Jour de gloire.
En campagne électorale, toutes les roueries de la démagogie sont possibles pour réussir. Il y a une stratégie très simple qui consiste à séduire et trouver les alliances les plus efficientes mais tout le monde ne peut user des mêmes arguments. La manœuvre est plus facile à droite, plus volontiers soutenue par les puissances d’argent. Le mythe du changement possible de politique est plus qu’attrayant dans un pays qui ne croit plus en rien et surtout pas au désintéressement des élus. Le candidat Sarkosy a su faire passer la « dose d’extasie ». Le mythe du rassemblement est aussi passé si l’on en juge par les ralliements inattendus que l’on pourrait qualifier de « contre nature » qui se sont opérés. Le candidat Sarkosy en a fait le joint, (si j’ose dire). L’espoir ne peut rester longtemps opium du peuple, il va falloir tenir les promesses cette fois, sous peine de replonger la France dans un marasme dont elle ne pourrait plus se remettre. Le Président de la République est débarrassé de l’anxiété de gagner ou perdre. Il a gagné ! On pourrait entendre un meneur de jeu télévisé lui dire : « vous venez de gagner le droit de mener à bien les affaires de la France pendant cinq ans, contrat à durée déterminée pour lequel vous devrez faire vos preuves ». On ne va pas faire un procès d’intentions tant que les intentions ne se seront pas réellement concrétisées ; elles pourraient l’être ; on peut rêver. Notre Président n’est pas le géant Atlas pour porter autant de changements nécessaires sous sa seule responsabilité. « Lourde » est la tâche et ce serait « miracle » qu’elle soit assumée. La cérémonie d’investiture était très réussie. Soit dit en passant, le jet privé de Malte est oublié quand on a vu l’avion marqué : « République Française » emmener le nouveau chef d’état en Allemagne. Je n’ai pas voté pour lui mais pourquoi ne pas prendre de plaisir à voir sa joie et la joie de ses supporters ? Ces derniers semblent se réjouir pour leur leader et pour les idées qu’il porte. Moi je ne me suis réjoui que pour le leader car on pourrait dire, après tout ce qu’il a fait, il n’a pas volé cette course à L’Elysée mais, contrairement à ses partisans, je ne me réjouis pas d’une politique a priori. Notre pays produit toujours une trop grande quantité de fromages pour devenir gouvernable, (dixit De Gaulle). Tout beau, tout nouveau ! C’est au pied du mur que l’on voit le maçon. Le président n’est plus le candidat, il est transfiguré. C’est un candidat métamorphosé en Président de la République. L’homme en un premier temps crée la fonction et voilà que la fonction fait l’homme. La lettre de Guy Moquet lue par une jeune fille, il y avait de quoi écraser furtivement une larme ou faire semblant. Bref ! Nous sommes dans l’euphorie des commencements, nouvelle version d’une campagne électorale à épisodes. Les législatives ne sont pas loin et il se pourrait bien que l’effet dichotomique français mette un bémol à un pouvoir trop grand pour être compatible avec le principe démocratique. Il faut presser ceux qui sont lents et calmer ceux qui vont trop vite. Embaucher des gens de gauche dans le gouvernement, c’est de guerre très subtile. Si tu ne veux pas que ton concurrent te mette des bâtons dans les roues, tu t’en fais un ami ou au moins, tu fais un geste. Alors ? Rassemblement ou manœuvre ? Si nous n’étions pas si près des législatives, je me serais presque laissé séduire. C’est quand on a tout le pouvoir que tout est permis, pas avant. On parle beaucoup d’amour dans cette campagne ; après la publicité, c’est la politique qui s’empare de ce vocable. En publicité ou en politique, ce vocable a toujours été débranché. Méfiez-vous petits électeurs, le plus dur reste à faire, ne vous endormez pas. La démocratie, comme la liberté de la presse, ne s’use que quand on ne s’en sert pas. La presse est déjà passée d’un côté de la balance. Il y a des déséquilibres inquiétants. Quand la démocratie est un pouvoir unilatéral sans alternance, on lui donne le nom de dictature. On peut rêver un jour d’investiture mais reprenons nos esprits, tout est possible, à ce que j’ai entendu dire.