Reza Hiwa

Je me suis basé sur les observations dans les manifestations et les chiffres des enquêtes d’opinions. FdG réconcilie les abstentionnistes avec les urnes, ramène beaucoup de déçus de la gauche et beaucoup de personne qui n’avait jamais voté. D’après ces mêmes enquêtes la réserve totale de voix de gauche a dépassé le niveau de 1981, le plus haut niveau qu’il avait au sommet de la popularité de M Mitterrand. 

Cher ami républicain,

Je suis certain que vous admirez Victor Hugo comme un icône de la défense des valeurs républicaines. Hugo disait : « L’utopie d’aujourd’hui est la réalité de demain ». Tout comme lui, et très probablement M Mélenchon, je crois que les utopies peuvent être réalisables. Je ne tombe pas dans ce piège simpliste et romantique de déclarer que toute utopie est réalisable, mais celle défendue par le programme de FdG l’est. Je crois que cette maturité vient non seulement de l’intelligence des individus mais aussi des leçons tirées des événements qui secouent le monde.

C’est dans ce sens-là que je dis « Rêver est un acte révolutionnaire ! »

Merci pour vos mots aimables.
Je reprends deux de vos points pour y répondre :

1. La planification écologique
   Je suis d’accord avec vous sur la souplesse nécessaire afin de « coller » à l’évolution climatique, mais il y a au moins mille domaines sur lesquels il y a suffisamment d’évidences scientifiques pour agir. Et agir à long terme. On ne peut pas laisser le sort de notre planète dans les mains d’un système productiviste dirigé par l’actionnariat qui n’a qu’une visibilité limitée de trois moi (la prochaine distribution des dividendes). Je ne vois pas en quoi une programmation à long terme empêcherait une réponse souple à des urgences nouvelles et non programmées.

2. Le SMIC à 1700 Euros

Il y a quelques années le PC avait donné comme slogan central dans une élection celui de l’augmentation du SMIC à XX francs. J’étais très en colère et je le trouvais « racoleur » et dénué de force de mobilisation et de crédibilité. Effectivement le PC a continué sa chute dans cette élection, comme si les gens disaient : « on ne veut pas de vos promesses ! ». Aujourd’hui comme cet élément du programme de FdG s’insère dans une vue d’ensemble que je trouve cohérente, et qui consiste à privilégier la croissance par la demande (dans un autre article je vais parler de ceci), je le soutien. Il me semble qu’une bonne partie de nos compatriote ne voit pas dans l’ensemble de la campagne de FdG une distribution de bonbons. La discussion sur les limites de la richesse, la réforme des tranches d’impôts et … me semblent cohérentes avec l’augmentation du SMIC. Par contre un vrai problème dans ce domaine serait la capacité des petites entreprises à résister à cette augmentation. Quant à ceci M Mélenchon a répondu qu’il faudra trouver les moyens de mutualiser cette augmentation pour ne pas étrangler ces entreprises.

Je ne connais pas suffisamment Bill Gates pour me prononcer sur son exemple, mais je sais que la classe sociale à laquelle il appartient, a réalise une de ses plus grandes rêves, très ancien, par la Révolution Libérale avec à sa tête Ronald Reagan et Margaret Thatcher. Et ce que nous vivons aujourd’hui est une nouvelle phase de cette même révolution : la domination totale des marché financiers et les banques et la mise à pieds des pouvoirs politiques. Ceci a été le rêve de ces milieux. Les révolutionnaire, dans le sens commun du mot qui l’applique aux gens, n’ont pas le monopole du rêve.

M Emmanuel Todd, dans son livre Après la Démocratie, explique les mécanismes de cette révolution et le rapt de la Démocratie avec une force scientifique.

Sur un plan individuel, rêver est révolutionnaire par ce seul constat qu’il est une résistance face à la fatalité. A cette idée que « on ne peut rien faire », « ça a été toujours comme ça ! ». Les sponsors de la fatalité ne sont pas uniquement les forces politiques ou religieuses, mais aussi le poids des habitudes que chacun de nous porte en soi. Une grande partie de la machine de propagande des pouvoirs en place consiste à nous faire qu’ils sont INVINCIBLES. Donc il y à mieux à faire que … Contre le sentiment de fatalité et les habitudes on a tous quelque part une révolution à faire !

Sur un plan collectif, quand un rêve est partagé un groupe de gens, une classe sociale ou toute une nation, il devient l’essence d’une révolution. Même dans ce cas un rêve partagé à lui tout seul ne peut pas aboutir à une révolution. Sans la présence des Lumières pour ne pas citer que cet élément, la Révolution française ne serait peut-être pas.