Pour les élites, les classes moyennes sont juste bonnes à
travailler et à consommer. Désormais, avec le mouvement 5 étoiles, les
classes moyennes prennent conscience qu’elles ont la liberté de voter pour le
parti politique qui représente réellement leurs aspirations et leurs intérêts.
Cette élection met en évidence que l’oligarchie dominante a
peur du peuple ou des classes moyennes lorsqu’elles ont le courage de voter pour
des candidats qui les représentent réellement. Pour les élites économiques,
politiques et médiatiques, le principe démocratique consiste à choisir entre le
centre gauche (PS et Europe écologie) ou le centre droit (UMP ou Modem), voir
désormais l’extrême droite. En effet, l’oligarchie n’a rien contre les
partis fascistes et d’extrême droite lorsqu’ils permettent de détourner le
mécontentement des classes moyennes des partis qui représentent réellement leurs
intérêts. Comme en 1933, les élites souhaiteraient que la contestation des
classes moyennes s’oriente vers un parti autoritaire et fasciste qui défend la
valeur du travail et de la patrie. En France, l’UMP de Copé est prêt à
s’allier au FN pour remporter des élections. En Italie, le parti de "la
liberté" (de l’aliénation), c’est souvent allié à la ligue du Nord
(extrême droite) pour gouverner. Ces accords ne sont plus scandaleux ou
qualifiés de populiste.
Par contre, les élites craignent l’émergence de mouvements politiques
qui représentent les intérêts des classes moyennes. Mais surtout d’un mouvement
qui propose la réduction de la durée du travail à 20 heures et le revenu
minimum à 1 000 €. La réduction radicale du temps de travail sape les
fondations de l’ordre social capitaliste qui repose sur le travail et la
consommation. Remettre en question l’emprise du travail sur nos vies contribue
à renverser l’ordre social et à provoquer une révolution des consciences et de
la société.
Le problème concernant la richesse est souvent mal posé.
Qu’est-ce que la richesse ? Que veut dire être riche ou
pauvre dans un monde d’abondance comme le nôtre ?
Nous vivons avec un niveau de confort matériel sans
précédent dans l’histoire de l’humanité. En effet, plus de 80 % de la
population des pays riches dispose d’un toit, d’une arrivée d’eau, d’une salle
de bain, d’un réfrigérateur, d’une gazinière, d’un moyen de chauffage,
d’électricité, d’une télé, d’un ordinateur, d’une voiture, etc. Nous ne nous rendons
même plus compte de la qualité de notre vie, car nous aspirons à accéder à
toujours plus de confort matériel. Nous souhaitons vivre comme les gens que
nous voyons à la télé ou dans des magasins people. Bref, nous rêvons
d’accéder au même niveau de vie que les hyperriches que nous dénonçons.
Mais sont-ils plus heureux que ceux qui gagnent 15 000 ou
20 000 $ par an…. ? Une étude a fait apparaître qu’à partir de 15 000
$ par an, le sentiment de bien-être était subjectif. C’est à dire, qu’une
personne qui gagne plus de 30 000 $ par ans peut avoir le sentiment de
vivre moins bien qu’une personne qui en gagne 15 000 $.
Tant que nous continuerons à considérer ce mode de vie
matérialiste comme enviable et désirable pour tous, nous ne sortirons jamais de
ce modèle de société que nous dénonçons. En agissant ainsi, nous exprimons
davantage de la frustration qu’une véritable envie de changement.
Comme l’exprime l’article ci-dessous, dans le contexte de
crise écologique et climatique actuel, il est temps de considérer la volonté
d’accumuler toujours plus d’argent et de biens matériels comme irresponsable et
pathologique.
Dans "Perspective économique pour nos petits
enfants", Keynes affirmait déjà en 1933 que celui qui avait la volonté
d’accumuler toujours plus d’argent devait consulter un psychiatre.
Tout cela pour dire que le problème ce n’est pas les riches,
mais notre perception de la richesse. Car en dehors d’exercer une activité
professionnelle et d’accumuler toujours plus, nous ne savons pas réellement ce
que nous voulons vraiment.
Pourtant, tout individu est porteur de richesse. Cette
richesse n’est pas économique ou matérielle, elle est immatérielle. Elle repose
sur la capacité à agir, à créer, à penser, à œuvrer, à imaginer, à créer des
liens sociaux de qualité, à aimer, à chanter, à danser, à penser, etc....Ces richesses-là
sont illimitées.
Seulement, pour y accéder nous avons besoin de temps. Le
temps libre individuel est la véritable richesse. Elle est la ressource la plus
rare et la plus précieuse dont nous puissions disposer. Seulement, nous
perdons notre vie à la gagner. Malgré le fait que nous ayons largement
satisfait nos besoins essentiels et accéder à un haut niveau de confort
matériel, nous continuons à travailler toujours plus.
Au lieu d’utiliser les gains de productivité générés par le
progrès technique pour réduire le temps de travail, nous l’utilisons pour entretenir
notre aliénation.
Par conséquent, pour sortir du modèle de société que cet
article dénonce, il serait plus pertinent de revendiquer la réduction radicale
du temps de travail pour tous les salariés (cadres, employés et ouvriers). En
revendiquant la semaine de 3 jours, nous aurons enfin la possibilité d’accéder
à la véritable richesse qu’est le temps libre qualitatif.
C’est seulement en revendiquant la réduction radicale du temps
de travail que nous remettrons en question l’activité professionnelle et la
consommation comme source de socialisation et d’épanouissement. En remettant en
cause ces valeurs et critères de réussites, nous remettrons en question l’autorité
de l’élite économique et la légitimité des hiérarchies sociales.