@musashi je m’excuse de ne pas avoir eu le temps de vous répondre avant, j’ai préféré répondre à oncle archibald avec qui nous avions engagé le débat précédemment, mais je ne vous avais pas oublié pour autant.
Donc à votre question, comment l’idée même de ne pas rembourser ses dettes peut germer dans un esprit ?
C’est, contrairement à ce que l’on pourrait penser, quelque chose d’assez admis, et ce même au sein de la droite, dans la mesure ou dans la loi française, qui n’est pas réputée gangrénée par le trotskisme, il existe de nombreux mécanismes le permettant pour des individus ou des sociétés.
Par exemple, si vous créez une SARL, ou Société A Responsabilité Limitée, qui est une forme répandue d’entreprise, vous pouvez contracter des prêts au bénéfice de cette personne morale ainsi crée. Dans le cas ou malheureusement cette société ne fructifierait pas comme vous l’aviez prévu et que vous deviez, selon l’expression consacrée « mettre la clé sous la porte », vos créanciers pourront se rembourser partiellement au cours de la liquidation judiciaire, mais souvent imparfaitement. La responsabilité de la société étant limitée aux apports, vous et vos associés n’auriez alors pas à rembourser les dettes de la société avec votre patrimoine personnel. Techniquement la dette ne sera donc pas payée, ou du moins pas intégralement.
En tant que personne physique, dans le cadre d’un héritage, il se peut que ledit héritage contienne des dettes. Or, vous n’êtes pas obligé d’accepter un héritage. Dans ce cas, la dette n’est pas payée également.
Toujours en tant que personne physique, si vous contractez des dettes, et que pour une raison X ou Y vous vous retrouvez dans l’incapacité de la rembourser, il existe des procédures dites de surendettement, qui peuvent vous permettre soit un gel judiciaire (moratoire) de votre dette, renouvelable un certain nombre de fois, le temps que vous retrouviez une situation plus favorable, ou bien une renégociation des termes de la dette, ou encore, dans le pire des cas un effacement pur et simple de votre dette. Il existe également en Alsace-Moselle, ce petit coin de France ou les lois sont différentes du reste du pays, une procédure dite de « faillite personnelle », plus ancienne encore, et aux effets sensiblement identiques.
C’est donc quelque chose de possible, et de légalement encadré. Généralement les prêteurs sont parfaitement au courant de cette possibilité, et soit souscrivent des assurances pour se préserver du risque, soit vendent les créances à des établissements spécialisés, certaines sociétés de recouvrement consacrent une bonne partie de leur activité à la tentative de recouvrement de dettes sur lesquelles elles n’ont pourtant plus aucun droit, parfois avec des méthodes flirtant avec les limites de la légalité (c’était ma minute dénonciation).
Dans le cadre d’un État maintenant, la France par exemple s’est interdit via une loi de 1973 de se financer directement auprès de se banque centrale. C’est le mécanisme en vigueur au sein de l’Union Européenne maintenant, les États empruntent aux banques commerciales qui elles se financent auprès de la BCE. Ainsi, une banque peut tout à fait emprunter à un taux de 1% auprès de la BCE pour ensuite prêter à un État, par exemple à 3% en France ou à 6% en Espagne, le taux variant en fonction d’un certain nombre de A’s, ou de lubies des marchés financiers. On peut s’accorder que c’est un système assez particulier n’est ce pas ? Il peut sembler a priori plutôt favorable aux banques qu’aux États, et par extension aux peuples... rassurez vous, a posteriori également.
Quand en 2008 notre Président fait un joli plan de sauvetage des banques à hauteur de 360 milliards d’euros, ça n’émeut pas la population de manière démesurée. Évidemment, c’est un prêt payant « à un prix normal du marché » nous dit on alors (ce qui, étant donné la volatilité dudit marché peut nous faire nous interroger sur ce concept de « normalité »).
Sans rentrer trop dans les détails, pour ne pas non plus être chiant, à l’heure actuelle notre dette nationale serait d’environ 1 700 milliards d’euros, dont 1 400 milliards d’euros d’intérêts (chiffre à vérifier si quelqu’un a le temps/courage). Personnellement, je n’estime pas complètement farfelue l’idée que le Président de la République française puisse s’estimer légitime à négocier au minimum une réduction des intérêts de cette dette, plutôt que de persister à vouloir la faire payer à sa population.
C’est tout simplement ce que l’on appelle une politique, il n’y a pas à émettre de jugement de valeurs sur la chose, ça ne me semble pas plus honteux/dégradant/scandaleux que d’aller balancer des bombes sur la Libye ou encore de s’amuser à faire des « essais » avec des bombes atomiques dans des océans et à proximité d’îles habitées.
En outre, cela ne serait pas quelque chose de révolutionnaire en soi, l’Équateur l’a déjà fait, le nouveau Président ayant estimé que son peuple ne paierait pas certaines dettes contractées par le précédent gouvernement réputé corrompu.
De plus comment pouvez vous dire que de créer une tranche d’imposition à 75% serait une mesure inefficace a priori ? La peur de la fuite des grandes fortunes ? Si votre femme, aussi belle soit elle vous menace constamment d’aller coucher avec le voisin si vous ne vous pliez pas à ses 4 volontés, n’y a t-il pas un moment ou vous craquez sous ce chantage et l’envoyez se faire voir chez ledit voisin, ne serait ce que parce qu’elle le fasse ou pas, vous vous libérez de quelque chose de néfaste à votre épanouissement ?
Donc admettons, malgré la diminution des moyens alloués à l’administration fiscale, par je ne sais quel miracle, nous parvenons à réduire la fraude fiscale disons de 50 à 45 milliards, ce qui, vous en conviendrez serait déjà une avancée conséquente. Considérons également que malgré l’augmentation du chômage et des travailleurs précaires nous parvenions à réduire la fraude sociale de 20 à 18 milliards, tout en considérant que les bénéficiaires de ces prestations continuent de ne pas en réclamer une bonne partie (évaluée en 2010 à 5.3 milliards). La charge nette de la dette continue d’augmenter, c’est que qui semble être vraisemblablement la tendance, donc bien que nous ayons je ne sais comment économisés disons 6 à 7 milliards sur ces postes nous restons dans une situation dans la quelle nous sommes toujours incapables de rembourser les intérêts de la dette. Cette dernière qui est de l’ordre des 1700 milliards pour rappel.
Et ensuite ? Parce qu’il faut bien mettre en œuvre des politiques non ? Le système des transferts de l’État vers les collectivités territoriales pousse mécaniquement ces dernières à s’endetter, une réelle politique de lutte contre le chômage ne peut se faire à moindre coût, M.Bayrou semble vouloir mettre en place des politiques économiques d’aide au développement... tout ceci à un coût non ? Comment on fait ? Politique d’austérité ? Vous m’expliquez comment l’on peut rendre la justice, l’éducation, la police, la santé... plus efficaces en en réduisant les moyens ? Il propose de rationaliser les dépenses non ? Vous n’êtes pas naïf au
point de ne pas lire dans cette proposition une diminution des moyens.
Je ne fais pas une fixation sur le candidat Bayrou, il me semble même être l’un des moins pires à droite, mais comment concrètement les choses évoluent ? En « achetant français » ? C’est vraiment ça qui va sortir notre pays de la crise ?
« L’effort demandé aux riches », est une idée qui me semble assez ancienne si je ne m’abuse, qui éventuellement n’aurait pas été complètement absente de l’idéologie révolutionnaire, peut être même également de la pensée Marxiste, puis socialiste, communiste...qu’en sais-je... Quoi qu’il en soit, prétendre qu’il serait responsable de sa genèse est parfaitement farfelu.
Ses envolées sur le « produire en France », ou plutôt sur le « consommez français » m’ont apparu d’emblée comme une tentative de culpabilisation du consommateur, qui, dans son idée, serait responsable du malheur des producteurs français en achetant des biens étrangers. Cette idée me semble un véritable aveu d’impuissance pour un homme qui prétend accéder à la présidence de la République, ce type d’objectif ne pouvant être atteint que part une politique protectionniste qu’il est impossible de pratiquer en vertu des traités européens notamment.
La restauration du système éducatif pourrait se faire selon lui sans l’attribution de nouveaux moyens, ce qui est une utopie, et qui est parfaitement anti-égalitaire. Comment pouvons nous penser une seule seconde qu’avec une population qui augmente l’on puisse avoir des résultats dans quelque domaine que ce soit en maintenant, voire en réduisant les moyens affectés à ces politiques. Les familles qui en ont les moyens financiers, ou humains, n’hésitent pas à offrir à leurs enfants des cours particuliers, et les autres ? Sont elles condamnées à voir l’écart se creuser parce qu’ils n’ont pas le temps, les connaissances ou l’argent à consacrer à l’enseignement de leurs chères têtes blondes ?
François Bayrou a certainement un certain talent politique, mais quelle finalité poursuit-il exactement ? A mes yeux, il est l’incarnation parfaite du statu quo, d’une politique de petit comptable, de changements incrémentaux. Que propose t-il exactement en matière d’économie ? D’inscrire la « règle d’or » dans la Constitution, c’est une vaste fumisterie, n’importe quel étudiant en seconde année de droit vous expliquera que les règles de l’Union Européenne en matière de finances publiques sont plus contraignantes et qu’elles sont au dessus de la Constitution française.
J’ai vraiment du mal à comprendre comment ce candidat arrive à avoir autant d’intentions de vote dans les sondages, si ce n’est qu’il donne de lui une image sympathique qui plait certainement aux mamies ou aux libéraux complexés, il dégage une image plus honnête et clairement moins xénophobe que la droite décomplexée.
Mais, au final, tout cela reste quand même toujours mou et flou...