Cher monsieur, je vous remercie pour cette article original et subtil. Rare sont ceux que se préoccupent encore des interactions existant entre le langage et la pensée, et dans ce sens votre remarque sur l’utilisation du vocabulaire militaire dans le domaine économique m’a semblé très pertinente et révélatrice de notre société.
Il est communément admis que la pensée est préalable au langage... Pourtant, le langage contribue à structurer et façonner la pensée élaborée. Certains vont même jusqu’à affirmer que la pensée ne peut exister sans le langage : « Toute pensée qui ne peut pas s’exprimer n’existe pas » Hegel.
Les mots sont des idées... et inversement.
Peut-on en déduire que celui qui parviendra à contrôler le langage pourra contrôler la pensée de tous ? Georges Orwell l’avait bien compris lorsqu’il présentait une société asservie dont on avait supprimé du vocabulaire tous les mots potentiellement dérangeants pour le pouvoir. En appauvrissant le dictionnaire, on appauvrit la pensée, un mot ne signifie jamais exactement la même chose qu’un autre, il n’y a pas de synonymes parfaits, chaque mot a sa propre connotation, sa propre histoire, au delà de son sens dans le contexte donné.
Oui, vous avez raison de souligner que l’invasion du champs lexical militaire dans le domaine civil (et plus particulièrement dans le commerce) est loin d’être innocent.
Tout comme l’utilisation du terrible terme « ressources humaines » au sein des entreprises.