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Commentaire de

sur Faut-il être homophile ?


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22 mai 2007 00:02

Je me demande si l’ensemble de ces commentaires ne révélerait pas simplement, s’il en était besoin, l’amgiguïté du mot « homophobie » et donc de « homophobe » et « homophile ».

J’ai l’impression que les commentaires tournent autour du mot, comme s’ils débattaient en réalité non pas du mot « homophobie » ou de son contenu (contre quoi est-on avec cette journée ?), mais comme s’ils débattaient plutôt de ses connotations (exclusion, respect de l’autre, ouverture, tolérance, guerre et paix...).

Si vous me permettez, M. Bilger, je crois que votre mot « conduite » participe à cette ambiguïté (« il est lassant de s’entendre dicter une conduite qui ne regarde que vous »).

Vous le dites vous-même et sans doute personne ici ne le contredira, ce sont bien les conduites, c’est-à-dire des comportements, des passages à l’acte, des manifestations dolosives, qui peuvent être condamnables s’ils nuisent à la liberté d’autrui.

Mais bon, au-delà de ce détail de vocabulaire, votre lecteur de bonne volonté comprend bien que ce que vous fustigez, ce n’est pas l’interdiction de telle conduite (permettre toutes les conduites est la définition de la barbarie), mais l’interdiction de telle ou telle attitude, au sens de tel ou tel positionnement personnel, en son for intérieur, « en son âme et conscience », ce qui relève au fond de « sa tasse de thé » à soi : vous défendez simplement, me semble t-il, la liberté de penser ce qu’on veut des homos, sans devoir passer une journée à s’entendre expliquer qu’il est inacceptable de ne pas être contre ce qui est contre eux, non pas dans les faits - tout le monde est d’accord - mais dans l’idée qu’on en a.

Que l’efficacité concrète d’une telle journée puisse se discuter, cela semble une évidence, jusqu’à ses possibles contre-effets inclus.

Mais, au vu des commentaires, ne faut-il pas pousser la réflexion plus en amont, en restant sur le terrain des connotations, puisque la défense de la liberté de penser qui socle l’article ne paraît nulle part contredite pour elle-même ?

En posant par exemple la question de l’étonnant courant victimaire dont on voit partout tant de déclinaisons (faites-moi la grâce, les gays, de ne pas me faire dire qu’aucun de vous ne subit rien !).

Ou en posant la question des étonnants besoins identitaires dont on voit partout tant de manifestations : on en vient même à se trouver défini, voire à se définir en face de l’identité de l’autre ! (cf. : « macho »).

Ou encore en posant la question des métamorphoses que subissent les référentiels moraux (au sens strict, la morale = la science des règles de conduite) qui poussent régulièrement à chercher dans la « Nature » un arbitrage ultime, quitte à remythifier le « bon sauvage » cher à Rousseau et aux tenants du « tout est culturel » (et donc pédagogie, éducation, etc), quitte aussi à risquer de finalement nier le droit (c’est-à-dire surtout les devoirs), si les comportements naturalisés deviennent amoraux.

J’aimerais vous proposer une réflexion : ne sommes-nous pas, encore une fois, devant un effet de l’extraordinaire accroissement de la complexité des réseaux d’échanges d’information (le net, la téléphonie mobile) qui a suivi l’extraordinaire accroissement de la vitesse de ces échanges ?

Le brusque foisonnement de tant d’ « autrui » si divers, leur soudaine immédiateté qui ressemble beaucoup à une promiscuité et qui produit facilement un effet d’envahissement, voire de saturation, l’irruption des frontières virtuelles remplaçant les limites de mon état où les lois étaient claires...

Ne seraient-elles pas là, les sources de ces besoins d’afficher qu’on se doit de ne même pas imaginer qu’on pourrait ne pas être contre ce qui est contre tels ou tels (les homos, les femmes, les difficultés des handicapés, les difficultés de ceux qui s’identifient à des ancêtres esclaves, les beurs, les juifs, etc, et si, ami lecteur, tu fais partie d’une ou de plusieurs de ces catégories, fais-moi la grâce de ne pas me faire dire que je les confonds : ce serait mettre en cause mon identité !)

Qu’en pensez-vous ?


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