L’Islam d’aujourd’hui n’est pas seulement un intégrisme, c’est un totalitarisme, il prend le relais des deux totalitarismes qui ont marqué le 20ème siècle, le communisme et le nazisme. Après le fascisme brun et le fascisme rouge, on est en présence du fascisme vert. L’intégrisme religieux doit être analysé sous le prisme du totalitarisme, système auquel il conduit inéluctablement dès que son triomphe est proclamé.
Le totalitarisme implique la négation de l’individu, seul le groupe, (religieux, politique, racial) existe ; l’individu est nié, ravalé, il est entièrement subordonné à l’intérêt supérieur du groupe. On notera, incidemment que le « libéralisme », qu’il soit radical ou modéré, est exactement le contraire. On sait, en effet, que pour Adam Smith, le père du libéralisme économique, l’individu est au centre de sa réflexion ; après Locke, Montesquieu et bien d’autres, il montre, ce qui est toujours vrai aujourd’hui, que sans liberté économique, il n’y a pas de véritable liberté politique. La France est aujourd’hui, le seul pays européen, où le mot, « libéralisme » est un gros mot.
La règle d’or de l’intégrisme religieux et du totalitarisme est la certitude de détenir la vérité, une vérité univoque, intangible, éternelle, que l’on ne saurait renier sans encourir une punition extrême. L’emprisonnement, la torture, l’extermination, la terreur, sont les instruments habituels du totalitarisme. La coercition ne s’intéresse pas seulement aux corps mais surtout aux esprits : « il est interdit de penser ».
La religion se situe, de manière évidente, dans la sphère du privé, et non pas dans celle du public. Toute autre est la conception des théoriciens islamiques contemporains : L’Islam, écrit Hani Ramadan, dans le Bulletin du centre islamique de Genève, « est religion et État, foi et loi, doctrine et mode de vie... il nous enseigne un monothéisme authentique, évident, et aussi une loi qui constitue désormais un système complet reposant sur des sources authentiques applicables en tout lieu et en tout temps ».
Un article paru dans un périodique algérien illustre bien ce qu’il en est de la laïcité dans le monde arabe (le mot laïcité étant à peu près intraduisible en arabe) : « L’adage occidental « rendre à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu » n’a pas sa place dans la conception islamique de la société. Tout appartient à Dieu et César lui-même appartient à Dieu ». L’Islam, comme le rappelait si bien ce folliculaire, « signifie étymologiquement soumission, celle-ci doit être totale et inconditionnelle à Dieu et à sa foi révélée », c’est bien pourquoi « ne peut rester musulman celui qui s’est converti à la laïcité, cette nouvelle religion qui prône la séparation de la Foi et de la Loi ».
Jacques Pietri (mars 2007).