Je ne sais pas bien ce qu’il faut penser de toutes ces choses. Il ne faut pas faire preuve d’une lucidité inouïe pour deviner que ça panique chez tous les vieux jetons socialistes (des gens qui ont plus de soixante ans : Kouchner, Lang, Strauss-Kahn, Védrine, qui d’autre ?). Rapide calcul : on a Sarkozy pour dix ans. Donc c’est maintenant ou jamais. Le dernier train avant la mort (politique). Vu sous cet angle, on peut les comprendre. D’autant que cela fait déjà dix ans que ces gens sont dans l’opposition. L’enrobage de ces défections dans « le sens du dialogue », l’ « ouverture d’esprit », l’ « intérêt de la République », qui peut y croire à part ceux qui essayent de s’en persuader ? Prenez un brave couillon d’électeur socialiste (il y en a, dit-on). Le même qui, durant la campagne a entendu les Strauss-Kahn, les Lang, les Fabius et les autres vitupérer contre l’horrible Nicolas Sarkozy (il serait savoureux -je pense que c’est assez facile- de reprendre les déclarations des mêmes appelant sans ménagement aux armes contre la menace que représentait alors l’élection du bonhomme), eh bien imaginez que ce brave couillon soit tombé dans le coma avant le premier tour de la présidentielle et en sorte, le bienheureux, à peine deux mois plus tard. Laissons-le récupérer ses facultés, descendre à la cafétéria de l’hôpital, y acheter le journal. Il le parcourt et il voit Kouchner ministre des affaires étrangères, Fabius pressenti puis finalement Strauss-Kahn proposé président du FMI par Sarkozy, Jack Lang bientôt chargé d’une mission par le même, pour s’en tenir aux plus gros poissons. A votre avis, le couillon fraîchement sorti du coma :
1)se dit « Youpi ! c’est formidable, la France est belle et unie sous l’égide de son nouveau et insurclassable président. J’ai voté socialiste mais, bon, c’était parce que je ne savais pas quoi faire d’autre »
2)demeure incrédule et se dit que Ségolène Royal a finalement été élue après recomptage des voix par le Conseil constitutionnel
3)remonte dans sa chambre, se recouche et en se concentrant de toutes ses forces essaye de retomber dans le coma.
On peut penser que l’éloignement de ces névrosés de la politique va dégager le terrain au sein du parti socialiste. Mais pour quoi y faire ? On peut penser en même temps à l’effet ravageur de ces stratégies pitoyables auprès d’une bonne partie des électeurs de gauche et à l’avenir douteux de ce parti censé les représenter (c’est du reste un peu optimiste : finalement combien ont été réellement scandalisés ?). Strauss-Kahn et Lang ont été candidats à l’investiture par le PS. A ce titre ils prétendaient théoriquement porter un discours expliquant pourquoi il serait néfaste que N. Sarkozy fût élu plutôt qu’eux-mêmes. Il ne manque plus que François Hollande accepte d’être nommé ambassadeur de France en Pologne.