique et gênante pour les tenants du système ( »à quand le démantèlement des arsenaux nucléaires ?" par exemple) est éludée au profit d’une actualité spectaculaire faisant apparemment consensus.
L’idée de ma réaction n’était de pas de justifier le bien-fondé (bien réel ou produit par les usines à consentement dont parle Chomsky) de la conquête spatiale et extraterrestre mais d’approfondir sur l’aspect technique de ton article qui me semble porteur de confusion entre, d’une part une technologie militaire destinée à anéantir à distance une ville voire pays, et d’autre part une technique de production d’électricité à usage à priori scientifique. Cet amalgame tendrait à faire croire que les hypothétiques dégâts occasionnés par la destruction de Curiosity seraient du même ordre que ceux produits par l’explosion d’une bombe atomique.
En aucun cas je ne me fais l’avocat de la conquête spatiale telle qu’elle est menée (ou tout du moins telle qu’on nous la présente).
Je t’accorde que l’utilisation de ce type de générateur comporte des risques environnementaux qui peuvent être lourds de conséquences (mais qui ne sont pas comparables pour autant à ceux que nous fait encourir le nucléaire civil). Et je ne crois pas que ces risques aient été pris de manière concertée. De plus, si elles existent, les voix contre la conquête spatiale n’ont effectivement pas droit de cité dans nos grands médias. Ainsi, le débat que tu appelles de tes vœux est loin de voir le jour.
Dans l’absolu, on pourrait effectivement se demander dans quelle mesure la quête de Connaissance autorise l’Homme à encourir de tels risques pour lui-même et son environnement.
PS : Skapad, si c’est pas déjà fait et si t’as un peu de temps à perdre , jette un œil à l’article Wiki concernant le type de générateur embarqué à bord de Curiosity, c’est assez intéressant pour peu qu’on ait la fibre technique.
je trouve ta comparaison entre Trinity et Curiosity particulièrement abusive ; je m’explique.
Certes, les deux engins ont celà en commun d’embarquer un matériaux radioactif mais la comparaison devrait s’arrêter là.
D’une part le premier est a été conçu par l’armée US et non la NASA dans un but guerrier (boucher ?) contrairement à Curiosity dont le but relève de l’exploration scientifique.
D’autre part, la matière radioactive de Trinity est consommée par réaction en chaine, un peu comme dans les centrales atomiques, pour dégager une grande quantité d’énergie en très peu de temps (explosion donc) ; le dispositif embarqué à bord de Curiosity est de tout autre nature. L’isotope radioactif se désintègre lentement en produisant de la chaleur qui est ensuite convertie en électricté : c’est ce que l’on appelle un générateur thermoélectrique à radio-isotope .
Plusieurs engins spatiaux utilisent déjà cette technologie comme les sondes Viking par exemple.
Enfin, si tu souhaites taper sur la NASA, il suffirait de rappeler que c’est cette agence qui a recruté Wernher Von Braun, nazi notoire passé à l’Ouest par la grâce du programme Paperclip (qui consitait en la récupération des cerveaux allemands et nazis par le bloc Ouest, US et Angleterre en tête...les Russes ont fait pareil) et responsable des tristement célèbres V1 et V2 (quand on sait faire un missile balistique on sait faire une fusée pour aller dans l’espace). C’est en grande partie grâce à cette personne que l’Homme a foulé le sol lunaire.