« qui ne chantera pas dans son feuillage » ?... oui, et grâce à l’art bravant, j’ai lu toute marcèle proûte sans une bougie ! mais vous imaginez avec le nombre de roulements à billes qu’y a là dedans, combinés aux poussières, déjections d’oiseaux et débris divers, le grincement de scissoteuse-tronçonneuse que ça va faire à la moindre brise ? Très vite on dira plus qu’une chose : c’était bien l’arbre, avant...
Je ne suis pas du field, mais j’arrive à vous suivre.
Beaucoup apprécié votre hypothèse hiroshimesque...
Sur vos autres lectures de Hopper, je dirais : l’immanence radicale au service de la transcendance ; et dommage de ne pas pousser plus avant le filon psycho/psycha qui s’ouvrirait là...
Quant à mon « hypothèse décontextualiste », oui c’est un parti pris, mais puisé à des sources biographiques : Je parle de la persécution de bien des grands de la peinture ; cela rejoint ce que j’émettais comme hypothèse sur le fait que ce n’est plus une personne qui peint dans une oeuvre de génie ; nos surinterprétations n’en sont encore que les ombres.
Alors qui peint ? Qu’est-ce qui peint ?
Je n’ai pas la réponse directe.
Par contre, je tiens les persécutions certaines, et très réelles, subies par nombre d’entre ces grands, pour un moyen de lire cet insupportable. Ils auraient réveillé de l’inhumain, en eux, ou autrement, et cela est immédiatement très vite puni, mis au pas, réduit au silence.
S’ensuivent suicides, et chutes de formes diverses.
En cela le peintre touche à l’assassin.
Non pas qu’il agresse à l’extérieur, mais son génie le forçant à tuer quelque chose en lui-même, il porte atteinte au dehors, et reçoit en général assez vite sa réponse en retour.
Van Gogh Suicidé de la Société, ça doit en dire quelque chose à certains, les lettres au Théo tout ça...car on ne me convaincra pas qu’il aurait enclenché sa dérive sur de simples soucis alimentaires.
Concernant les yeux qui au lieu de recevoir la lumière en émettent. En termes de peinture où avez-vous vu ce genre de chose avant l’éclairage électrique ?
Je ne peux ici vous répondre en termes de « vu » car il s’agirait de remonter « avant Hésiode », mais déjà rien que dans le dea syria du pseudolucien, on trouve des allusions valables. Laissez-moi le temps de vous chercher ça, et vous seriez servi.
Mais enfin easy, vous franchissez facilement un pas que malgré mes surinterprétations je ne me permettrais pas : Celui de trancher sur les intentions du peintre.
Ma position c’est que le peintre est toujours dépassé, au point de faire l’hypothèse que ce n’est plus une personne qui peint, en tout cas chez les plus grands.
Par contre affirmer que van gogh peint ainsi ses stars pour telle question de luminosité,
ou le caravage des ailes pour raison abrahamaniques, non.
Van Gogh peint les étoiles si tournoyantes, géantes surtout, non pas seulement parce qu’il les voit comme ça, mais essentiellement vit comme ça. Pour lui les étoiles sont criantes, au point d’y perdre l’oreille sans doute.
Quant aux ailes du second, il les peint parce qu’il les conçoit et les voit telles, il ne cherche pas à faire oeuvre de théologien, sinon il n’aurait pas pris le pinceau, et ce n’est plus l’époque. Il le reçoit comme cela, même si de nos jours c’est saugrenu ; Rimbaud aussi prétend croiser des Anges qui se prennent encore pour des humains.
Enfin, question chevaux aux yeux illuminés, il suffit de parcourir la mythologie sur la question pour en mesurer la banalité, on n’a pas attendu la machine à vapeur pour le concevoir. Déjà dans les plus anciennes formes de Poséïdon sur son char tiré par tant de chevaux, le dieu était conçu à la fois comme Seigneur des flots et surtout comme « Soleil de l’en-bas », domaine du sous-sol qui le qualifie donc comme présidant aux tremblements de terre ; avant d’être frères, neptune et Pluton étaient confondus, des orbites entremêlées le confirmeraient ; cette collusion du cheval et de la lumière se retrouve encore à l’opposé du côté des représentations apolliniennes - bref, c’est tellement classique que c’est bateau.