Il me semble que nous ne sommes pas d’accord sur le fond, mais je reconnais que votre point de vue n’a rien d’absurde.
Pour être sur d’avoir bien compris, vous dites :
1. il existe des criminels irrécupérables,
2. la société doit se protéger y compris des irrécupérables, donc les empécher de nuire puisqu’elle ne peut les « récupérer »,
3. la prison à vie étant une peine inhumaine, pire que l’exécution, il vaut mieux disposer de la peine de mort pour se protéger.
Je ne suis pas persuadé du premier point, et de la même manière qu’une société se dotant de la peine de mort tuera toujours des innocents, elle tuera encore plus de personnes jugées irrécupérables à tort. La justice se trompera toujours quelque soit le type de sanction, ou de mesure de réinsertion voire de protection, comme la peine de mort est irréversible je préfère m’en passer pour ne pas faire commettre trop d’erreur irréparable à mon système.
Sur le deuxième point, je suis entièrement d’accord, la société doit se protéger et pour ce faire il est nécessaire d’isoler certaines personnes mais surtout d’avoir une justice la plus juste possible, la plus humaine qui permettra de participer (avec l’éducation, les programmes de prévention, les programmes sociaux, ...) à l’équilibre de la société. Et si vraiment, il existe des cas jugés irrécupérables (je dis bien jugés car celà ne restera toujours qu’un jugement et non pas une caractéristique intrinsèque de la personne, sauf à ce qu’on découvre une cause génétique mais alors on saura peut-être dans un avenir proche la soigner et ils ne seront donc pas, non plus, irrécupérables), je préfère l’enfermement à vie, voir un enfermement avec évaluation régulière de la « récupérabilité » qui a pour moi l’énorme avantage de n’être pas définitif.
Sur le troisième point, si j’accepte les deux premiers, il est logique.
Sur le populisme (je n’aime pas ce mot trop souvent utilisé à mauvais escient), on est d’accord, mais il restera toujours du devoir des médias et des citoyens, de le dénoncer.
Je me demande aussi, si le retour du débat sur la peine de mort n’est pas lié au refus de l’erreur, de la faute, du risque, à la volonté d’aseptie de notre société...
Il me semble que vous confondez différentes notions dans votre raisonnement. Vous confondez la réaction individuelle avec la justice collective, la peine de mort avec l’euthanasie, la justice avec les lois.
Votre réaction individuelle que vous décrivez est peut-être juste, mais elle n’est pas le résultat d’une justice collective. Si l’homme s’est organisé en société, s’est donné des lois et une justice, c’est aussi pour ne plus sombrer dans la barbarie de la réaction individuelle mais la remplacer par une décision collective plus sensée, humaine et juste. Les western avec le shérif qui s’oppose au village demandant le lynchage d’un prisonnier illustre trés bien cela.
Sur l’euthanasie et la peine de mort, d’autres commentaires ont été faits.
Sur la peine de mort que vous prétendez ne pas se résumer à la loi du Tallion, vous faites la confusion entre la justice et une loi. La peine de mort est une application d’une loi dont les principes sont assimilables ceux de la loi du Tallion, comme toute décision de justice est une application d’une loi.
Un Etat se dotant de la peine de mort dans son arsenal législatif condamnera toujours des innocents à mort, c’est statistiquement obligatoire par simple application de l’imperfection humaine, même pas besoin d’aller chercher notre face sombre.
La peine de mort ne fait pas baisser la délinquence et la criminalité, c’est également prouvé.
Le seul avantage possible à la peine de mort est donc la satisfaction de la victime ou de la population hurlant au lynchage. Est-ce vraiment un avantage ? La mise en avant systématique du « droit des victimes », n’est-elle pas qu’une manière politiquement correcte d’en appeler à la vengeance ? Gare à ceux qui essayent de se faire bien voir, élire, du peuple en s’appuyant sur les instincts que la vie en société essaye de contrôler.
Lassés par les dysfonctionnements du PS, je vous (et les) rejoins mais ce n’est pas pour autant que j’irai voter UMP...
Peut-être est-ce parceque mes convictions sont plus fortes que ma volonté d’être dans le camp des vainqueurs.
Plus sérieusement, je partage votre analyse, la lassitude des dysfonctionnement du PS est probablement pour beaucoup dans leurs décisions. Mais celà ne saurait en aucun cas autoriser de renier ses convictions. Sauf, si comme vous le dites vous même, c’est par soif du pouvoir. En disant cela, ne définissez vous pas la traîtrise : De bonnes raisons de ne plus être satisfait de son camp et l’attrait de quelquechose que possède le camp d’en face ?
Je pense que tous les traîtres de l’histoire avaient de bonnes raisons de trahir un camp qui ne les satisfaisait plus, ils n’en sont pas moins traîtres. Mais les raisons qui les ont amené à trahir n’en sont pas moins réelles et c’est celles là dont le PS doit s’occuper plutôt que de ceux qui sont partis.
Pour revenir à la différence entre Kouchner et Rocard, je la crois forte même si j’ai employé des mots trop durs pour Kouchner.
Kouchner (comme Bockel) s’associe à un gouvernement, Rocard participe à une commission, une reflexion. Et Kouchner (comme Bockel) sont peut-être plus honnêtes avec eux même en particpant à ce gouvernement qu’ils ne l’étaient hier en soutenant Ségolène (je dis bien en soutenant Ségolène pas en adhérant au PS). Je ne pense pas que Kouchner ait renié ses valeurs humanistes et sociales, mais là il peut exprimer pleinement son atlantisme, de plus il est assez fier pour avoir cru pouvoir s’imposer au président sur les quelques points où ils divergent, mais il a du déchanter depuis.
Je rejoins assez l’annalyse sur les membres du PS parti dans l’action chez Sarko mais la modérerait tout de même :
1. entre Kouchner parti défendre ses idées atlantistes dans un gouvernement atlantiste et Rocard il y a des nuances. L’un offcicialise son abandon des idées de gauche l’autre s’offre une dernière participation à une action politique d’envergure,
2. quitter une navire qui coule depuis longtemps pour en rejoindre une autre n’a effectivement rien d’une traîtrise mais encore faudrait-il choisir celui qu’on rejoint en cohérence avec les idées que l’on a toujours défendues,
3. parmi les personaltés qui rejoignent aujourd’hui Sarkoland nombre faisaient le procés d’intention à Bayrou pendant la campagne en annonçant que dès les éléctions finies il rejoindrait Sarko...
Enfin, sur votre analyse de la décadence du PS, vous pointez du doigt le premier secrétaire, ce qui est somme tout assez logique puisqu’il est le premier responsable du parti. Pour ma part, j’y vois également un héritage des années Mitterand...
Dans le discours de notre président, une phrase m’a particulièrement choqué : « le premier des droits de l’homme c’est le droit de la victime »...
Cette phrase m’appele trois remarques :
1. droits de l’homme doit être si ma mémoire est bonne : « Tous les hommes naissant libres et égaux en droits ». Dans ce « tous le hommes » il doit bien y avoir aussi les victimes non, qui sont alors justes égales pas prioritaires...
2. Cette mise en avant du poids de la victime dans les décision de justice peut entraîner des dérives trés dangereuses. Il faut que la victime soit protégée et même la future hypothétique victime. Ce qui est déjà présent dans le discours de Sarkozy qui propose de mettre les condamnés pour crimes pédophiles ayant terminé leur peine dans un lieu fermé pour qu’ils ne recommencent pas, c’est bien une protection de la future hypothétique victime. Après la guerre préventive, l’enfermement préventif (cf. Minority Report).
3. Beaucoup regrettent la pression médiatique mise sur la justice dans les affaires de crimes pédophiles, si le président en rajoute où va t’on ? La justice ne sera jamais parfaite mais en tant que citoyen je préfèrerais toujours celle qui ne condamne pas un coupable faute de preuves à celle qui condamne un innoncent faute de coupable avéré. Maintenant je comprends tout à fait qu’une victime mette du temps à partager cette préférence.