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Commentaire de

sur Faut-il être homophile ?


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23 mai 2007 09:45

La condamnation des actes homogénitaux se trouve dans une section du Lévitique appelée « la loi de sainteté ». Cette liste de préceptes et de châtiments détaille ce qui est requis d’Israël pour rester « saint » aux yeux de Dieu. Selon la loi juive, Israël était le « peuple élu » de Dieu. Israël était lié à Dieu par une alliance, un pacte. Cette alliance exigeait des Israélites qu’ils se montent différents des autres nations. Ils devaient conserver leurs traditions propres. Il ne pouvaient pas se comporter de la même manière que les autres nations. Il leur fallait préserver leur identité religieuse.« Avec l’aide de Dieu » ils avaient vaincu les Cananéens et s’étaient emparés de leur territoire, la « terre promise ». Depuis, ils ne devaient pas frayer avec les gentils. Rester à l’écart des gentils, voila en quoi consistait la « sainteté » _ singularité, différence, élection, consécration. Ils devaient être comme Dieu, imposant, différent, à part. Maintenir sa différence et sa singularité était l’essence même de la sainteté pour les anciens Hébreux. Voici comment débute le chapitre 18 du Lévitique : « Comme on fait en pays d’Egypte ou vous avez habité, vous ne ferez pas ; comme on fait au pays de Canaan ou je vais vous faire entrer, vous ne ferez pas ; leurs ordonnances, vous ne suivrez pas. Ce sont mes règles que vous exécuterez, mes ordonnances que vous observerez et suivrez : je suis Yahvé votre Dieu ! » La religion cananéenne comportait des rites de fertilité, c’est en tout cas ainsi que la présente le Testament hébreu. Ces cérémonies se seraient accompagnées de rites sexuels censés bénir le cycle saisonnier, les récoltes et la reproduction de bétail. Lors de ces rites, les différents membres des familles et des groupes apparentés, étaient censés coucher les uns avec les autres. Les relations sexuelles avec une femme réglée et le sacrifice d’enfants au dieu Moloch sont d’autres pratiques prêtées aux Cananéens par la loi de sainteté. Toutes sont qualifiées d’« abomination » et il est prévu que « tous ceux qui feront l’une quelconque de ces abomination, ces personnes qui les feront seront retranchées du milieu de leur peuple »Lévitique 18,29. C’est dans cette même section de la loi de sainteté qu on trouve l’interdiction des actes homogénitaux entre hommes. Il convient de remarquer que la loi de sainteté du Lévitique prohibe les relations sexuelles entre homme pour motif religieux et non pour des motifs sexuels. Le souci est de maintenir la singularité d’Israel vis-à-vis des gentils. Les relations homogénitales sont interdites parce qu’elles sont associées aux gentils. Elles sont étrangères à l’ordre du monde tel que le conçoivent les Juifs. L’interdiction des rapports sexuels entre hommes n’est mentionnée nulle part ailleurs que dans la loi de sainteté du Lévitique, alors que certains interdits de cette même loi sont repris dans d’autre texte biblique. L’adultère est mentionné dans Lévitique 18,20 et 20,10 et à nouveau dans Exode 20,14, dans Nombres 5,11-31 et dans Deutéronome 5,18 et 22,22-27. L’inceste est mentionné dans Lévitique 18,6-18 et 20,11-12, 14,17 et 19-21, et à nouveau dans Deutéronome 22,30, 27,20 et 22-23. Et la bestialité est mentionnée dans Lévitique 18,23 et 20,15-16 et ensuite dans Exode 22,18 et Deutéronome 27,21. Les motifs d’interdiction des ces fautes sont variables selon les contextes, mais les rapports sexuels entre hommes ne sont prohibés que dans le cadre de la loi de sainteté. Par conséquent, l’unique motif d’interdiction de ces relations est affaire d’impureté et de sainteté. Le raisonnement di Lévitique est religieux, pas éthique ni moral. Autrement dit, on n’y trouve rien qui permette de ranger l’acte sexuel en soi du côté du bien ou du mal. L’objectif est la perpétuation d’une identité juive forte.

Petite comparaison : Il y avait jadis une loi de l’Eglise qui interdisait aux catholiques romains de manger de la viande le vendredi, et aujourd’hui encore, en certains endroits, le même interdit, interprété de façon moins stricte, c’applique durant le carême. Cette loi de l’Eglise était si importante que sa transgression était un péché mortel, censé conduire en enfer. Et pourtant personne ne croyait que manger de la viande était quelque chose de mal en soi. Le péché portait sur un question d’engagement religieux : il fallait se conduire en catholique.

Si on compare l’époque de l’ancien Israël avec la nôtre, les situations sont très différentes. Dans notre culture, sauf circonstances exceptionnelles, les pratiques sexuelles n’ont pas d’incidence sur l’identité religieuse. Aucune pratique, gay ou hétéro, n’entraîne de conséquences religieuses du type de celles que dénonce le Lévitique. C’est pourquoi ce texte n’est d’aucune aide pour décider si les relations gays sont de l’ordre du bien ou du mal. Bien qu’il soit indéniable que le Testament hébreu interdit les relations entre hommes avec pénétration, les raisons de cette interdiction n’ont aucun rapport avec le débat actuel sur l’homosexualité. Qu’est-ce qu’une abomination ? Le texte du Lévitique dit que c’est une « abomination » pour un homme que de coucher avec un autre homme comme avec une femme. Ce mot évoque quelque chose d’abject. Mais qu’est-ce que ce mot signifiait dans la mentalité des anciens Hébreux ? Il n’était pas connoté de facon aussi péjorative dans leur monde que dans le notre. Lévitique 20,25-26 précise le sens de ce qu’il faut entendre par « abomination » :

« Vous distinguerez entre bête pure et impure, entre oiseau impur et pur, et vous ne vous rendrez pas immondes (« ...you shall not bring abomination on yourselfves.... ») par des bêtes, par des oiseaux, par tout ce qui rampe sur le sol, bref, par ce que j’ai distingué pour vous comme impur. Vous serez saints pour moi, car je suis saint, moi, Yahvé, et je vous ai distingués d’entre les peuples pour que vous soyez à moi. »

De toute évidence, « abominable », ou « immonde » est un autre mot pour « impur ». Une « abomination » est une transgression des régles de pureté qui régissaient la société israélite et cultivaient sa singularité vis-à-vis des autres peuples.


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