Pour revenir sur cet article, il faut noter certaines désinformations qu’il contient.
« In the womb, the body of a developing fetus is female by default and becomes male if the male-determining gene known as SRY is present. »
C’est absolument faux, et les recherches récentes montrent que l’humain n’est pas féminin « par défaut » (une sorte de passivité de la différenciation en femme), mais que la différenciation sexuelle est très active dans les 2 sens. De plus, le gène SRY (porté par le chromosome Y) n’est pas le seul impliqué dans cette différenciation, et cette différenciation nécessite probablement plusieurs gènes, portés par différents chromosomes, dont des autosomes.
« Several advances in the last decade have underlined the bizarre fact that the brain is a full-fledged sexual organ, in that the two sexes have profoundly different versions of it. »
Il n’y a rien qui puisse différencier de façon systématique le cerveau des hommes et des femmes dans leur manière de fonctionner. Le cerveau se forme avec l’éducation, si bien qu’il y a autant de différences de fonctionnement entre un homme et une femme, qu’entre 2 hommes ou entre 2 femmes, ou qu’entre un pianiste et un rugbyman, entre une nageuse, et une physicienne.
« Techniques for imaging the brain have begun to show that men and women use their brains in different ways even when doing the same thing. In the case of the amygdala, a pair of organs that helps prioritize memories according to their emotional strength, women use the left amygdala for this purpose but men tend to use the right. »
Cette observation est probablement vraie. Mais elle n’est absolument pas expliquée par la génétique. C’est le fruit d’une éducation différenciée, qui apprends aux femmes à être émotionnelles, et à exprimer ces émotions, et qui apprends aux hommes à être fort, et à ne pas pleurer. Cette différence se retrouverait-elle chez des nouveaux nés d’à peine quelques heures ?
L’hypothèse d’une utilisation différenciée des 2 hémisphères est aussi aujourd’hui remise en cause par les avancées des neurosciences.
En bref, cet article est pour moi un ramassis d’inexactitudes et d’informations erronées qui servent une idéologie particulière. Il y a autant de chercheurs et de recherches que celles citées dans cet article qui viennent contredire ces dernières, seulement, celles-ci n’ont pas été sélectionnées parce qu’elle ne servent pas l’idéologie de l’auteur. De même, il ne faut pas prendre la science comme parole d’évangile, et les « vrais » scientifiques (généticiens, neurobiologistes, ...) sont autant soumis à une certaine idéologie dans l’interprétation de leur résultats que les chercheurs en sciences sociales. La seule différence peut-être serait que l’idéologie majoritaire chez ces derniers est plutôt une idéologie humaniste (de gauche, et encore, pas toujours).
Je vous renvoie aux ouvrages de Catherine Vidal (neurobiologiste, directrice de recherche à l’institut pasteur), pour prendre le contrepied de ce qui est présenté dans cet article du NYT, mais aussi dans des livres comme « Mars et Vénus ».
Bonne journée.
Fabrice