@quijote Les personnes transgenres ne veulent pas forcément changer de sexe. Celles qui font une transition médicale (hormonothérapie avec ou sans chirurgie) ne représente qu’environ 1% de la population.
Ceux qui ont fait le parcours reviennent très rarement en arrière. D’abord parce que la France avait jusqu’en 2020 son propre parcours (SoFECT) alors que l’on nous compare constament à la Suède la Grande Bretagne etc. Le parcours SoFECT était 2 ans de suivi psychiatrique avant d’être éligible à l’hormonothérapie + 2 ans de suivi psychiatrique avant d’être éligible à la chirurgie le plus souvent accompagnée de psychothérapie. Les décisions étaient prisent en réunion pluridisciplinaires. Ce schéma est en train de se modifier.
Dans le cas des femmes trans les vaginoplastie permettent d’avoir des orgasmes, c’est moins évident dans le cas des hommes trans. Dans les deux cas il est conseillé de faire une conservation de sperme ou d’ovocyte avant la transition, si l’on veut plus tard devenir parent.
Pour les regrettants on cite souvent le procès Tavistok gagné en première instance, perdu en appel et pour lequel la Cour suprème d’Angleterre n’a pas voulu se saisir. Ce procès ne concernait que 2 personnes. La plus grande cohorte pour estimer le nombre de regrettant est la cohorte d’Amsterdam portant sur 6,793 personnes avec un taux de regrets de 0,6% de femmes trans regrettant et 0,3% d’hommes trans regrettant (DOI :
10.1016/j.jsxm.2018.01.016
). Le nombre de regrettant ira probablement en grandissant parce qu’il faut le temps qu’ils se manifestent et du temps pour que l’on puisse trouver une méthode d’échantillonnage fiable, mais on ne s’attend pas à un raz de marée.
En ce qui concerne la contagion sociale je suppose que vous faite allusion au ROGD de Lisa Littman. Cette étude est un des très rare cas d’étude remise en cause par le comité scientifique de Plus One ou elle est parue. Les scientifiques ne sont pas des gens excessifs. Il n’ont pas dit que cette étude ne valait rien. Il ont simplement dit qu’elle n’avait pour le moment que valeur d’hypothèse d’une part, parce qu’elle comportait trop de biais et d’autre part parce qu’il faut un bon nombre d’études pour confirmer l’existence d’un diagnostic. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0202330
La plupart des ados ne me paraissent pas « con ». Ils ont souvent le souci de leurs familles et la peur de s’affirmer surtout si ils sont trans parce que c’est évident que ce n’est pas aller vers une vie facile. La plupart du temps les jeunes vont chercher des copains ou des copines qui leur ressemblent et je crois que c’est ce que nous avons tous fait à partir de nos centres d’intérêts.
En tant que « woke » transgenre appartenant au mouvement LGBT je vais tenter de contribuer. Une première remarque, le lien concernant Norman Finkelstein renvoie à l’article du 14 juillet 2023 et non celui du 14 juin. Peut être que les lecteurs connaissent bien Norman Finkelstein, mais pour moi je le connais surtout comme polémiste et l’article est de cette veine-là. Zooey Zephir est une députée du Montana exclue pour avoir défendu les droits transgenres au parlement. Un jour les députés français trouveront probablement normal d’exclure un député qui défend nos droits à l’assemblée...
Ce n’est pas le dogme du wokisme qui énonce qui veut que la dysphorie de genre ne soit plus une maladie, c’est son classement qui mérite une explication. La dysphorie de genre est un diagnostic du DSM5 créé en 2013 et utilisé surtout par les pays anglo-saxons. Et si vous voulez plus de précisions, ce n’est pas la transidentité qui est vue comme une maladie, mais la dysphorie de genre qui s’y rattache avec son cortège de souffrances (ça fait woke des gens qui souffrent). Aujourd’hui la CIM 11 qui est la classification de l’OMS nous place depuis 2022 sous le diagnostic d’Incongruence de genre, hors du chapitre de la psychiatrie, dans celui de la santé sexuelle. Nous sommes donc « dépsychiatrisés » de fait. Bien évidemment ceux qui préfèrent nous considérer comme des malades mentaux préfèrent le diagnostic de dysphorie de genre ou mieux de transsexualisme de la CIM10 comme y fait référence Mélusine.
Si l’on a fait état d’une éventuelle importance de la schizophrénie dans notre population, ce n’est plus le cas depuis une dizaine d’années. Les troubles du spectre autistiques sont effectivement plus représentés que dans la population en général. Les comorbidités les plus fréquentes dans notre population sont l’anxiété et la dépression. Ces deux comorbidités sont souvent influencées par les conditions de vie sociales (travail, famille, logement, rue etc.). Je ne m’étendrais pas par exemple sur les difficultés que peut représenter le fait d’avoir une apparence qui ne correspond pas à son état civil ça ferait encore woke.
Je m’étonne de voir que « woke » est devenu une insulte. Il ne me serait jamais venu à l’esprit de traiter quelqu’un de « charitable » en y voyant une insulte. Et ce qui m’étonne aussi c’est de lire cet article quelques jours après que la Russie ait décidé d’interdire les transitions, et de soigner les irréductibles trans en hôpital psychiatrique. Cela aurait pu faire un bon sujet d’article et aurait permis de célébrer le bon vieux temps où l’URSS savait si bien normaliser les déviants !