Le Np-239 a une demi-vie de 2.36 jours, ceci signifie que si la source n’émet plus de neutrons (en gros fission très ralentie ou nulle ce qui devrait être le cas d’après les déclarations officielles) la décroissance est de 50% après 2.36 jours, 75% après 4.7 jours, 87.5% après 7 jours, 93.5% après 9.4 jours etc. Or les concentrations de Np-239 ne tendent pas à diminuer ce qui permet de penser qu’un phénomène de fission spontanée par le corium est toujours présent.
Il en est de même avec les concentrations en I-131 qui ne suivent pas une courbe de décroissance qui pourraient faire croire que la source est « éteinte ».
Cet article présente quelques petites imprécisions ainsi le melt-through signifie la perte de l’intégrité de la cuve principale, le corium dans la nature c’est plutôt le « melt-out » c’est à dire la perte du confinement (cuve secondaire / drywell / radier) ; de toute façon dès que le corium quitte la cuve principale RPV l’affaire est pliée et aucun moyen humain ne peut plus jouer sur son destin.
Pour le restant, bravo pour le cri de révolte, il est peut-être techniquement un peu prématuré mais les pronukes préféreront peut-être se révolter dans 20 ans, quand on en saura « scientifiquement » plus sur le sort du combustible ?
Non, c’est un devoir civique de s’énerver aujourd’hui après cette énergie qui n’a jamais été parfaitement maitrisée et de fustiger ces « élites » savantes qui pensent arborer le chapeau de sagesse mais ne sont affublés que de bonnets d’âne.
Les explosions d’hydrogène (ou autre) et relâchement d’une énorme quantité de radioactivité sont de bons marqueurs de la fusion avérée des cœurs, l’hydrogène est produit par la destruction des barres de combustible vers 1600°C et l’ICB (Interaction Corium Béton) à 2800° C si l’on en croit la petite animation du METI dont parlait notre ami Cabanel.
Donc l’explosion du bâtiment n°. 1 le 12 mars vers 15h36 après que Tepco ait signalé des doses « énormes » de radioactivité à 15h29 (le n°. 1 était le plus ancien réacteur, un Mk1 BWR/3 très « fragile »)
Puis le 14 mars vers 11h00 pour le n°.3, plus récent et équipé de systèmes de sécurité renforcés (BWR/4) mais ayant comme « handicap » un chargement avec 30% de MOX
Puis le 15 mars à 06h10 pour le n°2. au même niveau technique que le n°3 mais non chargé en MOX.
Les études réalisées par le ORNL Américain dans les années 1980-1990 prévoyaient qu’en cas de perte totale d’énergie (Blackout Station), le coeur ne survivrait que quelques heures dans les BWR/3 et un peu plus longtemps dans les BWR/4. C’est exactement ce qui s’est produit.
Quant au corium, les Japonais ne le mentionnent même pas et c’est bien la preuve qu’ils n’en savent que très peu sur le sujet car dès qu’ils ont un moyen d’action sur quoi que ce soit ils s’empressent de le claironner jusqu’à l’écœurement. Une chose est sûre : Il n’est plus au moins pour partie en cuve RPV et pour le restant c’est - et ça restera un moment - l’incertitude !
Un grand bonjour aux veilleurs ainsi qu’aux rares curieux qui suivent encore l’accident.
La photo c’est le « pied d’éléphant » de Tchernobyl c’est à dire une petite partie du combustible fondu puis resolidifié ou du moins recouvert d’une croûte l’empêchant de poursuivre sa progression. A fuku le combustible des 3 cœurs n’a pas été fragmenté par l’explosion ; Après leur fusion les masses fondues (estimées de 250 à 500 Tonnes) ont rapidement perforé les 2 cuves RPV et D/W avant de s’enfoncer dans le fond de l’ampoule (béton renforcé) puis le radier de quelques mètres d’épaisseur réalisé en béton standard.
La vitesse de percement d’un tel béton standard par le corium est estimée par les experts (y compris ceux d’Areva) à 1m / jour mais il est probable qu’il ait été légèrement ralenti par les injections d’eau ultérieures aux explosions. Sous cette dalle on trouve une roche moyennement résistante (silstone) puis quelques dizaines de mètres plus bas, l’affleurement de la nappe maritime océanique.
Je pense que Tepco et les autorités connaissent approximativement la trajectoire des coriums et envisagent une réponse - sans doute très évasive mais à la hauteur de la catastrophe - et que nous en saurons peut-être plus mardi matin (28/6) lors de l’AG des actionnaires de Tepco.
Je crois qu’on a atteint clairement la catastrophe majeure et une grande possibilité d’un début de Syndrome Chinois ou plutôt Urugayen (point antipodal du Japon) ; Même s’il est physiquement exclu que les corium parcourent un tel chemin, le début de leur trajectoire peut être correctement défini !
Oui il doit rester un « fond » de corium dans la cuve mais le restant a formé plusieurs grosses boules compactes qui forent bien verticalement par gravité ; Dès lors, comment en mesurer correctement en surface l’activité neutronique qui est pourtant relevée (mais pas trop documentée) ?
En ce qui concerne le pilotage permettez-moi de rappeler que les Japonais disaient exactement la même chose avant l’accident.
La nature n’est qu’à moitié responsable de cette catastrophe qui est loin d’être maitrisée, l’homme et sa prétentieuse toute-puissance technologique a fait une bonne moitié de la route.
Bonjour Lapin, nous espérons bientôt te revoir sur RPCirkus où tes histoires nous manquent beaucoup... On boira un coup virtuel à la santé des liquidateurs. Un fil sur l’atome Russe a d’ailleurs été créé récemment et il est maigrichon comme tout.