Ceux qui prennent le récit de Sodome pour condamner l’homosexualité sont dans l’erreur.
La Bible revient souvent sur ce récit et explique ce qu’était son péché. Le prophète Ezéchiel (16,48-49) expose sans détour ce qu’il en est : « Voici quelle fut la faute de Sodome, ta sœur : orgueil, bonne chère et insouciant repos, tel était partage et celui de ses Filles ; mais la main du pauvre et de l’indigent, elle ne fortifiait pas. » Le péché des Sodomites est d’avoir refusé d’accueillir des voyageurs dans le besoin.
Certains veulent voir une allusion à l’homosexualité dans ce passage.
Selon Sagesse 19,13, le péché de Sodome était « une haine de l’étranger par trop cruelle » et le fait de réduire « en servitude des hôtes bienfaisants ». Rappelons que les étrangers, les hôtes, étaient en fait des anges envoyés par Dieu. Réduire « en servitude des hôtes » renvoie peut être à une pratique habituelle à l’époque selon laquelle le maître de maison pouvait disposer librement de ses esclaves à des fins sexuelles. Mais, une fois encore, le crime commis n’est pas d’avoir des relations sexuelles ni même de posséder des esclaves, mais de profiter de la situation pour humilier et abuser des étrangers.
Jésus lui-même mentionne Sodome, pour souligner que les messagers de Dieu ont été rejetés :
« Ces douze, Jésus les envoya (en mission) avec les prescriptions suivantes : « ...En quelque ville ou village que vous entriez, enquérez-vous de qui en cet endroit est digne, et demeurez là jusqu’à ce que vous partiez.....Quant à celui qui ne vous accueillerait pas n’écouterait pas vos paroles, en sortant de cette maison ou de cette ville, secouez la poussière de vos pieds. En vérité je vous le dis : Ce sera plus supportable pour le pays de Sodome et de Gomorrhe, au jour du Jugement, que pour cette ville. »
De quoi parle cet épisode de l’évangile ? Il n’y est pas question de sexe, mais bien de l’accueil détestable fait aux messagers de Dieu. Ce qui est comparable dans l’évangile et le récit de Sodome est la fermeture du cœur qui fait rejeter l’étranger, la malignité qui empêche d’accueillir les messagers de Dieu.
Il existe d’autre référence, moins directes, à Sodome dans les Ecritures : Isaïe 1,10-17 et 3,9, Jérémie 23,14 et Sophonie 2,8-11. La liste des péchés cités dans ces passages est l’injustice, l’oppression, l’iniquité, l’adultère, le mensonge, l’incitation à faire le mal.
Dans cette liste l’adultère est le seul péché de nature sexuelle, et même en ce cas le sexe en tant que tel n’est pas en cause. Dans l’esprit du Testament hébreu, l’adultère n’est ni un outrage fait à une femme ni à l’intimité sexuelle du mariage ni aux préceptes inhérents à la sexualité. Il s’agit d’un outrage à la justice. L’adultère offense l’homme auquel appartient la ou les femmes : c’est un usage abusif de la propriété d’un autre homme.
La Bible prend souvent Sodome comme le pire des péchés, mais il n’y est jamais question de simples comportements sexuels. Et quelle mesquinerie s’il en était ainsi ! Il est encore moins question d’actes homosexuels.
Jésus lui-même prend le péché de Sodome comme étant celui de l’inhospitalité. Les autres passages bibliques sur le sujet tiennent le même langage. Pourtant on continue à citer Sodome pour condamner les personnes gays ou lesbiennes. Lorsqu’on considère le récit de Sodome dans son cadre historique, cette situation ne peut qu’engendrer une amère ironie.... Des gens rejettent et insultent les homosexuels parce qu’ils sont différents, bizarres, étranges. Les homosexuels ne sont pas autorisés à prendre place dans notre société, qui les considère comme des êtres à part, des étrangers. Ils sont reniés par leur famille, séparés de leurs enfants, licenciés de leur emploi, chassés de leur appartement et de leur quartier, insultés par des personnalités en vogue, dénoncés en chaire de vérité, diffamés par les institutions religieuses, et finalement, battus dans les écoles et parfois tués dans les rues ou quartiers. Et tout cela au nom de la religion et de la supposée morale judéo-chrétienne.
Une telle malignité est le péché même dont les habitants de Sodome étaient coupables. Une telle cruauté est précisément ce que le Bible ne cesse de condamner. C’est pourquoi ceux qui, au nom du prétendu « péché de Sodome », oppriment les homosexuels sont peut-être bien les vrais « sodomites », tels que la bible l’entend...