Votre message est intéressant car il détaille bien le raisonnement classique et largement majoritaire au sein de la francophonie et des universités.
Encore que, comme l’a dit Sophie plus haut, dans l’émission d’avant-hier sur Arte, les interventions reflétant la lutte d’influence anglais-français ont été très applaudies, et que dans le monde universitaire, certains peut-être cachent leur sentiment profond par souci de carrière car il peut-être gênant de devenir une sorte de héraut anti-hégémonie de l’anglais.
Vous décrivez une stratégie actuellement nommée par les médias gagnant-gagnant, et j’ai toujours eu du mal avec cette théorie. On attire les étudiants avec l’anglais, ils prennent goût au roquefort, au vin rouge, à la science et la langue françaises, on est contents ; la langue anglaise rayonne de plus belle en science, les anglophones sont contents. Tout le monde est content, youpi.
J’ai connu des étudiants marocains, algériens, belges wallons, indiens, allemands, libanais, syriens, venus faire leurs études en France, tout ou partie, ils devaient d’abord apprendre le français (ce que certains savaient déjà pour les ressortissants du Maghreb) et faisaient toutes leurs études en France. Une intervenante a cité un parallèle dans l’ex-Urss qui recevait des étudiants de pays amis.
Mais on est là dans un processus bien différent. L’exemple que vous donnez d’un « master » bulgaro-franco-finlandais, faute effectivement de maîtriser ces trois langues, est donc en fait un master européen anglophone, autant appeler les choses par leur nom.
Comme je l’ai écrit ci-dessus, on échange des avantages à court terme (rayonnement de l’Europe dans le monde, contact avec la France, espoir que ces étudiants apprécient et choisissent de poursuivre leurs études de haut niveau chez nous, subventions) contre un « side effect » majeur, le message au monde entier que science et modernité sont anglophones, c’est-à-dire un renforcement considérable de la position de l’anglais en science, donc aussi dans les institutions, renforcement subventionné par l’UE, donc par nous aussi.
« une fois les étudiants des autres continents attirés sur notre territoire par Erasmus Mundus. C’est aussi cela la force de l’Europe, au service de toutes ses langues, et donc de la francophonie. »
Peut-être, moi j’y vois la force de l’Europe au service de l’anglais !
Il me semble que la question est suffisamment importante pour mériter d’être exposée et débattue sur la place publique, c’était le sens de cet article, car les journaux et télés paraissent juger tout ça comme un non-problème puisque le plurilinguisme heureux va tout résoudre en Europe.