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Commentaire de Fabrice Gabarrot

sur Retour sur les propos de M. Sarkozy lors de sa rencontre avec M. Onfray


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Fabrice Gabarrot 25 avril 2007 14:40

Bonjour,

Je voudrais juste réagir à ce commentaire, en deux points.

1 - Ramener la différenciation sexuelle à la simple présence d’une paire de chromosomes XY (vs. XX) est déjà une aberration en soi. La détermination du phénotype Homme (vs. du phénotype Femme) est multidéterminée. Si bien qu’il existe des cas d’hommes XX (1 naissance sur 20000) et des femmes XY (une naissance sur 10000). C’est justement ce genre de réductionnisme qui amène au généticisme, et au dogmatisme, dont parle Michael.

2 - Supposer que la présence de chromosomes XX (vs. XY) suffit à expliquer pourquoi les femmes diffèrent des hommes dans leurs comportements sociaux est une autre erreur importante. D’une part, on ne peut pas tirer ce genre de conclusions si on a pas trouvé le moyen de contrôler toutes les autres sources possibles de variations dans le comportement des uns et des autres (l’éducation différenciée, la stigmatisation des unes et des autres, le rôle des médias dans la construction de l’identité sexuelle, etc.) Autant dire que la simple présence d’une paire de XX ne permet pas d’expliquer pourquoi les femmes se comportent de telle manière, et que les hommes se comportent de telle autre. D’autre part, penser que le génome guide notre comportement (c’est à dire, supposer que le contenu de notre cerveau est codé par des gènes ou ensembles de gènes spécifiques), c’est ignorer (peut-être sciemment) les découvertes d’autres sciences telles que la neurobiologie, qui mettent en avant, depuis plusieurs années, la capacité extraordinaire qu’a notre cerveau de se modifier, d’évoluer avec l’environnement (cf. la notion de plasticité cérébrale). Beaucoup de scientifiques ( des vrais, pas que des chercheurs en sciences sociales smiley ) assument que les comportements humains ne peuvent être réduits aux seuls gènes. Je citerais, pour l’exemple, François Jacob (Généticien, membre de l’académie des sciences) :

“ Comme tout organisme vivant, l’être humain est génétiquement programmé, mais programmé pour apprendre. Chez les organismes plus complexes, le programme génétique devient moins contraignant, en ce sens qu’il ne prescrit pas en détail les différents aspects du comportement, mais laisse à l’organisme la possibilité de choix. L’ouverture du programme génétique augmente au cours de l’évolution pour culminer avec l’humanité. ” (François Jacob, Le jeux des possibles, éditions Fayard, 1981)

Jusqu’à présent, la génétique (comme science) a pu montrer sans trop d’ambigüité [1] le rôle des gènes sur certains aspects mécaniques de l’humain (pourquoi 2 bras et pas 3, la couleur des cheveux ou des yeux, etc.) mais, en ce qui concerne son rôle dans l’aspect psychologique de l’humain, c’est une autre paire de manches.

[1] Et encore, même pour l’aspect strictement mécanique, la génétique doit parfois faire appel à l’épigénétique (qui renvoie à des facteurs biologiques déterminant le phénotype, mais qui ne sont pas codés dans les gènes), pour expliquer ce qu’elle ne peut expliquer sur la base des gènes.


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