Le problème de l’éditeur, c’est surtout sa position actuelle. A la base, je ne suis pas anti éditeur. Le problème c’est que j’ai vu le secteur du livre changer à vitesse grand V. En rachetant et en monopolisant tous les circuits de diffusion et de distribution, les gros groupes ont complètement flingué la diversité. Aujourd’hui on est dans le moule ou bien on reste sur la touche. Ceci dit, il reste encore quelques petites maisons qui valent le détour. Quand la relation écrivain/auteur fonctionne, c’est un bon tandem pour porter un ouvrage. Mais c’est de plus en plus rare.
Pour ce qui est d’une évolution/révolution, c’est clair qu’internet nous facilite grandement la tâche et change grandement la donne. Beaucoup d’auteurs commencent d’ailleurs à s’intéresser aux nouveaux modes de publication. Mais c’est encore trop tôt pour en tirer une synthèse. On sera vraiment fixé quand les liseuses à encre électronique se seront démocratisées. A partir de là c’est les lecteurs qui décideront de l’avenir du livre. Les écrivains ne demandent pas mieux que d’être libre. Sur mon dernier ouvrage publié chez un gros éditeur on me laisse gracieusement 80 centimes soumis à CSG sur un prix de vente de 10 euros. C’est de l’arnaque. Mais d’un autre coté, ma réflexion pousse à me demander si j’aurais pu écouler plus de 20000 exemplaires sans la logistique de l’éditeur. C’est là que l’on voit où le bât blesse. Un auteur sera en règle générale toujours très mauvais vendeur pour son oeuvre. la promotion c’est un vrai métier. Les éditeurs le savent très bien et ils en profitent. Alors dans le futur il y aura certainement le camp des auteurs indépendants que les lecteurs choisiront en toute objectivité et le camp de ceux qui seront portés par des éditeurs à grand renfort de média. Tout ça pour dire que cette révolution, cette libération de la culture, c’est les lecteurs qui la feront... ou pas. Pour nous autres écrivains, c’est facile. Un traitement de texte suffit. S’il y a bien un art qui peut facilement échapper à la logique marchande c’est celui ci avant tous les autres. ça tombe bien parce que c’est aussi de loin le plus subversif.
>En tant qu’auteur de deux romans unanimement rejetés par les maisons
d’Éditions - ce que j’ai attribué à un manque de talent de ma part
pas forcément. il y a beaucoup de choses qui passent entre les mailles. mais bien souvent, les petites maisons d’édition laissent une critique sur la qualité du manuscrit. c’est plutôt à ce niveau là qu’il faut se faire une idée. ce sont en général des amoureux du livre et de bons professionnels. ce qui est important, c’est de savoir faire le deuil de ces premiers écrits et de pouvoir être bien conseillé pour progresser.
Tu as raison Fred, cet article n’est pas tout à fait à la portée d’un néophyte. Mais néophyte sur quel sujet ? Pas spécialement la littérature. Il s’adresse plus globalement aux différents acteurs du libre qui sont tous plus ou moins passés par les mêmes dilemmes.
Ce que je n’ai pas précisé dans le texte, c’est qu’il s’agit en réalité d’une synthèse. Quand je suis rentré de périple fin janvier, je me suis beaucoup questionné. Faut-il faire un livre libre, un livre papier, contacter un éditeur, quoi écrire ?... et puis j’ai discuté par le biais d’internet avec des collègues de talent, dont quelques vieux routiers. après plusieurs avis contradictoires, j’ai laissé passer du temps pour savoir ce que je voulais vraiment. Et ce n’est pas facile tu peux me croire.
On n’en parle pas assez, mais par exemple l’informaticien qui crée un logiciel efficace et qui décide de le publier en open source. C’est une sacré démarche car il aurait pu gagner beaucoup d’argent pour son travail. De mon coté, publier un livre de façon traditionnelle, ça représente une belle somme d’argent aussi. Et il ne faut pas jouer les hypocrites. On se pose forcément les questions, pourquoi, comment... ?
Au premier abord, on pourrait dire que l’on a cette démarche dans le but d’augmenter notre notoriété alors qu’en fait cela ne change strictement rien pour un auteur confirmé. Pour faire augmenter sa notoriété le plus simple et de loin le plus efficace c’est de passer par un éditeur qui est en place. tu as des médias partout et plein de critiques élogieuses. avec le libre on risque plutôt de se bruler les ailes qu’autre chose. Donc la vérité est ailleurs. et cette vérité c’est d’avoir envie de partager dans un bon esprit.
Donc c’est clair, au même titre que les logiciels libres ont besoin d’utilisateurs, les livres libres ont aussi besoin de lecteurs. partant de ce constat, je pense que cet article est loin d’être si technique qu’il n’y parait. Je n’ai pas encore eu vraiment de retour sur Agora, mais sur Facebook j’ai reçu quelques bonnes critiques qui ne venaient pas que de mes amis auteurs.
Quant à l’autoédition, c’est une toute autre démarche. Par rapport aux aspirations des auteurs qui choisissent cette voie, ceux qui sont bons devraient s’obstiner à chercher un éditeur parce qu’ils en trouveront forcément un. Si je dis ça c’est parce qu’un écrivain n’est pas fait pour gérer des stocks, des dépôts-vente, de la promo, de la comptabilité... il vaut mieux qu’il se concentre sur son art. Et puis pour ceux qui sont moins bons, il faut se dire qu’à force de pratiquer on progresse. Les écrivains sont comme le bon vin, ils s’arrangent en vieillissant. il ne faut pas voir de médisance dans ce propos. c’est juste une réalité qu’il est sage de regarder en face. je ne méprise pas l’autoédition, loin de là. je considère que c’est une démarche très courageuse. mais ce n’est pas le même sujet qu’une personne qui est déjà éditée et qui fait le choix du don. d’un coté tu n’as rien à perdre et de l’autre tout à y perdre. c’est à ce niveau que se situe la nuance.
Merci d’avoir pris le temps de me lire et d’en avoir retiré les grandes lignes. Je ne nie pas le fait d’aller sans doute un peu trop loin ou parfois même pas assez. Mais tout ceci reste un concept. Une matière dont il faut s’emparer. Cela ne peut se produire que sur le net. J’ai bien précisé tout au long du livre qu’il ne s’agissait que de matière. Globalement nous sommes d’accord sur les grandes lignes, sauf sur le point de la gestion communale qui a au moins le mérite d’être posé sur la table. Pour le reste, de savoir qui est le plus anarchiste n’a aucune forme d’importance. La seule chose importante c’est d’arriver à en ressortir un modèle consensuel.
L’important c’est le moral et la morale. Quant au corps il vit sa vie et le jour où il aura fini son temps il servira à la science et aux lombrics. Entre les deux l’important c’est de vivre pleinement. Ou tout au moins d’essayer. C’est le fond du sujet.