Il semble qu’aujourd’hui les analyses les plus perninentes soient aussi désespérement catastrophiques.
De cette faillite de la civilisation, de ce naufrage du modèle classique du monde occidental, que restera-t-il ?
Une chose est sûre : le modèle américain en a pris un coup terrible et nous, qui avons adoré ce veau d’or sans retenue depuis 1945, en prenons aussi pour notre compte.
« Ce que j’ai pu trouvé à UPenn n’est qu’un symptôme de ce qui se passe aujourd’hui dans toutes les universités américaines. L’héritage adopté de la pensée française de Foucault et Derrida, ce sentiment que tout est possible, que le monde est à refaire, qui avait été le moteur de toute la génération des dot-comers, a disparu de ces campus. »
Je trouve que ce passage résume assez bien les changements qui ont profondément bouleversé la jeunesse américaine (et occidentale) depuis les années 90. Quand on pense que c’est dans ces prestigieuses universités américaines que la philosophie française avait, après mai 68, fleuri, on voit aujourd’hui le chemin parcouru. Signe des temps ultra-libéraux ?
Il serait donc bien temps de voir la technologie pour ce qu’elle est, c’est-à-dire non pas un facteur capable de créer ou de résoudre des problèmes sociaux fondamentaux, mais comme puissant révélateur des antagonismes en tant que terrain vierge sur lequel viennent s’exercer les luttes qu’ils entraînent.